Nous sommes le premier avril, sous un gouvernement de petits farceurs. Vous êtes prévenus.
Tenez, le diesel par exemple.
Il est entendu qu’avec sa moindre taxation par rapport à l’essence, l’État a clairement indiqué ce qu’il attendait des consommateurs. Enfin, par moindre taxation, il faut bien comprendre que si l’essence est tabassé comme plâtre par des accises inouïes et quasiment laissé pour mort sur un trottoir de banlieue, le diesel n’aura qu’une série limité de petits coups de lattes bien appuyés fiscalement ne le laissant paralysé que des jambes. Mais l’idée est là : pendant des décennies, les pouvoirs publics ont choisi d’inciter les automobilistes à rouler en cramant ce résidu de pétrole-ci plutôt que cette essence-là, même si, du reste, il est bien plus facile d’assurer une combustion complète de l’essence que du diesel.
Quelques décennies plus tard, en toute bonne logique, le parc automobile s’est donc largement adapté et comprend majoritairement des moteurs diesel. Ce qui ne va pas sans poser quelques soucis puisque les capacités de raffinages françaises sont majoritairement tournées vers l’essence, de moins en moins consommé en part relative alors que le diesel, pas raffiné chez nous, est donc importé (à nos frais).
Parallèlement à la bonne pénétration du diesel dans nos habitudes de consommation, la société française a aussi laissé entrer chez elle les petites hystéries écologiques parmi lesquelles l’absolue nécessité de respirer un air plus pur, micrométriquement puis nanométriquement pur, contrôlé par des organismes toujours plus pointilleux et des politiciens toujours plus avides de récolter l’une ou l’autre voix lui permettant de perdurer dans son gros fauteuil républicain aussi mou que confortable.
Stupeur ! À mesure que les grosses autos crament de plus en plus de diesel, les petites particules, pourtant de plus en plus petites, se font plus nombreuses. Exaspération ! Alors que tout est fait pour dépolluer les atmosphères de nos grandes villes, le méchant diesel s’installe et vient tuer des milliers de personnes tous les ans, si, si, c’est sûr, c’est dans les petits chiffres de l’OMS ou d’Airparif ou peu importe, ça tue par brouettées entières (chatons mignons compris !).
Vite, il faut faire quelque chose ! Par exemple, on pourrait interdire les feux de cheminée pardon non avant on pourrait interdire les autos dans les villes. On pourrait aussi interdire les camions et les gros engins qui polluent. Oh, oh, j’ai mieux que ça : on pourrait commencer par coller des vignettes et des taxes sur les véhicules, en fonction de leur âge, de leur production d’un gaz sans rapport avec la pollution, mettons le CO2. Et puis on pourrait ensuite recommencer à taxer le diesel comme avant l’essence, histoire de remettre l’un au même niveau que l’autre.
Bon, bien sûr, on se rendrait compte que ce sont finalement les véhicules français qui subissent le contrecoup de ce genre de conneries ces bonnes idées, mais ce n’est pas grave parce que la France va bien, va fort même et que ses petits véhicules qui crament du diesel et rejettent des PM10, des PM5 et des PM2.5 par grosses volutes puantes se vendent comme des petits pains à l’étranger.
Hum.
Mais enfin, parce que tout ceci est tout de même un peu gênant, et que derrière la production de moteurs diesel, il y a aussi de l’emploi, on va adoucir un peu tout ça. Et puis zut, au diable la cohérence : on va même aller voir l’usine de Trémery (en Lorraine), et comme on est Président de la République, on va défendre le moteur diesel à tout prix, par exemple en sortant avec une bonne louche de « heu… » et d’hésitations finement introduites :
« Je veux souligner que les moteurs diesels aussi, les plus récents, sont les plus performants en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. C’est très important de le dire parce que nous devons à la fois diversifier – c’est le sens de l’installation ici d’une ligne de moteurs à essence –, mais nous devons aussi défendre le moteur diesel de haute performance qui est produit ici. »
Je résume : le diesel n’est pas raffiné en France, le diesel est peu utilisé dans nos voitures, alors l’État le favorise, puis le diesel pue, le diesel produirait des particules nocives pour la santé, alors le diesel tombe en disgrâce, mais la vente des moteurs diesel marque une pause et donc le président intervient pour louer la bonne idée que constitue ces moteurs parce que, … parce que bon.
