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Le résultat du premier test de localisation dans le réacteur n°1 de l’un
des trois coriums de la centrale de Fukushima a mis en évidence qu’il avait
tout simplement disparu, présumé au fond du réacteur sans savoir s’il a ou
non traversé la semelle de béton qui l’isole du sous-sol. Il aura fallu
quatre ans pour arriver à cette conclusion, combien faudra-t-il de temps pour
dire où il se trouve ?
Menée sous la conduite de chercheurs de l’Université de Tsukuba,
l’expérience a fait appel à l’émission de particules à haute énergie appelées
muons, qui ne sont arrêtées dans leur course que par des substances à haute
densité, comme le corium, ce qui permet de produire une image de celui-ci
s’il fait obstacle. Le corium est un amalgame à très haute température et
très haut degré de radioactivité du combustible nucléaire fondu avec ce qui
l’entourait et qu’il rencontre ensuite sur sa trajectoire, après rupture de
la cuve en acier du réacteur. Il doit alors être refroidi en permanence par
des injections d’eau massives dans le réacteur.
L’expérience n’a fait que confirmer ce que des simulations et des calculs
avaient déjà laissé supposer, mais elle pose désormais dans toute son étendue
la problématique de la récupération des trois coriums, la situation devant
être identique au sein des réacteurs n°2 et 3. Pour faire bonne contenance,
un calendrier a été annoncé, selon lequel les travaux d’enlèvement pourraient
débuter en 2020 et durer entre vingt et trente ans. Mais, dans l’état des
connaissances et des technologies disponibles, ces prévisions ne reposent que
sur le besoin d’accréditer l’objectif de démantèlement de la centrale et de
justifier par cette fin heureuse le redémarrage des autres.
Les 48 réacteurs japonais – une fois soustraits les six des deux centrales
jumelles de Fukushima – sont en effet toujours à l’arrêt. Outre ces
dernières, la liste des réacteurs destinés au démantèlement s’allonge, cinq
d’entre eux y sont déjà inscrits. Il a été en effet laissé à leurs opérateurs
le choix entre démantèlement et réalisation d’importants travaux s’ils
veulent bénéficier d’une extension de vingt ans de leur durée d’activité.
Chaque opérateur évalue donc les avantages et inconvénients comparés de la
mise en conformité de ses installations afin de faire son choix, avec comme
conséquence probable de condamner les plus petites unités.
Cela va incidemment permettre de valider le coût du démantèlement, qui a
été sous-estimé pour les besoins de la cause, ainsi que celui du prix de
revient final du kW nucléaire. Mais ces travaux interviendront dans des
centrales à l’arrêt, où le combustible nucléaire n’a pas fondu, ce qui fait
toute la différence avec les trois réacteurs sinistrés de Fukushima. Or, le
véritable coût du nucléaire doit être calculé globalement, avant d’être
rapporté à la production d’un kW, incluant celui des catastrophes qu’il
suscite, tout compris, ainsi que celui du coût de stockage des déchets, pour
ne pas rappeler tous les coûts de recherche initialement pris en charge par
l’État. Le coût de l’électronucléaire a toujours été politique, comme tout ce
qui touche à cette industrie, afin d’en justifier le financement.
Celle-ci s’achemine vers la vieillesse. Afin de reculer le moment de
vérité, il est tenté de prolonger la durée de vie des centrales en
fonctionnement, mais le moment où le trait de l’addition va devoir être tiré
ne pourra plus longtemps être repoussé. En attendant, on reconnait bien là
l’une des constantes de l’action politique quand elle est au bout du rouleau.
Les débats sur la transition énergétique qui s’engagent en France, la patrie
du tout-nucléaire, n’incitent pas à l’optimisme. Pour commencer, il va
falloir financer les 4,9 milliards d’euros de perte d’Areva à fin 2014, ce
symbole d’une gestion irresponsable et du laissez-faire d’un État composante
déterminante du lobby nucléaire (au Japon, on appelle celui-ci « le village
nucléaire » pour illustrer l’étroit voisinage de ses membres). Il
sera tenté de se prémunir de cette charge complémentaire grâce à un
montage financier alambiqué faisant supporter les pertes par EDF, avec
d’inévitables répercussions sur le prix de l’électricité.
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