Dans ses efforts de rendre l’achat de bijoux en or plus
transparent et de rediriger la demande en or physique vers des alternatives papier
pour empêcher que du métal soit utilisé pour dissimuler des milliards de
dollars d’argent noir non déclaré, le gouvernement indien se heurte à une
opposition importante.
Selon le secteur de la bijouterie, le projet du gouvernement
de Narendra Modi qui vise à contrôler les achats d’or ne pourra pas
fonctionner, et manquera de dissuader ceux qui détiennent de l’argent noir et
les centaines de millions de personnes qui échappent au filet fiscal à
acheter de l’or en vue de conserver leur capital hors de l’emprise du
gouvernement. Si la proposition échouait, les flux entrants d’or se
maintiendraient, dans un pays qui représente déjà un cinquième de la demande
globale en or, et malgré les efforts de Modi de mettre en place une nouvelle
classe d’actifs attrayante pour les investisseurs et les épargnants.
Pour contrôler les achats les plus importants, la réunion
budgétaire de cette année en est arrivée à la conclusion qu’à compter du
premier juin, les acheteurs d’or auraient à déclarer leur numéro de contribuable
ou leur numéro de compte pour tout achat supérieur à 100.000 roupies (1.580
dollars). Mais les bijoutiers – qui ont pour beaucoup voté pour Modi – ont
protesté, ce qui a quelque peu retardé la mise en place de cette nouvelle
règulation.
Un sondage mené par Reuters auprès d’une douzaine de
bijoutiers en est arrivé à la conclusion que l’argent noir génère près d’un
quart de la demande en or annuelle, qui atteint quelques 900 tonnes et a une
valeur estimée à 34 milliards de dollars aux prix actuels.
Deux tiers de la demande en or proviennent des régions
rurales, où les bijoux sont un outil traditionnel de préservation de capital.
Sous le gouvernement de Modi, l’Inde a ouvert 160 millions de nouveaux
comptes en banque, mais la moitié reste dormante, ce qui laisse supposer que
les vieilles habitudes ont du mal à se perdre.
Pour tenter de diversifier la demande annuelle en pièces et
barres d’or, estimée à 300 tonnes de métal, le gouvernement prévoit aussi
l’émission d’obligations rattachées au prix de l’or.
Ce n’est cependant pas une solution intéressante pour ceux qui
disposent de capital non-déclaré.
Avant même que la nouvelle loi ne soit mise en place, les
bijoutiers ont déjà trouvé des moyens de la contourner. Ils peuvent par
exemple imprimer une série de factures plus petites ou rédiger des factures
informelles.
Toute régulation mal conçue peut avoir des conséquences
inattendues, comme nous avons pu le voir après l’établissement d’une taxe
d’importation de 10% sur l’or en 2013.
|