182 années durant – de 1789 à 1971 – les Etats-Unis ont embrassé le principe de dollar
stable qui, en pratique, signifiait un rattachement du dollar à l’or.
Avant 1933, la valeur de parité était d’1/20,67e d’once d’or.
Entre 1933 et 1971, cette parité était d’1/35e d’once d’or.
Nous étions alors à l’ère de l’étalon or. L’idée était très
simple : nous voulions que le dollar soit aussi stable en termes de
valeur monétaire que possible. Après plusieurs siècles – ou plutôt un
millénaire – d’expérimentations, les gens ont découvert que le meilleur moyen
de parvenir à cet objectif était, dans un monde imparfait, de lier la valeur
de leur devise à l’or.
Ce n’était pas très différent du système employé
aujourd’hui par les plus
de cinquante pays qui rattachent leur devise à l’euro plutôt que de se
lancer dans des politiques monétaires domestiques et adopter une devise
domestique flottante. La différence était l’étalon de valeur. Avant 1971,
nous utilisions un étalon or. Aujourd’hui, de nombreux pays utilisent un
étalon euro.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, le leader mondial de
la garantie de la monnaie par l’or était la Banque d’Angleterre. Entre 1694
et 1914 (excepté en temps de guerre), la livre sterling était rattachée à
l’or à hauteur de trois livres 17 shillings et 10 pence par once d’or.
L’Angleterre – qui au XVIIe siècle était un bras mort
économique sans grande importance – est devenue la capitale financière du
monde, le berceau de la révolution industrielle, et la tête du plus gros
empire global de l’époque.
Pas mal.
Mais le rôle de chef de file monétaire de l’Angleterre a
fléchi après la première guerre mondiale. La dévaluation de 1931 a été suivie
par une période de devises flottantes, puis de nombreuses autres dévaluations
après la seconde guerre mondiale.
Après 1914, le meilleur exemple de discipline d’étalon or
est devenu les Etats-Unis. Bien qu’ils aient dévalué en 1933, le dollar est
resté rattaché à l’or après cette date, et il n’y a eu aucune autre dévaluation
jusqu’en 1971.
Les Etats-Unis, qui étaient derrière l’Angleterre en 1914,
sont devenus le centre financier mondial, l’exemple premier de l’excellence
industrielle, et le chef de file de ce qui était l’équivalent à l’époque du
plus grand empire global.
Quelle coïncidence !
Le New York Times, qui s’est penché sur le paysage de la
pensée contemporaine, nous a récemment annoncé
que sur quarante économistes interrogés, quarante ont déclaré qu’un étalon or
n’améliorerait pas la qualité de vie de l’Américain moyen.
A la fin de l’ère de l’étalon or, dans les années 1960,
les Etats-Unis avaient la classe moyenne la plus aisée que le monde ait
jamais vue.
C’était une époque si douce que personne, ni
même le Président Richard Nixon ou le gouverneur de la Fed, Arthur Burns,
ne voulait la voir finir.
Si l’étalon or n’améliorerait pas aujourd’hui la qualité
de vie de l’Américain moyen, comment a-t-il pu, après 182 ans, rendre
l’Américain moyen plus riche que jamais ?
Il semblerait qu’aucun des quarante économistes sondés
n’ait réfléchi à cette question.
Et si nous pouvions faire mieux qu’un étalon or, comme l’a
suggéré Michael Bordo au Times, pourquoi, en quatre décennies, personne ne
l’a-t-il déjà fait ?
Pouvez-vous voir la fin de l’étalon or – en 1971 – sur ce
graphique ? Peut-être est-ce une coïncidence.
Sommes-nous supposés être impressionnés d’un tel degré de
consensus parmi les experts ? Selon moi, quand tout le monde pense la
même chose, personne ne réfléchit jamais vraiment.
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