D’ici à l’anarchie

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Published : April 05th, 2016
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Je trouve surprenant que les libertariens profitent de la campagne présidentielle Américaine  pour promouvoir des candidats favorables à un gouvernement restreint – ou dans certains cas des candidats institutionnels dont la rhétorique fait preuve d'une once de libertarianisme – alors qu’ils pourraient en profiter pour avancer leur vision de société sans gouvernement. L’une des raisons pour lesquelles ils ne le font pas est, bien évidemment, que beaucoup d’entre eux ne veulent pas d’une société sans gouvernement. Ils veulent un gouvernement, mais un gouvernement bien moins important. A petites doses, la contrainte est supportable.

 

Une autre de ces raisons est perpétuelle : comment établir pacifiquement une société sans gouvernement ? Ce n’est pas comme si c’était une option inscrite sur les bulletins de vote.

 

Une autre raison pourrait être que la saison des élections est truffée d’actualités juteuses sur lesquelles écrire. Les faux-pas « excessifs » de Trump font la uUne, mais il y a bien plus encore : qui est le plus belliciste ? Sanders est-il un socialiste ou un Keynésien sous stéroïdes, comme le pense Gary North ? Et n’oublions pas le thème du « marginal », avec Sanders et plus particulièrement Trump, qui font des vagues parmi l’élite du parti. Il est possible que Trump mette fin au règne des néoconservateurs à la tête du parti républicain. Et pour les libertariens,  c’est  une possibilité alléchante.

 

Mais pourquoi viser si bas ?

 

Pas de postes vacants pour les politiciens

 

Si la campagne présidentielle actuelle peut nous apprendre quelque chose, c’est que les gens en ont assez de Washington. Ils en ont assez de Wall Street, de la stagnation d’économie réelle, de la machine de guerre des néo-conservateurs, et de la classe politique responsable de leurs maux. Plutôt que de choisir quelqu’un d’autre de qui avoir assez, pourquoi ne pas éradiquer le problème à sa source ? Les gens veulent mettre les politiciens à la porte. Pourquoi ne pas abolir les postes politiques afin de n’avoir à voter pour personne ?

 

Personne ne remet en question la légitimité de l’Etat. Nous tentons simplement de tourner la situation en notre faveur en élisant les hommes politiques que nous apprécions. Cette stratégie n’a jamais été prouvée comme étant la meilleure.

 

Les dictionnaires nous apprennent que l’anarchie signifie le désordre, un monde sans loi et chaotique né de l’absence d’un gouvernement ; une société sans autorité de pouvoir.

 

Mais ils nous disent aussi qu’elle est une communauté organisée au travers de la coopération volontaire des individus. Se pourrait-il qu’une telle communauté élimine les problèmes que nous avons aujourd’hui ?

 

Et si c’était le cas, comment convaincre le reste des gens qu’une société sans gouvernement tel que nous le connaissons aujourd’hui soit dans notre intérêt ?

 

Pourquoi l’Etat a-t-il le droit de nous contraindre à quoi que ce soit ?

 

Michael Huemer, profeseur de philosophie à l’Université Colorado-Boulder, nous offre un arsenal de munitions intellectuelles dans The Problem of Political Authority: An Examination of the Right to Coerce and the Duty to Obey (2013).  

 

Huemer divise son argument en deux parties : dans la première, il se demande si l’existence de l’Etat peut être justifiée sur la base de convictions morales communes. Sa réponse est non. Beaucoup de gens pensent que le vol, le meurtre et le kidnapping sont de mauvaises choses, et qu’une personne devrait respecter ses promesses. L’Etat les viole toutes sans exception. Il manque donc d’autorité morale, ce qui ne nous empêche pas de lui obéir. Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

Dans la deuxième, il cherche à savoir si, parce que l’Etat ne peut pas être justifié par la morale, une société peut fonctionner sans lui. Sa réponse est oui. Il présente ici une justification de l’anarchie, ou plus précisément de l’anarcho-capitalisme.

 

En d’autres termes, Huemer commence par une analyse peu controversée pour en arriver à une conclusion controversée :

  1. l’autorité est illusoire
  2. une société peut fonctionner sans gouvernement
  3. l’anarchie est un objectif atteignable

 

Il parvient à cette conclusion grâce à un grand axe : les individus ont un droit naturel de ne pas être soumis à la contrainte – que les libertaires appelleraient le principe de non-agression.

