Je crois l’avoir mentionné dans de précédents billets, mais il est parfois nécessaire de le répéter pour bien enfoncer le clou : nous allons tous mourir. Et pour ceux qui veulent vraiment savoir comment, n’imaginez même pas que ce sera suite à une déflation terrible, une hyperinflation carabinée, une crise économique mondiale abominable. Non, rien de tout cela. Nous allons tous mourir, oui, mais de chaud.
C’est dit, c’est écrit, vous le savez, cela a été suffisamment répété et l’année 2015 sera d’ailleurs propice à le rappeler dans tous les médias puisqu’afin de faire oublier ses performances catastrophiques en matière économique, le gouvernement français a tout fait pour (et obtenu que) le prochain grand raout des climato-alarmistes se tienne à Paris, à la fin de l’année. Non seulement, on va donc mourir de chaud, non seulement on va devoir supporter surpopulation et déforestation maousse, non seulement, le peak-oil qui n’en finit pas de ne pas arriver va pointer son nez tout d’un coup, mais en plus, ce sera au milieu des bouchons parisiens dantesques que cette conférence ridicule va inévitablement entraîner.
Vous êtes prévenus.
Rassurez-vous cependant pour ce qui concerne les abominations climatiques : il vous reste encore quelques années avant que la catastrophe soit complète. Cependant, et c’est là que cela devient croustillant, il y a quelques décennies, les mêmes climato-catastrophistes annonçaient déjà que les abominations météorologiques auraient lieu dans quelques années, c’est-à-dire … à présent. Et 2015 était souvent présenté comme une date importante dans ces prédictions qu’il est de bon ton de passer en revue maintenant, histoire de comparer.
Ainsi, l’ONU avait construit de fort jolis modèles climatiques qui prévoyaient tous qu’arrivé 2015, la Terre se serait réchauffée d’au moins un bon degré Fahrenheit (plus d’un demi degré celsius, disons). Las. En ce mois de Janvier 2015, on enregistre officiellement une dix-septième année sans réchauffement. Zut.
Ainsi, le docteur Paul Ehrlich, le président du Center for Conservation Biology à l’université de Stanford aux Etats-Unis, célèbre pour son fameux livre, « La Bombe P » (The Population Bomb) sorti en 1968 et qui prévoyait la catastrophe inévitable due à l’augmentation de la population, écrivait en 1981 un autre livre alarmiste, « Extinction », dans lequel il prévenait que toutes les espèces des forêts tropicales auraient probablement disparu suite aux catastrophes environnementales. À la page 291 de son édition américaine, on peut lire :
« La moitié des populations et des espèces des forêts tropicales humides seront éteintes au début du siècle prochain [dans les années 2000, donc] et auront toutes disparues pour 2025″
Ça fout les miquettes, mais il a cru bon d’ajouter que ses modèles, dans les pires des cas, prévoyaient que l’extinction complète arriverait plus tôt, vers 2010, et que si aucune action n’était tentée, l’humanité ferait face à une catastrophe aussi sérieuse qu’une guerre thermonucléaire complète. Bon. C’est raté, pour le dire gentiment (et c’est tant mieux).
Concernant le pétrole, difficile de ne pas se souvenir des myriades de prédictions affolantes que le siècle précédent et même celui-ci ont produites, et qui aboutissaient toutes à des catastrophes civilisationnelles marquantes à base de Mad Max et autres joyeusetés. Entre les prédictions de Hubbert et celles qui suivirent, on ne manque pas de matière de réflexion voire de rigolade.
D’autant que les réserves prouvées s’établissent actuellement autour de 1500 milliards de barils, ce qui laisse un peu de marge (40 années de consommation courante, environ). Autrement dit, les réserves prouvées ont plus que doublé dans les dernières décennies, et les prévisionnistes devront encore repousser d’autant l’apocalypse civilisationnelle promise, ce qui nous promet encore quelques années de débats houleux où ces derniers montreront surtout que s’ils maîtrisent parfois les techniques pétrolières, ils ont bien du mal à comprendre les réalités, économiques celles-là, qui remettent fondamentalement leur raisonnement en cause.
On pourrait aussi évoquer les prévisions des uns et des autres concernant les glaces arctiques. Nous pouvons revenir sur celles d’Al Gore, Monsieur Prix Nobel, qui insistait pourtant en 2009 qu’au rythme des exactions humaines, on ne s’en sortirait pas indemnes en 2015, comme en témoigne cet article du Huffington Post de décembre 2009. Mais zut alors, la réalité, assez pernicieuse, ne s’est pas pliée au désidératas du nobélisé. On pourrait évoquer aussi le rapport «Yale Environment 360», de 2012, qui disait :
« Peter Wadhams, qui dirige le groupe Physique de l’Océan Polaire à l’université de Cambridge pense que l’Arctique devrait être complètement dégelé avant 2020 et peut-être même dès 2015. »
Au point le plus bas de 2014, les données recueillies montraient que la glace recouvrait environ 4.4 millions km². Oups. Enfin bon, d’ici 2020, il reste encore cinq années de sursis à ce brave homme.
Et à ce petit passage en revue, on doit bien sûr ajouter les pires prédictions du Jour de la Terre (en 1970) qui, toutes, doivent être maintenant passées au crible de la réalité telle que nous avons pu la vivre et nous la vivons actuellement. La comparaison ne laisse guère de doute : les alarmistes ont eu, constamment, tort.
Partant de cette constatation, on se demande bien pourquoi tant de monde continue, obstinément, à les écouter. On se demande aussi, en regardant l’historique assez pitoyable de leurs prévisions et la facture particulièrement salée associée au suivi scrupuleux de leurs recommandations assises, finalement, sur du vent, comment le gouvernement actuel peut-il espérer la moindre crédibilité en ouvrant les portes de Paris à la mascarade climatique dont on va nous rebattre les oreilles pendant les prochains mois.
Si l’on factorise de surcroît la raison évidente (bénéficier du buzz médiatique pour redorer l’image calamiteuse de l’exécutif français), l’ensemble de l’opération s’apparente encore à une fumisterie que le contribuable paiera, en pure perte. Et mon petit doigt (assez fiable questions prévisions, lui) me dit que le buzz engendré ne suffira pas à améliorer le bilan du gouvernement. Bref, un bon gros échec global.
En ces temps incertains où le futur, même s’il est plein d’avenir, est tout de même rudement plus complexe à prédire que le passé, il serait nécessaire que nos élites auto-proclamées admettent que les prévisions à plus d’un an, surtout en matière de climat, sont à prendre en toute humilité, celle livrée avec des grandes pincettes qui évitent de se tacher avec de la grosse incertitude crasse. Malheureusement, comme cette humilité et ces pincettes ont été soigneusement rangées au placard par nos politiciens à l’égo surdimensionné, et comme en plus de cela, ces prévisions ouvrent des perspectives intarissables de pouvoir et fournissent une excuse en acier recyclé à carbone compensé pour accroître ponctions et taxes, on aura droit pour encore un bon moment aux interminables gémissements des pleureuses professionnelles gaïa-compatibles.
Au moins pourra-t-on se réjouir des nombreuses prévisions qu’ils nous fourniront encore et des gamelles qu’ils se prendront donc en conséquence.
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