La déflation est de
retour à l’avant-scène, et elle finira par détruire la planification centrale
et les manipulations de marché minutieuses de ces six dernières années.
Des signaux provenant de
la périphérie nous indiquent qu’une impulsion déflationniste destructrice a
été libérée. L’effondrement du prix des marchandises confirme cette idée.
Des groupes entiers d’entreprises
impliquées sur le secteur minier et de l’énergie sont sur le point d’être
détruits. Et les nations productrices de ressources comme le Canada, l’Australie
et le Brésil feront bientôt face à de lourdes difficultés.
Reste encore à voir si les
banques centrales parviendront à maintenir leurs marchés des actions et
obligations au cours de la prochaine étape du cycle. Il ne fait aucun doute
qu’elles feront tout leur possible pour y parvenir. Elles n’hésiteront pas à
utiliser tous les outils disponibles pour maintenir le statu quo aussi
longtemps que possible.
Que la Banque de Chine
intervienne sur le marché pour acheter 10% des parts des plus grosses
corporations chinoises en quelques semaines, que la Banque du Japon devienne
le propriétaire principal des ETF clés des marchés japonais, ou que la Banque
nationale suisse achète 100 milliards de dollars d’actions globales, le même
désespoir sera visible partout. Les prix des actions sont soutenus, bloqués
et forcés à la hausse sans que personne ne se soucie des risques ou des
répercussions que cela pourra avoir.
Pourquoi les Hommes
n’ont-ils jamais auparavant tenté d’imprimer leur chemin vers la prospérité ?
C’est là tout le
problème. Ils l’ont déjà fait.
Et c’est une décision
qui ne s’est toujours terminée que sur un désastre. L’Histoire nous montre
que la loi inviolable de l’économie est la suivante : il n’existe
rien de tel qu’un repas gratuit.
Malheureusement, nos
législateurs font de leur mieux pour ignorer cette vérité.
D’abord,
la chute
Comment la situation
progressera-t-elle ?
J’ai toujours été un
adepte de la théorie Ka-Poom d’Eric Janzen, que j’ai précédemment
expliqué ainsi :
L’un des modèles
futuristes que je préfère est la théorie Ka-Poom, développée par Erik Janzen,
de chez iTulip, en 1999.
Elle explique que la fin
d’une bulle commence par un évènement déflationniste soudain (Ka), et se
termine par une explosion inflationniste (Poom).
C’est un double coup de
poing. D’abord vers le bas, puis vers le haut.
La déflation est
expliquée par le fait que les bulles finissent toujours par éclater. Dès leur
création, elles sont à la recherche d’une épingle.
La logique qui explique
la réaction inflationniste secondaire est que les banques centrales répondent
toujours à la déflation par l’impression monétaire. Ironiquement, c’est une
tentative désespérée d’enrayer les dommages causés par leurs efforts de
création monétaire précédents.
Elles ne tirent jamais
de leçons de quoi que ce soit.
C’est
ce que nous observons aujourd’hui : un effondrement déflationniste
suffisamment puissant pour forcer les banques centrales à ouvrir les valves
monétaires. La prochaine fois, elles chercheront peut-être à engraisser l’économie
en distribuant directement de l’argent aux gens et aux institutions
non-bancaires.
Selon
moi, l’effondrement déflationniste a déjà commencé. Nos marchés boursiers ne
semblent pourtant pas encore avoir reçu le mémo.
C’est donc ainsi que se
passeront les choses : les prix baisseront (Ka), puis ils flamberont
(Poom). Quelques années plus tard, lorsque tout sera terminé, un certain
nombre de devises globales (yen, euro, bolivar, real, peso et peut-être même
roupie) se retrouveront endommagées, ou auront complètement disparu de la
circulation.
Des rêves seront
anéantis. Et ceux ne seront ni mentalement ni émotionnellement préparés auront
de grosses difficultés à s’ajuster.
Cette implosion devra se
produire. Elle est la conséquence mathématique des graves erreurs commises
par les banques centrales et les agences des gouvernements, qui ont confondu
la faible volatilité et les gains de la phase vertueuse du cycle de création
monétaire avec un succès véritable.
Encouragées par leur
bonne fortune, elles ont encore et encore redoublé d’efforts. Bien entendu,
leurs exercices ont produit des résultats de moins en moins satisfaisants.
Mais elles se sont contentées d’ignorer les graphiques tels que celui-ci-dessous,
qui en dira long à tous ceux qui prendront le temps d’y réfléchir :
(Source)
Selon ce graphique,
entre 1947 et 1952, alors que la classe moyenne était en pleine expansion,
chaque nouveau dollar de dette faisait gonfler le PIB de 4,61 dollars.