Tout ceci est d’une cohérence implacable. Et puisqu’on est dans la cohérence, c’est le moment où jamais d’introduire le sujet de la prostitution.
En France, jusqu’en 2003, la prostitution était autorisée. Depuis, elle l’est toujours, mais pas pareil. Entre temps, il s’est passé quelques trucs.
Ainsi, cette année-là, profitant d’une loi Sécurité Intérieure qui n’avait a priori pas grand chose à voir, le gouvernement invente le délit de racolage passif, qui serait le fait de procéder à du racolage par accident, par inadvertance, sur un malentendu, ou avec des promesses électorales populistes dénuées de tout fondement (la promesse à cul plat, la plus dangereuse). À partir de là, comme savent si bien le faire les systèmes législatifs laissés en roue libre dans les mains de petits enfants irresponsables à qui on a laissé le carnet de chèque, les choses vont rapidement dégénérer.
Nos députés, lâchant complètement les élastiques, décideront un peu plus tard de laisser tomber ce racolage passif, mais de pénaliser le client, tout en conservant la prostitution légale. Sauf à inventer ensuite le concept de prostitution gratuite, qui ressemblerait à beaucoup de choses sauf, précisément, à de la prostitution, on commence à comprendre que la plus vieille profession du monde (après celle, nettement moins noble, de politicien) allait expérimenter de troubles effets adverses. À cela, il faut ajouter la définition maintenant XXL de proxénétisme (qui devient donc du proxxlénétisme) qui inclut le prestataire de service informatique fournissant un site web pour la belle de nuit — mais pas encore son boulanger — et on comprend qu’exercer ce métier devient rigoureusement impossible en France dans le cadre des lois officielles.
Rassurez-vous, la situation, déjà particulièrement rock’n’valse (un mélange subtil de rock et de valse viennoise lente), va brusquement se compliquer. Il faut pour cela remercier les interventions musclées des habituelles pasionarias de la cause féminine qui, en ouvrant leur caquet à peu près n’importe comment pour dire à peu près n’importe quoi auront rapidement cristallisé les esprits sur des envies de fessées pas du tout démocratiques. Les Sénateurs, le bourrichon tout remonté, se seront donc empressés de flanquer quelques modifications pas piquées des hannetons sur un projet de lutte « contre le système prostitutionnel » adopté par l’Assemblée nationale en décembre 2013, qui rendent l’ensemble tout de suite plus lisible : fini la pénalisation du client, mais remettez-nous une dose de délit de racolage passif, pour faire bonne mesure.
Le pataquès qui s’ensuit est sans grand intérêt puisqu’il implique inévitablement des ministres qui agitent les bras au ciel en racontant des bêtises, avec des gros bouts de mélange de concepts comme par exemple « Le droit des femmes, c’est le droit à disposer de son corps, ce n’est pas le droit de se servir des femmes, d’utiliser les femmes comme on le souhaite », dont la signification profonde laissera sans aucun doute perplexe des cohortes entières de logiciens dans les générations à venir.
Il n’en reste pas moins qu’on ne comprend plus rien de ce qu’il convient de faire ou pas dans ce pays.
Acheter du diesel est-il une bonne ou une mauvaise chose ? La prostitution est-elle toujours autorisée ? Certaines ministres « féministes » ont-elles bien conscience de l’énorme contre-productivité de leurs agitations, à l’instar d’un gouvernement et/ou d’un président (selon le point de vue) lorsqu’ils s’expriment sur des produits pétroliers ? L’État va-t-il arrêter une fois pour toutes de fourrer ses doigts et ses lois entre les individus en provoquant des catastrophes sociales et sanitaires de tous les côtés ?
Nous sommes le premier avril, sous un gouvernement de petits farceurs, certes. Mais les Français méritent-ils vraiment ça ?
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