Que devrions-nous faire des
quinze millions de personnes qui, selon les estimations, vivraient sur le sol
américain sans en avoir l’autorisation ? Il semblerait qu’une majorité
de politiciens et d’Américains tombent soit dans un extrême soit dans
l’autre. De nombreux Républicains, comme le candidat présidentiel Donald
Trump, sont d’avis qu’il faudrait les renvoyer d’où ils viennent. Beaucoup de
Démocrates pensent en revanche qu’il faudrait leur accorder l’amnistie et
leur offrir la nationalité américaine pour leur permettre d’accéder aux aides
sociales.
Quelqu’un a-t-il déjà réfléchi à
la complexité, au coût et au danger représenté par de telles entreprises pour
nos libertés civiles ; au temps qu’il faudrait pour retourner chaque
pierre du pays à la recherche de quelqu’un qui pourrait clandestinement y
résider ? Combien de milliards de dollars cela coûterait ? Le
gouvernement introduirait sans doute une carte nationale d’identité afin de
déterminer qui a le droit de vivre aux Etats-Unis et qui ne l’a pas. Ces
cartes seraient sans doute munies de données biométriques afin de transmettre
au gouvernement des informations relatives à ses citoyens qu’il n’a aucun
droit de connaître.
Combien de milliards de dollars
sont en revanche dépensés chaque année pour fournir des aides fédérales,
gouvernementales et locales à des gens qui n’y ont pas droit ?
La situation semble être une
impasse, et la réponse à la question de l’immigration clandestine n’est
certes pas simple. J’ai suggéré dans mon livre, Liberty
Defined, qu’un statut inférieur à celui de citoyen puisse être
distribué à certaines personnes. Une sorte de carte verte spécifiant que la
personne qui la détient n’a pas droit d’accès aux aides sociales et n’a pas
le droit de voter aux Etats-Unis. Je ne doute pas que beaucoup de ceux qui
viennent vivre aux Etats-Unis ne cherchent qu’à travailler et à faire le
travail que beaucoup d’Américains refusent de faire.
Le fait est qu’une citoyenneté
plus libertaire serait très peu coûteuse. L’immigration pourrait être
contrôlée grâce aux droits de propriété, et nous n’aurions pas à construire
de murs sur nos frontières et de distribuer de cartes d’identité nationales.
Un « droit » très important aujourd’hui et accordé aux citoyens
américains est celui d’obtenir des choses gratuitement de la part du
gouvernement. Une société plus libertaire aurait certainement une politique
d’immigration plus restrictive, parce que l’entrée aux Etats-Unis ne serait
pas accompagnée de ce droit d’accès à des services gratuits, et une majorité
de la propriété serait privée.
De la même manière, le problème
de la citoyenneté par la naissance serait bien moindre si le simple fait de
naître sur le territoire américain n’offrait pas automatiquement à l’enfant
un droit d’accès aux aides sociales. Retirez le bénéfice des aides sociales,
et beaucoup moins d’enfants naîtraient pour le seul principe d’être des
Américains de naissance.
Le Congrès a le pouvoir de
clarifier la définition de la citoyenneté établie par le 14e
amendement et de décréter que la nationalité ne s’obtient pas par la
naissance. Dans l’Article I, Section 8 de la Constitution, il est écrit que
« le Congrès a le pouvoir d’établir une règle uniforme de
naturalisation, et des lois uniformes concernant la banqueroute au travers du
territoire des Etats-Unis ». Ce pouvoir a été utilisé par le passé pour
clarifier la citoyenneté de naissance, y compris celle des enfants de
diplomates nés sur le sol américain et de ceux de prisonnières qui
accoucheraient sur le territoire. Il n’y a aucune raison pour le Congrès de
ne pas clarifier ce que le 14e amendement veut dire par
« soumis à la juridiction » des Etats-Unis.
C’est la faiblesse de notre
économie, causée en grande partie par le système de Réserve fédérale et les
cycles économiques qu’il génère, qui rend la question de l’immigration
clandestine plus problématique. Aucun extrême n’est correct, parce qu’aucun
d’eux ne prend cela en ligne de compte. Un pas de plus vers une politique
d’immigration plus juste serait un pas de plus vers la liberté.