Aujourd’hui, ce nombre est passé à 0,08 dollars. Nous pourrions aussi dire qu’il
faut 12,50 dollars de nouvelle dette pour faire gonfler le PIB d’un dollar.
C’est évidemment une
tendance insoutenable. Et quelle a été la réponse des banques centrales ?
Elles ont bien sûr encouragé un endettement accru. Nous avons besoin de plus
de PIB, disent-elles. Et la génération de crédit est essentielle à ce
processus.
Qu’est-ce qu’un banquier
aurait pu dire d’autre ? Notez que les banques centrales restent muettes
lorsqu’il en vient à se pencher sur des sujets tels que le rôle de la dette
dans le mal-investissement, sans parler de l’importance de l’énergie et de l’écologie
fonctionnelle pour l’expérience humaine.
Les planificateurs
centraux ont énormément de pouvoir en raison de leur accès à et de l’usage qu’elles
font de la presse à imprimer. Mais leurs connaissances du monde réel sont
horriblement immatures, sinon complètement fausses.
De l’extérieur
vers l’intérieur
Les problèmes se
développent généralement à l’extérieur pour se déplacer vers le centre. Les éléments
les plus faibles de la périphérie souffrent les premiers, et les éléments les
plus forts sont affectés les derniers. La Grèce est affectée avant l’Espagne,
et l’Espagne avant la France. Les pauvres avant la classe moyenne, et la
classe moyenne avant les riches.
Nous pouvons voir que ce
processus est aujourd’hui en cours de développement, et qu’il ne fait plus qu’accélérer.
Le
Mexique
En janvier 2015, le peso
mexicain, affecté par la chute des revenus pétroliers, a franchi le palier 15
pour un contre le dollar pour la première fois depuis la crise de 2009. Il
est désormais de 16,12 pour un.
(Source)
Brésil
Le real brésilien a
quant à lui perdu 45% face au dollar au cours de ces douze derniers mois :
(Source)
Un real brésilien qui
valait 45 cents il y a un an vaut désormais 30 cents. Tous les hedge funds
qui ont tenté de s’enrichir en profitant des rendements de 12,5% offerts par
les obligations brésiliennes sur dix ans se sont brûlé les doigts en conséquence
de l’effondrement du taux de change.
Pourquoi le Brésil s’effondre-t-il
ainsi ? En raison d’un certain nombre de problèmes : scandales de
corruption, perspectives commerciales médiocres (à mesure que s’effondrent
les marchandises), et risque politique accru. Mais le plus important est la
croissance économique « miracle » qui vient de foncer droit dans le
mur.
Porto
Rico
De la même manière,
Porto Rico fait face à de gros problèmes financiers. De lourdes réductions
attendent les investisseurs sur les obligations portoricaines et – comme en
Grèce – la population du pays fait face à des années de déboires économiques :
Plus de la moitié des
fonds d’obligations municipales ont investi sur les obligations portoricaines
exemptes d’impôts, malgré le fait que l’île ensoleillée des Caraïbes soit
économiquement une cause désespérée. Sa dette municipale de 72 milliard de
dollars représente un total de 30.000 dollars pour chacun des résidents du pays,
près de trois fois le salaire moyen annuel par habitant. Le ratio dette/PIB
de Porto Rico est près de trois fois plus important que celui de n’importe
quel autre Etat ou territoire des Etats-Unis. L’économie de l’île est en
récession depuis maintenant neuf ans.
(Source)
Comment une si petite
nation peut-elle emprunter trois fois le salaire moyen par habitant ? Il
se trouve que ce soit tâche facile dans l’environnement de liquidité
abondante et gratuite généré par la Fed. Il y a seulement un an, ces
rendements ont poussé les investisseurs (ou plus spécifiquement les
spéculateurs) à placer des enchères de 16 milliards de dollars pour 3,5 milliards de
dollars d’obligations municipales portoricaines.
Venezuela
Le Venezuela est dans
une situation plus catastrophique encore. Il est si proche de la ruine
financière qu’il sera sans aucun doute la prochaine victime de l’hyperinflation.
L’inflation au
Venezuela, signe de défaut imminent
16 juillet 2015
Le Venezuela est sur le
point de gagner une autre distinction humiliante.
