J’ai récemment fait mention, dans un article sur l’économie française, dans un état actuellement catastrophique, de signes pessimistes pour l’année à venir : outre une hausse du dollar, la baisse des prix des matières premières indique clairement un essoufflement mondial de l’économie. Avec la dégringolade du prix du pétrole, certains commencent à s’inquiéter.
Le pétrole, actuellement la principale source d’énergie de l’Humanité, est un assez bon indicateur de la santé générale des économies. Une forte consommation est bien corrélée à une croissance, une chute de celle-ci indique souvent des problèmes de surproduction et une nécessité d’ajustement. Conséquemment et même si on doit tenir compte d’une dose certaine de manipulation des prix, un pétrole plus cher indique assez bien qu’il est plus demandé, et un pétrole moins cher qu’on en produit trop ou qu’on en brûle moins, ce qui revient au même.
Et voilà que le pétrole passe sous la barre des 40$ le baril (pour le brent) (et 37$ pour le WTI).
Il faut dire que les pays de l’OPEP ne se sont toujours pas décidés à baisser leur production, au moment où tous les stocks (stratégiques notamment) sont au plus haut, alors que la consommation, elle, a largement marqué le pas, et qu’enfin les États-Unis, principaux consommateurs avec la Chine, en produisent eux aussi une abondante quantité.
Pour certains, cette surproduction entretenue par l’OPEP (on parle de plus de 32 millions de barils par jour là où 30 suffiraient largement actuellement) viserait à faire passer durablement les pétroles de schiste des Américains en dessous de leur seuil de rentabilité, entraînant ainsi des faillites et des fermetures de puits chez ceux qui sont, de facto, devenus des concurrents.
Le raisonnement n’est pas idiot, mais les prix actuels, s’ils restent au-dessus des seuils de rentabilité des puits des pays de l’OPEP, sont malgré tout bien en dessous de ceux qui permettent à ces États d’équilibrer leurs budgets, au point que même l’Arabie Saoudite commence à tirer la langue : d’après le FMI, les Émirats Arabes Unis ont besoin d’un baril au-delà de 75$, et 80$ pour l’Arabie Saoudite. C’est encore pire pour l’Irak (100$) ou l’Iran (140$). Autrement dit, ces prix bas sont peut-être une tactique commerciale pour évincer certains producteurs, mais pour le moment, elle inflige des pertes à tous.
Ces prix bas, s’ils heurtent quelque peu les États exportateurs mal gérés et dont la paix sociale, basée sur une redistribution de la manne pétrolière, dépend majoritairement d’un prix élevé du baril, ravissent en revanche les États importateurs mal gérés et dont la paix sociale, basée sur une redistribution de dette, dépend majoritairement d’un prix du baril assez bas. L’État français, aux premières loges, est donc tout particulièrement joyeux de voir ces prix diminuer, qui lui permettent d’alléger sa facture énergétique.
On pourrait croire qu’une énergie moins chère soit une bonne nouvelle pour tout le monde, au-delà d’un gouvernement qui redoute par dessus tout une hausse du baril, une hausse des intérêts d’emprunts d’État, celles-ci aggravant la hausse incontrôlable du chômage qui gangrène le pays.
Eh bien non : grâce aux petits soldats journalistiques de l’économie pour les nuls, cette baisse de prix, loin de signifier déplacements, chauffage et importations moins chers, sera prestement présentée comme une nouvelle catastrophe en devenir.
Que ce soit sur RTL, Le Figaro ou Pravda FranceTV, tout le monde est sur le pont pour rappeler quelques éléments essentiels : un pétrole bas, cela signifie un risque de déflation et un risque de laisser-aller budgétaire !
Car la déflation, cher lecteur, c’est un fléau économique abominable dans lequel les ménages, voyant l’argent se renchérir, reportent leurs achats pour bénéficier de prix plus bas (eh oui : ce sandwich pourra attendre demain, c’est évident), et (pire que tout) commencent même à épargner. La déflation, c’est donc la mort du petit cheval, notamment celui sur lequel trottinent en toute insouciance nos pathétiques élites politiques, petit cheval et grande cavalerie à base de dettes et d’emprunts colossaux qui deviennent vite insupportables lorsque elle s’installe. La déflation, c’est l’expiation des péchés keynésiens, la sanction du marché contre les promesses sur le dos des générations futures, en bref, la fin de mandat assuré pour les parasites des finances publiques.
Non, vraiment, la déflation, c’est le mal incarné qui imposerait un strict respect budgétaire. Impossible !
Et je n’évoque même pas le laisser-aller budgétaire qu’entraîne cette baisse providentielle du pétrole. Alors que jusqu’à présent, les déficits étaient maîtrisés depuis des années d’une main de maître, que les dépenses étaient scrutées au centime près, que les entrées d’argent étaient religieusement respectées, un pétrole pas cher entraînerait inévitablement gabegies, dépenses incontrôlées, déficits puis avalanches d’impôts. Le prix de notre principale énergie (après le nucléaire) qui baisse, assurément, c’est une calamité !
Mais surtout, comme le rappellent tous ces magnifiques articles d’une presse qu’on est finalement heureux de subventionner de force, le pétrole pas cher, c’est la tristesse des écolos, les larmes des politiciens et le découragement des investissements verts ! Le pétrole pas cher, c’est la redécouverte des fondamentaux de l’économie, ceux qui dictent la disparition d’un procédé, aussi ingénieux soit-il, s’il n’est pas un jour rentable. C’est l’apparition de situations ubuesques où l’on se retrouve à payer deux fois, trois fois le prix possible de son énergie pour pouvoir crier à la face du monde qu’on est tout propre, même si ce n’est pas vrai, et même si on est nettement plus pauvre ensuite.
Horreur et désespoir : avec ce pétrole bien trop peu coûteux, tous les récupérateurs de prouts de vaches, tous les vendeurs de moulins à vents technoïdes et autres panneaux merdovoltaïques aux rendements rigologènes se retrouvent à devoir combattre une énergie qui ne coûte plus grand-chose ! Et ça, nonobstant les déplacements en jet privé du président français pour aller faire le pitre devant une urne, le tout en plein COP21, cela vous démolit le moral de plusieurs journalistes, de pas mal de politiciens et de beaucoup d’écolos. Parce que pour ces gens-là, ce qui importe n’est pas que vous vous chauffiez moins cher cet hiver ou que vous puissiez vous rendre à votre travail sans payer 100€ le plein de votre voiture, non, pas du tout. Ce qui importe, c’est que les technologies vertes dont on nous rebat les oreilles depuis plus d’une décennies n’arriveront pas à décoller ! Oh. Zut alors.
Gageons que ces belles âmes se remettront de leurs émotions, en trouvant l’une ou l’autre taxe pour compenser tout ça.
Ceci dit, le seul point vraiment gênant, c’est qu’un pétrole aussi bas, aussi vite veut clairement dire une récession. Or, si celle-ci se déroulait dans un monde majoritairement libéral, les ré-allocations de capital qu’elle entraînerait seraient possibles et rapides. Mais comme ce monde est maintenant totalement gangréné par les dettes, le capitalisme de connivence, le collectivisme et une dose chevaline de keynésianisme, les ajustements n’auront pas lieu pacifiquement.
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