Chez les Ultra, les Néo et les Turbo-Libéraux, la situation est particulièrement grave : au premier janvier risque de s’épuiser très vite l’approvisionnement en chatons, ces petits animaux qui font les délices de ces individus infâme, égoïstes, et rôtisseurs de communistes. En effet, à partir du 1er janvier 2016, la publication de petites annonces gratuites de cession de chiens et de chats, notamment en ligne, nécessitera obligatoirement la mention d’un numéro de SIREN valide. C’est la cata.
Oui, vous avez bien lu. Comme l’explique très bien cet article, d’ici au 13 octobre sera publié une ordonnance ministérielle en lien avec l’article 55 de la Loi d’Avenir pour l’Agriculture, fourre-tout pratique où on trouve notamment le point 6 qui vise à « Renforcer les règles applicables au commerce des animaux de compagnie », notamment en « réglementant ou en interdisant certaines modalités de vente et de cession à titre gratuit de vertébrés ».
Le but clairement expliqué est de préserver « l’activité des éleveurs professionnels » ainsi que « la pérennité des ventes effectuées par des professionnels ». Et pour donner toutes les clés au lecteur avide de lien, je l’encourage à se reporter au palpitant texte complet de la loi sur Légifrance.
Apparemment, l’affaire n’est pas toute jeune et part très visiblement de la volonté farouche des habituelles associations, qui étaient parvenues à récemment faire inscrire dans la loi que les gentils petits animaux sont des êtres doués de sensibilité (notez que pour les animaux moches, qui grattent ou qui piquent, c’est nettement moins le cas), et qui viennent donc de marquer une nouvelle victoire législative : grâce à elles et comme l’explique Jérôme Languille de 30 milions d’amis,
l’objectif est de mieux réglementer l’élevage des chiens et des chats et ainsi mieux encadrer cette nébuleuse que représente les éleveurs non-déclarés. Elle va aussi mieux organiser la cession de ces animaux.
Ah oui, la célèbre et inquiétante nébuleuse des éleveurs non-déclarés, qui sévit dans nos villes et nos campagnes, qui s’adonne à la traite des minous et des toutous, et qui cause des torts irréparables aux vertébrés considérés (et un peu, aussi, il faut dire, aux éleveurs et aux ménageries dûment enregistrées) ! Cette nébuleuse aux contours duveteux comme le dos d’un chaton nouveau-né qui ronronne doucement en attendant de devenir un gros greffier aux griffes acérées…
Moyennant quoi, plutôt qu’essayer de traquer l’éventuel impétrant qui vend du chaton et du chiot par palettes entières et se faisant passer pour un particulier, plutôt que traiter le problème effectivement énoncé, les associations ont commodément poussé à imposer que les sites internet demandent un numéro de SIREN pour les vendeurs lorsqu’une petite annonce est passée. Moyen habile qui disqualifie immédiatement les honnêtes individus qui récupèrent par accident une portée de chatons et n’en peuvent plus rien faire et devront les noyer ou les perdre pendant que les malhonnêtes s’empresseront de trouver d’autres combines aussi lucratives mais plus discrètes.
Eh oui : en quelques lignes de loi, outre les évidents problèmes d’approvisionnement des libéraux en chatons frais, les associations et les éleveurs officiels dûment tamponnés, enregistrés et SIRENés ont, pour ainsi dire, nationalisé la vente des chiots et des chatons, l’étape suivante (qui consiste à créer un secrétariat puis, bientôt, un ministère complet du commerce de Chiot, Chat et Autres Vertébrés Domestiques Rigolos) n’étant plus très loin. L’intérêt évident, outre la protection bien comprise d’une petite clique de professions et d’associations, sera de criminaliser la vente de chiots et de chatons et, comme toute criminalisation, de la pousser dans le marché noir.
On attend avec impatience le développement de ce marché interlope qui verra certaines cités du 9-3 diversifier ses productions ; là où la Cave à Momo proposait jusqu’alors pas mal de matériel électronique à des tarifs défiants toute concurrence, ainsi que les habituelles préparations aux vertus stupéfiantes à des prix étudiés, on verra bientôt des dealers, entre deux barrettes qui font rire, se spécialiser en petits animaux poilus garantis mignons. Alternativement, on peut aussi imaginer des sites web bien cachés proposant, au milieu de faveurs féminines dûment tarifées, l’un ou l’autre golden retriever livré chez vous, sous pli discret par coursier de nuit.
Je résume.
Encore une fois, des corporations bien identifiées (éleveurs, animaleries, …) ont, par le truchement subtil des associations de défense des animaux, réussi à faire passer une loi qui, pour ne pas changer, met des bâtons dans les roues aux ventes directes de particulier à particulier. Encore une fois, le méchant internet est une cible facile, pour ne pas dire caricaturale. On retrouve exactement le même mécanisme corporatiste que celui déployé par les professionnels de l’immobilier pour tenter de faire fermer les sites de petites annonces directes, les hôteliers contre l’hébergement entre particuliers, ou par les compagnies de taxis pour lutter contre Uber par exemple. Par extension, on assiste à un énième avatar du lobbyisme et du capitalisme de connivence appliqué.
Encore une fois, la loi, badigeonnée de bonnes intentions et, dans le cas présent, de chiots rigolos et de chatons mignons, camoufle ces mécanismes corporatistes en prétendant encadrer l’élevage et la vente d’animaux domestiques, alors qu’elle va inciter très largement les détenteurs de portées à, au mieux, verser dans la clandestinité, au pire à l’abandon pur et simple (en passant par toutes les solutions intermédiaires légales mais aussi définitives). Cette dérive, évidente, sera cachée aussi longtemps que possible pour, ensuite, être dénoncée vertement par ces mêmes associations qui ont soutenu la loi en premier lieu, et dont les cris, une fois l’ampleur de la catastrophe révélée, serviront à accroître le pouvoir de la loi (et par conséquence, aggraver encore le problème qu’elles ont largement contribué à créer). C’est garanti sur facture.
Encore un fois, à mesure que les contraintes augmenteront pour les particuliers, et que sera clair l’échec patent de la loi dans son but affiché de protéger les petits animaux, les particuliers s’organiseront pour contourner de plus en plus efficacement cette loi scélérate. En outre, ceux qui étaient déjà hors de la légalité ne vont certainement pas subitement s’encombrer de principes une fois le premier janvier passé. Bref, c’est un gros Fail.
Décidément, la République ne pouvait vraiment pas se passer d’une loi qui, littéralement, tue du chaton.
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