Ayant longtemps été le
territoire du taux d’inflation le plus élevé du monde, le pays est désormais
sur le point d’enregistrer le 57e épisode d’hyperinflation de l’histoire
moderne, a expliqué Steve Hanke, professeur d’économie appliquée à l’université
Johns Hopkins. Bien qu’il puisse ne s’agir que d’une formalité dans un pays
où le coût de la vie augmente déjà à un rythme de 772% par an, c’est là un
nouveau signe d’un défaut imminent.
La devise du Venezuela
a, selon dolartoday.com, perdu 32% de sa valeur le mois dernier sur le marché
noir, et la baisse du prix du pétrole continue d’affecter la première source
de revenus du pays. Le gouvernement n’aura d’ici la fin de l’année plus d’argent
avec lequel rembourser sa dette, comme l’a expliqué Société Générale. Les
traders de produits dérivés ont relevé la probabilité de voir un défaut se
produire sous un an jusqu’à 63%, contre 33% il y a seulement deux mois.
(Source)
Pour le peuple du
Venezuela, la situation s’aggravera encore. Souffrant déjà de pénuries de
biens à la consommation, il est sur le point de faire l’expérience d’une
dévaluation monétaire similaire à celle traversée par le Zimbabwe.
Chine
La Chine est tout sauf
une nation de périphérie, mais les chiffres de l’import/export suggèrent que
le pays est actuellement en phase de ralentissement et est prêt à s’effondrer.
Plutôt que de tenter de gérer sa transition depuis une économie industrielle
vers une économie de consommation avec grâce, la Chine continue de suivre le
modèle duquel est née sa croissance.
Des prêts sont émis à la
hâte pour soutenir depuis le marché boursier jusqu’au marché immobilier. Malgré
ces efforts, la situation continue de mal tourner, comme l’explique l’éclatement
vicieux de la bulle chinoise sur les actions, et les efforts de sauvetage qui
ont suivi :
La moitié des actions
négociées à Shanghai et Shenzhen ont été suspendues. Quelques trois-cent
directeurs de corporations ont été forcés de racheter leurs propres actions.
Des tactiques dignes d’un Etat policier ont été utilisées pour chasser les
vendeurs à découvert.
Nous avons appris d’une
parution du magazine Caixin que des courtiers chinois ont été enfermés dans
une pièce et forcés de livrer leur argent et de participer à l’orchestration
d’une vague d’achats. Un objectif de 4.500 a été fixé pour l’indice composite
de Shanghai par les fonctionnaires du parti communiste.
Selon Caixin, China
Securities Finance Corporation – une branche d’une agence de régulation –
possèderait désormais quelques 200 milliards de dollars d’actions chinoises,
et a reçu l’ordre d’acheter 500 milliards de dollars d’actions
supplémentaires si nécessaire pour soutenir le marché.
Ce recours à la force –
pour reprendre les termes employés par le professeur Michael Pettis, de l’université
de Pékin – a fonctionné. Les actions sont de nouveau remontées. Comment
auraient-elles pu ne pas le faire, puisque vendre était illégal, et ne pas
acheter l’était également ?
(Source – AEP Telegraph)
Le graphique suivant est
tiré du même article, et suggère que le taux de croissance de l’économie
chinoise soit désormais bien en-dessous du taux officiel de 7% :
Jeter davantage de
monnaie au problème du ralentissement de la croissance et de l’effondrement
du prix des actions est contraire à tout ce qui devrait être fait.
Le problème, ce n’est
pas que les prix des actions baissent, mais qu’ils sont trop élevés en
comparaisons aux bénéfices (70 fois plus élevés). Le problème n’est pas le
ralentissement de la construction d’immeubles d’habitation et des ventes
immobilières, mais le fait que beaucoup trop de complexes résidentiels ont
été construits et que les prix sont déjà trop élevés (20 fois le salaire
médian ou plus).
Positionnés
pour l’effondrement
Dans la deuxième partie
de ce rapport, nous analyserons les effets de la déflation sur les efforts
officiels de contrôle des dommages, et la destruction du capital imaginaire
investi sur les actions, les obligations et l’immobilier. Positionnez-vous
hors des actifs financiers à risque dès aujourd’hui – les actions et les
obligations toxiques étant en tête de liste. L’argent liquide et la dette
souveraine de court terme de certains pays seront de bien meilleurs choix
lorsque la tempête s’abattra sur nous.
Les choses deviennent
intéressantes. Le choix le plus prudent est d’observer les développements
actuels de très près, de rester sur la défensive et d’être prêt à réagir
rapidement si nécessaire. Après des années de suppression, les forces de la
réalité menacent de prendre d’assaut nos marchés globaux. Il en est grand
temps.
Cliquez ici pour lire la deuxième partie de ce rapport (en
Anglais)