La réputation des
banques centrales à l’échelle globale est en sursis.
La reprise économique
dont on nous parle maintenant depuis 2009 repose sur la capacité des banques
centrales à régner sur l’effondrement.
La première vague d’interventions
(de 2007 à 2009) a été lancée en le nom du sauvetage du système. La deuxième
vague (2010-2012) a été lancée parce qu’on pensait alors que la première n’avait
pas suffi à relancer le monde dans la direction d’une reprise durable.
Mais à partir de 2012,
tout a changé. Les banques centrales se sont complètement abandonnées à la
folie keynésienne qu’elles avaient commencé à adopter en 2008. Les programmes
de QE ont cessé d’avoir des dates de fin. Et les termes « durée
indéterminée » et « tout le nécessaire » ont commencé à
apparaître dans les bouches des banquiers centraux.
Mais la folie allait
plus loin encore. Il est une chose d’avoir recours à de fausses promesses
pour se frayer un passage au travers de la plus faible reprise économique
enregistrée en plus de 80 ans ; mais il en est une autre de parier la
solvabilité d’une nation et d’attendre de voir ce qui se passera.
En 2013, la Banque du
Japon a lancé un programme de QE qui représentait 25% du PIB de son pays. C’est
quelque chose que nous n’avions encore jamais vu. Jamais auparavant un pays n’avait
dépensé tant d’argent par rapport à la taille de son économie – et en si peu
de temps. Les résultats n’en ont pas été satisfaisants : quelques
trimestres de croissance économique accrue couplée à une réduction des
dépenses des ménages et d’une hausse de l’indice de misère et de l’inflation.
C’était le début de la
fin. Le Japon est passé très près de faire s’effondrer son marché des
obligations suite au lancement de ce programme (les fusibles ont sauté plusieurs
fois en une seule semaine). Il a toutefois fallu attendre 2014 pour que le
système perdre complètement les pédales.
Je fais bien entendu
référence à la décision de la Banque du Japon d’élargir son programme de QE
déjà trop important, non pas pour le bénéfice de son pays, mais pour que les
prévisions des économistes puissent correspondre aux objectifs d’inflation de
Kuroda.
C’est à ce moment-là que
les banques centrales ont cessé de prétendre que leurs actions et politiques
avaient pour objectif le bien public et la stabilité. Tout n’était alors plus
question que de forcer la réalité à correspondre aux théories et aux
prévisions des banquiers centraux. Si la réalité n’a pas réagi comme prévu,
ce n’est pas parce que ces théories étaient erronées… mais parce que les
banquiers centraux n’avaient pas gardé le doigt appuyé suffisamment longtemps
sur le bouton « imprimer ».
C’est à ce moment-là que
le système financier a été mis irrévocablement hors d’usage. Nous n’en avons
simplement pas encore ressenti les conséquences.
Du moins pas avant le
mois de janvier 2014, au cours duquel la Banque nationale suisse a perdu le
contrôle, brisé ses promesses et l’arrimage de sa devise, et perdu entre 10
et 15% du PIB suisse en moins d’une journée. Certains problèmes sont si
importants que la capacité de création monétaire ne suffit pas à les régler.
Une banque centrale a
perdu le contrôle. Et ce ne sera pas un évènement isolé. Les banques
centrales du monde sont aujourd’hui endettées à hauteur de 50 pour un. Les
entités chargées du soutien de notre système financier insolvable sont
elles-mêmes insolvables.
La grande crise, celle
qui verra s’effondrer des nations entières, a commencé. Il lui faudra plus de
quelques semaines pour s’installer. Ce genre de crise peut prendre des mois à
se faire ressentir. Mais elle a commencé.
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