Pour la directrice de la Réserve
fédérale, Janet Yellen – et une grande majorité d’économistes – la clé de la
croissance économique est un renforcement du marché du travail. La force du
marché du travail est la clé de la solidité de l’économie. C’est du moins ce
que pensent beaucoup. Si c’était vraiment le cas, nous pourrions en conclure
que l’évolution du chômage est un facteur causal important pour la croissance
économique.
Cette manière de voir les choses
est basée sur l’idée qu’une réduction du nombre de personnes sans emploi
signifie que plus de gens peuvent se permettre d’accroître leurs dépenses. En
conséquence, l’économie peut croître.
Nous avons besoin de plus de
capital, et pas nécessairement de plus d’emplois
Le facteur principal de la
croissance économique est la croissance
du capital réel, née de la consommation différée des individus et de la
hausse de la productivité des travailleurs. Répondre au problème du chômage
sans se pencher sur celui du capital ne permet pas de relancer la croissance
économique en tant que telle.
C’est le capital réel qui
finance l’amélioration et l’expansion des infrastructures, c’est-à-dire l’expansion
des biens de capital par tête. L’amélioration et l’expansion des
infrastructures permettent une expansion de la production de produits finis
et de services, qui sont nécessaires au maintien et à l’amélioration de la
vie et du bien-être des individus.
Si le chômage était la clé de la
croissance économique, il aurait été parfaitement sensé de l’éradiquer dès
que possible en générant toutes sortes d’emplois.
Que les individus aient un
emploi n’est pas d’une grande importance, mais il est nécessaire qu’ils
soient employés dans le cadre d’activités qui génèrent du capital. Par
exemple, les législateurs pourraient suivre les conseils de Keynes et de ses disciples,
et employer les gens à creuser des tranchées et dans le cadre de nombreuses
autres activités promues par le gouvernement. Notez que l’objectif serait ici
simplement d’employer autant de gens que possible.
Une simple analyse suffit à
établir qu’une telle politique mènerait rapidement à l’épuisement du capital
réel. Souvenez-vous que chaque activité, qu’elle soit productive ou
non-productive, doit être financée. Lorsque la Fed ou le gouvernement fédéral
tente d’accroître le taux d’emploi au travers de divers programmes de
stimulus, nous pouvons vite en arriver à une expansion des biens de capital redirigés
vers les activités qui ne génèrent pas de capital, et donc à une consommation
du capital plutôt qu’à une croissance économique.
C’est pourquoi employer les
individus dans le cadre de diverses activités qui ne génèrent pas de capital
ne revient à rien de plus qu’au transfert de capital réel depuis les activités
qui génèrent du capital, et mine le processus de création de capital réel.
Le chômage en tant que tel
pourrait être surmonté relativement facilement si le marché du travail était
libre de l’intervention du gouvernement. Au sein d’un marché du travail non-entravé,
tout individu qui chercherait à être employé serait capable de trouver un
emploi adapté à ses aptitudes particulières.
Bien évidemment, si un individu
demande un salaire qui ne correspond pas au marché et n’est pas préparé à se
relocaliser, il n’est pas garanti qu’il puisse trouver un emploi.
Par exemple, si John, boulanger,
peut espérer un salaire de 80.000 dollars par an mais refuse de toucher moins
de 500.000 dollars, il y a de fortes chances qu’il ne trouve pas d’emploi.
Au fil du temps, un marché du
travail libre de l’intervention du gouvernement s’assure à ce que chaque
individu touche un salaire qui correspond à sa contribution à l’ensemble.
Toute déviation de la valeur de cette contribution réelle génère des forces
compétitives correctives.
La clé, c’est le pouvoir d’achat
Ultimement, ce qui a de l’importance
pour le bien-être des individus n’est pas leur situation d’emploi, mais leur
pouvoir d’achat en termes de biens et services.
Si ceux qui travaillent touchent
un salaire qui ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins et à leur
bien-être, que tout le monde soit employé ne fait aucune différence.
Le pouvoir d’achat des individus
dépend de l’infrastructure au sein de laquelle ils opèrent. Plus cette
infrastructure est développée, plus un individu peut générer de production.
Un meilleur niveau de production
signifie qu’un travailleur peut demander un meilleur salaire en termes de pouvoir
d’achat.