Lorsqu’on est un chercheur sans le sou et sans imagination, une méthode pour obtenir des financements consiste à tremper ses recherches dans un gros baril de buzz médiatique. Et ça tombe bien, le buzz, ce n’est pas ça qui manque actuellement.
Actuellement, et si on ne cherche pas à surfer sur les navrantes histoires de starlettes ou les encore plus navrantes histoires de politiciens, c’est le réchauffement climatique qui tient le haut du pavé et celui-ci, bien utilisé, permet assez facilement d’obtenir des fonds pour faire des recherches, d’autant plus si celles-ci prouvent, d’une façon ou d’une autre, que les Humains sont responsables.
Cependant, on peut faire encore plus fort : plutôt que rendre directement responsable toute l’Humanité des désastres écologiques inévitables qui vont nous arriver sur le coin de la figure, avec à la clef moult morts, force misères et des plaies (égyptiennes ou non) par pack de sept, pourquoi ne pas s’attacher à désigner un coupable en particulier, par exemple un politicien ou une institution corrompue pardon un groupe social facile à repérer ?
Par exemple, le Riche Homme Blanc Occidental constitue une cible de choix. Et moyennant une petite prise d’un stupéfiant quelconque en pilule, accommodé d’un bon verre d’alcool fort et d’une ou deux piquouses de liquide qui détend les muqueuses, on aura aucun mal à lui trouver des circonstances accablantes dans l’Abominable Réchauffement des Neiges. Le mélange paraît risqué, mais il faut au moins ça pour, dans une étude ahurissante à la rigueur scientifique manifestement taillée à coup de burin dans un rayon de bicyclette, construire – je cite – un « cadre de travail féministe sur la glaciologie pour l’étude des changements environnementaux globaux ».
Oui. Des chercheurs ont cherché, ont travaillé et ont donc été payés pour écrire ce morceau de bravoure qui vise donc à inscrire la glaciologie dans le gloubiboulga consternant de la mode actuelle du genre. La climatologie, la glaciologie et la science en général ne pouvait pas s’en passer.
Rien qu’à l’intitulé du papier, vous l’aurez compris : pour le chercheur en pleine crise de militance, tout est bon pour obtenir des fonds, y compris (et surtout ?) les plus fumeuses calembredaines. Bien sûr, comme on vient de le voir , introduire aux forceps des problématiques de genre ou de sexe dans des problématiques climatiques est suffisamment gros pour déclencher au mieux l’incrédulité, au pire l’hilarité chez l’individu (aussi bien de genre 1 que de genre 2) ayant une once de sens commun, mais pas seulement. C’est aussi une façon (amusante sinon subtile) de réclamer un changement dans la société pour qu’elle tienne enfin compte de cette vraie problématique. Vite, embrayons sur des politiques publiques
Et si l’on met de côté l’aspect purement zygomatique de ce genre de prouesses, force est de constater que l’intersection des approximations scientifiques sur le climat avec la psychologie de magazine publicitaire à gros tirage permet certainement d’atteindre non pas le nirvana scientifique, mais au moins le buzz médiatique et, apparemment, des émoluments financiers.
Certes, ça reste assez grossier. En revanche, si l’on procède avec plus de finesse, le message passe comme une écoute clandestine de Sarkozy dans un article de Médiapart, c’est-à-dire sans la moindre réaction d’étonnement de la part du lecteur qui grignote sans tiquer le petit nugget d’information frite dans son bain de moraline éco-consciente.
Typiquement, pour que l’affaire glisse toute seule, vous la ferez valider par le cachet d’une grande institution publique internationale. Dans l’exemple du jour, l’Organisation Mondiale de la Santé pourra faire l’affaire, qui sera tout à fait suffisante pour crédibiliser un rapport expliquant que près d’un quart des morts dans le monde découle d’une cause liée à l’environnement.
Des morts par millions ? Des causes environnementales ? Vite, il nous faut un spécialiste de la Pignouferie de Presse ! Qui, mieux que Le Monde, pour ce rôle taillé sur mesure ?
Évidemment, le titre contient les bons mots clés (environnement et morts par trouzaines), mais deux secondes de lucidité et la première phrase de l’article permettent de mettre les hurlements affolés en sourdine : on y parle en effet de « l’environnement au sens large », ce qui répand immédiatement l’odeur caractéristique de la bonne grosse approximation généraliste, confirmée par la définition de ces causes environnementales comme étant « la pollution de l’air, de l’eau et des sols, l’exposition à des substances chimiques, le changement climatique, et les rayons UV » …
On retombe ici dans tous les biais connus de ce genre d’annonces catastrophistes (et exemple de journalisme catastrophique), depuis les fameuses causes environnementales du cancer, si vastes que tout et son contraire peuvent être affirmés, jusqu’au dérapage statistique incontrôlé caché au milieu des accidents provoqués par le mauvais état des routes ; le nid de poule environnemental ferait ainsi 1,7 millions de morts. À ce régime, certaines routes européennes seront classées comme des risques environnementaux de classe majeure…
Décidément, le climat, l’environnement, c’est un bon filon pour vendre de l’alarmisme, de l’appel à la prise de conscience, à la politique publique à coups de milliards d’euros…
Le souci, c’est qu’à force de tout analyser sous l’angle de l’environnement, à force de prendre absolument tout en compte et de bien mesurer l’impact néfaste (forcément néfaste) de l’Homme – préférablement occidental, blanc et riche – sur la Nature, on en arrive parfois à d’étonnantes contradictions où, zut et zut, plus on veut éviter la catastrophe, moins on l’évite et plus on l’aggrave, zut et flûte.
Oui, vous avez bien lu : à force de combattre la méchante pollution, nous avons trop amélioré la qualité de l’air en diminuant la quantité d’aérosols présents dans l’atmosphère, ce qui a accru la quantité de soleil reçu par le manteau neigeux, et augmenté à son tour la température arctique. Autrement dit, l’Arctique est victime de la trop bonne qualité de l’air ! La nature est décidément sans pitié : non content de souffrir lorsqu’on pollue trop, la voilà qui souffre à présent alors qu’on ne pollue pas assez !
C’est insupportable.
À vrai dire, c’est tellement insupportable qu’on croirait à un véritable complot ourdi par certains esprits retors. Pas de doute, c’est encore une étude parue sur l’un de ces sites ultranéo-libéraux turbomangeurs de chatons, n’est-ce pas, ce qui la discrédite immédiatement ! D’ailleurs, qui ne sait pas que Nature Geoscience est totalement inféodé aux climatoscept… Heu hum… Zut et crotte.
Dans toutes ces informations contradictoires jetées n’importe comment par le complot mondial des coupeurs de cheveux en quatre qui finissent par prouver tout, son contraire et autre chose de différent, surnage heureusement des certitudes, ces îlots de bon sens et de faits scientifiques solides.
Par exemple le fait évident que l’antarctique perd de la glace, à un rythme inquiétant, que c’est de la fotalomme, et qu’il va bien falloir faire quelque chose pour arrêter cette fonte alarmante des glaces. C’est même la NASA et son Goddard Space Flight Center qui fournit les dernières études à ce sujet, qui sont formelles : les gains de masse de glace antarctique sont supérieurs aux pertes.
Saperlipopette. Encore un coup des climatosceptiques ! Ces salauds sont parvenus à faire comploter même les données réelles ! On ne s’en sortira pas !