Ce n’est pas
un souhait, encore moins un rêve. Il semble que ce soit une réalité. C’est du
moins ce qu’affirme le Crédoc dans une étude
récente.
Selon
les auteurs de l’étude, « la solidarité envers les plus démunis
n’apparaît plus véritablement comme une idée fédératrice de la société
française ». Cette affirmation est étayée par des chiffres.
Ainsi,
malgré la hausse continue du chômage depuis plusieurs années, les Français
sont de plus en plus nombreux à penser que la plupart des chômeurs pourraient
trouver un emploi s’ils le voulaient vraiment : 64 % ont cette
opinion (+4 points par rapport à 2013). Ensuite, on observe que 44 % des
personnes interrogées considèrent que faire prendre en charge par la
collectivité les familles aux ressources insuffisantes leur enlève tous sens
des responsabilités. Enfin, 37% des Français considèrent que les personnes
qui vivent dans la pauvreté n’ont pas fait d’effort pour s’en sortir. Elles
n’étaient que 25% à défendre ce point de vue en 2009.
Logiques
avec eux-mêmes, les Français mettent en cause les politiques sociales. Pour
76 % des personnes interrogées (+ 9 points par rapport à 2013), il est
parfois plus avantageux de percevoir des minima sociaux que de travailler
avec un bas salaire. Les Français sont également 54 % à estimer que les
pouvoirs publics en font trop ou assez pour les plus démunis, et 53 % à
penser que le RSA incite les gens à s'en contenter et ne pas travailler. Ces
deux derniers taux progressent respectivement de 11 points et de 7 points
entre 2008 et 2014.
Pour les
chercheurs du Crédoc, « après être restée relativement stable entre 1982
et 2009, l’opinion s’est entièrement retournée entre 2008 et 2014 au sujet
des aides à apporter aux familles modestes ». La preuve ? La
proportion de Français qui pensent que les aides aux familles qui ont des
enfants sont suffisantes, progresse de 32 points entre 2009 et 2014, passant
de 31% à 63%.
Les auteurs de
l’étude avancent plusieurs hypothèses pour comprendre ce qu’ils appellent
« le scepticisme croissant des Français quant à l’utilité du maintien du
modèle social dans sa forme actuelle ».
La première
hypothèse est que les Français sont convaincus que les caisses publiques sont
vides et qu’il convient, en conséquence, de reconsidérer les aides sociales.
Elles ne peuvent plus être aussi généreuses que par le passé.
La deuxième
hypothèse est que le manque d’efficacité des politiques sociales saute
maintenant aux yeux de tous. En effet, l’argent dépensé n’a pas fait baisser
le chômage. Ainsi beaucoup pensent que les individus doivent se prendre en
main eux-mêmes. Cela pourrait expliquer, comme vient de le confirmer l’Acoss
(Agence centrale des organismes de sécurité sociale), le franchissement à
l’été 2014, du cap du million d’auto-entreprises actives.
Troisième
hypothèse, les Français sont de plus en plus conscients que trop d’aides
n’incite pas à travailler. Dans une étude
publiée en début d’année 2014, la DREES (Direction de la recherche, des
études, de l'évaluation et des statistiques du ministère des affaires
sociales) remarquait que, depuis 2008, la population est de plus en plus
nombreuse à penser que les allocations familiales et chômage ne doivent plus
bénéficier à tous, mais aux seuls cotisants. Par ailleurs, l’enquête annuelle
du Crédoc « Conditions de vie et aspirations » montre qu’un nombre
croissant de Français (78 %) pensent qu’il convient de privilégier les
aides en nature plutôt que les aides monétaires.
Enfin,
quatrième hypothèse des auteurs de l’étude, la situation financière des
classes moyennes se dégrade de façon continue depuis vingt ans, en particulier
avec l’augmentation des dépenses contraintes. Elles sont ainsi de plus en
plus critiques face à l’inefficacité des politiques sociales et fiscales.
Pour simplifier, elles considèrent payer de plus en plus pour bénéficier de
moins en moins de contreparties.
Pour terminer,
réjouissons-nous du changement d’attitude des Français vis-à-vis des riches.
En 2012, 71 % des personnes interrogées par le Crédoc approuvaient
l’idée qu’il faille prendre aux riches pour donner aux pauvres afin d’établir
la justice sociale. En 2014, le taux n’est plus que de 55 %, soit une
baisse de 16 points depuis deux ans.
Avec l’arrivée
des socialistes au pouvoir en 2012, les prélèvements obligatoires ont
considérablement augmenté. Et les riches n’ont pas été épargnés. Pourtant, la
situation économique de la France ne s’est pas améliorée.
Les Français
sont-ils en train de comprendre que ce n’est pas la solution ?
|