Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Bon, je suis désolé mes chers amis, mais je n’ai pas pu résister à l’envie irrépressible de dire à ma femme (pour qui la croissance américaine est en train de nous sauver, ainsi que l’euro bas et le pétrole pas cher) que c’est bien Bibi qui avait encore raison…
Eh oui… « Je vous l’avais bien dit !! ». Hooo rassurez-vous, personne n’ose encore parler de récession américaine, pourtant on s’en rapproche bigrement.
Tout d’abord, petit rappel sur la version officielle de la formule de la croissance magique
Pour mémoire, souvenez-vous du raisonnement officiel. Grâce à des taux bas, des injections monétaires massives de la FED (les QE), un prix du pétrole au plus bas qui redonne du pouvoir d’achat aux ménages américains, alors la croissance est de retour, et elle sera forcément de plus en plus forte. Elle va ensuite tirer la croissance mondiale et nous serons tous sauvés des eaux… Youpi et tralala !!
Sauf que rien de tout cela ne se passe et c’est assez logique. La population vieillit… Nous sommes donc dans un « choc » démographique qui est en réalité profondément inflationniste. À cela s’ajoute le poids des gains de productivité liée aux technologies et le poids des délocalisations-mondialisations-globalisations qui fait perdre des usines et des emplois pour en ouvrir certaines là-bas et en remplacer d’autres par des robots. Du coup, les salaires baissent tout simplement, comme le montre ce graphique que vient de publier notre ami Charles Gave – dont je ne partage pas toutes les thèses libérales, ce qui ne l’empêche pas de faire un travail remarquable qu’il est utile de suivre.
Comme vous le voyez il est au plus bas depuis 20 ans. Rien que ça !
Le pétrole peu cher n’a pas non plus aidé à relancer ni la consommation, ni l’investissement, ni l’emploi. Encore une fois, c’est normal. Le taux de chômage est bien plus élevé que ce que l’on veut bien dire et vous savez à quel point la participation à la population active a reculé aux USA.
Alors face à cette énorme croissance (grand rire), la FED devait relever ses taux d’intérêt… Oui, figurez-vous que l’on redoute la surchauffe économique (re grand rire). On en est évidemment très loin, bien loin, trop loin et ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme sur le retour de la récession et la « fin » de cycle américaine qui se profilait !
USA : la croissance perdure mais le dollar fort pèse, dit la FED
C’est une dépêche très « subversive » de l’agence de presse Reuters reprise par le non moins subversif site des Échos qui marchent sur des œufs en essayant de nous expliquer que le ralentissement de la croissance américaine n’est pas inquiétant…
Donc on commence par du positif, il faut être positif, hein, les amis !!
« L’activité économique a continué de progresser aux États-Unis de mi-février à fin mars mais la vigueur du dollar et la faiblesse des cours du pétrole pèsent sur le secteur manufacturier, a déclaré mercredi la Réserve fédérale. »
Tiens, c’est pas moi qui le dit c’est la FED pour qui la baisse du pétrole, finalement, n’est pas une si bonne nouvelle que cela… Et encore, on ne parle pas, pour le moment, des 5 400 milliards de dollars de crédits faits à l’industrie moribonde du gaz de schiste US… Ça va être saignant dans les prochains mois.
« Dans son Livre beige, rapport sur la conjoncture rédigé sur la base des informations transmises par l’ensemble des grands districts de la FED, la banque centrale rapporte que la plupart de ses agences régionales ont fait état d’une croissance progressant à un rythme « modéré » ou « modeste… »
On peut traduire cela par un ralentissement constant de la hausse de la croissance qui n’a jamais existé… Enfin, si, mais uniquement parce que pour faire 1 dollar de croissance nouvelle, la banque centrale ou l’État fédéral (au choix) font en moyenne 4 dollars de nouvelle dette… Sauf qu’avec un ratio de 1 pour 4… on va 4 fois plus vite dans le mur ou dans le fossé, selon votre goût.
« La demande pour les produits manufacturés a été mitigée au cours de la période étudiée. L’affaiblissement de l’activité a été imputé en partie au dollar fort, à des cours du pétrole en baisse et à des conditions météorologiques hivernales difficiles… » Heureusement que la météo a été mauvaise car en hiver, il fait froid et l’été, il fait chaud. C’est comme ça depuis la nuit des temps… Bon, remarquez, cette fois-ci ils y vont mollement sur la météo, c’est moins grossier que l’année dernière.
« Ce rapport évoque des tendances déjà apparues dans certains indicateurs macroéconomiques. Il signale une baisse de l’investissement dans le forage pétrolier et gazier et relève que des suppressions d’emplois ont en conséquence été signalées dans de multiples districts… »
Et en plus le chômage, qui n’a jamais baissé, repart lui aussi à la hausse…
USA : l’indice Empire State en territoire négatif
Jacques Chirac disait que les « emmerdes ça volent en escadrille »… C’est évidemment vrai, peut-être empirique mais nous l’avons tous constaté.
C’est ainsi que cette information reprise par CercleFinance.com (un truc de finance vachement subversif lui aussi) nous apprend que « l’indice ‘Empire State’ de la FED de New York est ressorti à -1,2 point au titre du mois en cours, à comparer à +6,9 points en mars et alors que les économistes tablaient a contrario sur une légère progression autour de 7,3 points »…
Bon, pour la faire courte… Ça pue méchamment côté prévision de croissance à venir chez nos grands zamis les Ricains.
Ah oui petite précision utile… « L’indice ‘Empire State’ est un indicateur avancé censé fournir une tendance des conditions de l’activité industrielle dans l’ensemble des États-Unis.
En baisse par rapport au mois précédent, il est de surcroît désormais inférieur à zéro, ce qui témoigne d’un ralentissement de l’activité du secteur manufacturier. »
Conclusion…
Il n’y a pas de reprise aux USA autonome, forte et durable. Il n’y a eu que les effets de nouvelles dettes et d’injection de fausse monnaie dans le circuit économique. Maintenant que la FED a cessé ses injections monétaires (officiellement), l’économie reprend sa pente déflationniste naturelle. C’est donc logiquement que nous allons voir les USA retourner en récession.
Ceci est très grave dans tous les cas et voilà ce qu’il va se passer. Les Américains ne font rien. Alors l’économie s’effondrera dans un immense fracas et toutes les mégabulles que nous avons créées nous exploserons à la figure avec des conséquences assez cataclysmiques (pensez à vos boîtes de raviolis).
Soit les autorités monétaires interviennent massivement en injectant des tombereaux d’argent fraîchement imprimé, et nous ferons un pas de plus vers l’hyperinflation et le QE n°4 qui est sans doute la solution qui, au bout du compte, sera retenue.
Dans tous les cas, ce qui se passera sera excellent pour l’or et l’argent, et nettement moins bon pour les peuples…
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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