Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
L’Italie est en proie à la crise. En effet, suite à la faillite de quatre
grandes banques italiennes, la troisième économie de la zone euro est obligée
d’annoncer sa sortie et son retour à la lire… Voilà pour le scénario de
départ.
Phase panique, catastrophe, crash des marchés, tout y passe, tout est
noir, tout est affreux.
Pourtant, il ne doit s’agir ni de rassurer ni de faire peur mais de faire
face !
Et là réside toute la bêtise d’une classe politico-médiatique qui, croyant
bien faire pour « sauver » l’euro, ne fait en réalité que l’enfoncer chaque
jour un peu plus dans l’esprit de citoyens commençant à se sentir pour le
moins excédés par l’absence de décisions, de changements, d’évolution et de
prise en compte de leurs réalités quotidiennes.
Faire face aux problèmes posés par l’euro !
Je suis pour l’euro (dans l’absolu et dans mes rêves) mais je suis contre
dans la réalité. Pas contre parce que l’idée n’est pas belle, l’idée est belle,
mais une idée aussi belle soit-elle doit-être réaliste. L’euro pourrait être
viable sans problème mais cela demande un cadre permettant cette viabilité.
Sans un cadre permettant la viabilité de l’euro alors il est condamné, et sa
mise en place suivie de sa destruction nous apportera bien plus de malheur
que si nous n’avions rien fait ! C’est en leur temps ce que des hommes comme
Seguin ou encore comme J.P Chevènement avait tenté d’expliquer lors du
référendum de Maastricht.
Il y a aujourd’hui deux catégories de gens : les idéologues doctrinaires
défendant l’euro à cor et à cri et les pragmatiques qui ne veulent ni la mort
de l’euro ni sa survie mais qui constatent factuellement son échec et son
impossibilité à poursuivre son existence sans régler ses problèmes de
fabrication.
Je rappelle, pour tous ceux et celles qui ne l’auraient pas encore
compris, que l’euro c’est une monnaie unique sur des économies hétérogènes.
Il n’y a rien à voir entre les structures de l’économie de la Grèce, de la
France, de l’Allemagne et du Portugal… Résultat ? L’euro est super pour
l’Allemagne, mauvais pour la France, catastrophique pour la Grèce.
L’Allemagne bat tous ses records d’excédents et nous, de déficits
commerciaux… Mais ce n’est pas grave si nous mettons en place une union de
transfert.
Qu’est-ce qu’une union de transfert ?
C’est ce qu’il y a en France entre les Parisiens (très riches) qui payent
tout plein d’impôts qui servent à financer les écoles à construire dans le
Gers… Ce n’est pas une critique ! Je suis très fier en tant que citoyen de
participer à l’équilibre économique dans notre pays. En clair, dans une union
de transfert, les sous des uns les plus riches sont transférés vers les
autres les plus pauvres. Vous avez la même chose entre l’Italie du Nord assez
riche et l’Italie du Sud plutôt pauvre ! L’État central répartit les
ressources.
Alors l’équation finalement est assez simple : soit nous allons vers plus
d’Europe et l’Allemagne accepte de payer pour les pays les plus pauvres dans
le cadre de la mise en place d’une vaste union de transfert européenne et à
ce moment-là alors on pourra considérer l’euro éventuellement comme
techniquement viable (bien que les problèmes de conception de l’euro soient
tout de même plus larges et bien plus vastes), soit l’Allemagne refuse de
payer pour les autres, ce qui relève de sa propre liberté et alors l’euro
rien que sur ce point est condamné à l’échec.
Pour le moment, l’Allemagne ne veut pas payer et ne voudra jamais payer
mais personne ne veut le reconnaître car cela obligerait à tirer des
conclusions à savoir que s’il n’y a pas plus d’Europe alors ce sera plus
d’Europe du tout !
Après restent le choix et la volonté politique
Et la question qui vient immédiatement est « veut-on seulement encore
plus d’Europe ? », tout en sachant que l’ensemble des peuples composant
l’Europe refusent désormais d’aller vers plus d’Europe tant cette Europe qui
nous a été construite est la négation des choix démocratiques et un outil
indéniable au service des multinationales, du grand capital, de la grande
finance et aussi de l’idéologie ultralibérale au sens large. Dans cette
Europe-là, aucun peuple n’y trouve son intérêt. Personne n’en veut. Pour
imposer plus d’Europe, il n’y a donc pas d’autre choix que de dépasser la
démocratie, expression pudique pour parler de l’instauration d’une dictature
plus ou moins douce pour imposer en force une Europe détestée et rejetée… à
juste titre par les peuples.
Nous en sommes donc là. Et croyez-moi, au bout du compte ne nous attendent
que de mauvaises solutions et de mauvais choix.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les
révolutions violentes » (JFK)