 

Sur quoi débouche une analyse du gouvernement une fois pris en compte le droit des individus de ne pas être soumis à la contrainte ? Voici les conclusions tirées par Huemer, qui sont discutées en détails dans son livre :

 

1.  Aucun processus délibéré ne suffit à écraser le droit des individus de ne pas être soumis à la contrainte.

 

2.  En termes de morale et de bon sens, la majorité ne génère pas une obligation de conformité ou un droit à la contrainte.

 

3.  Les sujets d’un gouvernement satisfont les conditions de développement d’un syndrome de Stockholm et de certains de ses symptômes.

 

4.  Il ne va pas dans l’intérêt du gouvernement de résoudre les problèmes sociaux, parce que les gouvernements tirent de l’argent et du pouvoir de leur aggravation.

 

5.  Il ne va pas dans l’intérêt des médias d’observer de près les faits et gestes du gouvernement.

 

6.  Nous ne pouvons pas croire que le gouvernement s’impose à lui-même le respect de la Constitution.

 

7.  Les différentes branches du gouvernement n’ont aucune raison de se restreindre les unes les autres.

 

Voici sa conclusion quant au gouvernement : « une démocratie constitutionnelle qui permet la séparation des pouvoirs vaut bien mieux que le totalitarisme, mais elle n’élimine pas la prédation politique. »

 

Une société sans gouvernement

 

Il examine ensuite la nature d’une société sans autorité de pouvoir :

 

1.  Une société sans Etat « diffère d’une société traditionnelle dans le sens où elle repose sur des relations volontaires et une compétition véritable entre fournisseurs de services ».

 

2.  Parce que la violence coûte cher, les agences de sécurité recherchent des moyens pacifiques de résoudre les problèmes.

 

3.  Le problème des guerres entre Etats est bien plus large que le problème des guerres entre agences, parce que les gouvernements rencontrent moins d’obstacles lorsqu’ils cherchent à déclarer des guerres injustes.

 

4.  Une majorité des industries sont dominées par la production destinée à des clients aux revenus très bas ou médians. Les agences de protection fournissent des services à ces clients.

 

5.  Le gouvernement ne fait rien pour protéger les pauvres.

 

6.  Les agences de protection fourniraient de meilleurs services que les forces de police gouvernementales, pour la même raison que les autres services fournis par le secteur privé sont moins chers et de meilleure qualité.

 

7.  Les organisations criminelles seraient financièrement handicapées par la légalisation de biens et services tels que les jeux d’argent, la prostitution et la drogue.

 

8.  La compétition empêche les agences de protection de devenir abusives.

 

9.  Dans l’industrie de la protection, mieux vaudrait pour une firme d’être de petite taille, ce qui leur permettrait à toutes de coexister.

 

10.  La loi est mieux servie par les contrats et les juges que par la législature.

 

11.  Le système judiciaire anarchique se concentrerait sur la restitution plutôt que sur la punition.

 

12.  L’abolition des forces militaires se ferait au travers d’une transformation culturelle globale.

 

13.  Une fois les militaires éliminés et les cours et la police privatisées, il serait bien plus simple de renvoyer les politiciens.

 

14.  L’anarchie a bien plus de chances de naître dans de petits pays ou régions. Si les résultats étaient prometteurs, l’idée se répandrait.

 

15.  L’arrivée de l’anarchie est plausible, en raison de la tendance du savoir humain à progresser et de l’influence des idées sur la structure de la société.

 

Conclusion

 

Bien que les politiciens continueront de dominer les ondes ces quelques prochains mois, il est nécessaire de nous rappeler que nous n’avons pas à les prendre au sérieux, et qu’il existe un meilleur moyen d’organiser notre monde. Plutôt que de voter pour légitimer le système actuel, les gens devraient voter pour l'abolition de l'Etat. Si le taux d’absentéisme atteignait une masse critique – ce qui pourrait arriver au vu de la colère du public – l’Etat lui-même serait mis à l’épreuve. Le bon sens du professeur Huemer nous aide à en comprendre les implications.

 

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Finalement, quand on lit cet article on s'aperçoit qu'il n'y a pas que certains américains qui pensent de la sorte.....
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merisier - 4/5/2016 at 8:01 AM GMT
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