Le 4 mai, Bruxelles a approuvé
le libre-déplacement sans visa des Turcs au sein de l’Union européenne. Cette
approbation devra encore être ratifiée par un vote des ministres ainsi que
par le Parlement européen.
Quelques heures seulement après
que Bruxelles a donné son feu vert, le président turc, Recep Tayyip Erdogan,
a renvoyé son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, responsable des négociations
de l’accord avec la chancelière Angela Merkel.
Entretemps, Renzi et Merkel se sont
fait la cour, observés par une France extrêmement sceptique.
Résultat final : incertain.
Mais Merkel s’arrachera bientôt les cheveux de la tête à mesure que son complot
se retournera contre elle.
Comme les choses peuvent changer
en une journée.
L’Union européenne sur
le point d’approuver l’accord avec la Turquie
Revenons-en au 4 mai : Brussels Gives Green Light to Visa-Free Travel for Turks.
La Commission européenne a
accepté le libre-déplacement sans visa des Turcs en Union européenne, et ce
malgré le fait qu’Ankara ait manqué de réviser sa législation sur le
terrorisme afin de s’assurer à ce que l’accord ne donne pas lieu à la
poursuite de journalistes et manifestants pacifiques.
L’octroi aux citoyens turcs du
droit de se déplacer librement en Union européenne est l’une des concessions
les plus controversées accordées à Ankara dans le cadre d’un accord destiné à
convaincre le président turc de réduire l’afflux de réfugiés vers l’Union
européenne. L’Union européenne a également promis une aide financière de 6
milliards d’euros à la Turquie, et la réouverture des négociations quant à sa
possible entrée dans l’Union.
L’Allemagne soutient la
libre-circulation des Turcs en Union européenne, mais un certain nombre d’autres
pays de l’Union sont hésitants, notamment la France, dont le président,
François Hollande, a récemment souffert des critiques du Front national.
Bruno Le Maire, l’un des
candidats centristes aux élections présidentielles, a annoncé mercredi qu’il
était opposé à toute décision prise dans l’urgence et sans consulter les
parlements nationaux, une opinion que partage Nicolas Sarkozy, chef du Parti
républicain, ainsi que Marine Le Pen, chef du Front national.
« La libéralisation du
régime de visas signifie accorder aux citoyens turcs le droit de se déplacer
librement en Union européenne, » a expliqué Bruno Le Maire, ancien
Ministre de l’agriculture. « En cas de crise politique ou économique en
Turquie, nos sociétés devront-elles aussi porter le fardeau d’un afflux de
citoyens turcs ? »
L’accord devra encore être soumis
à un vote à la majorité des Ministres nationaux et à l’accord du Parlement
européen, qui ne semble pas en sa faveur.
Manfred Weber, eurodéputé
conservateur allemand à la tête du plus gros groupe de parti du parlement, a
rompu son alliance avec la chancelière Angela Merkel, et décrété que la
Commission ne devrait pas soutenir l’accord.
« Nous ne devrions pas
diluer nos lois relatives aux visas en faveur de la Turquie, a-t-il expliqué.
Il est difficile de comprendre pourquoi la Commission propose aujourd’hui une
libéralisation des visas alors que la Turquie ne remplit pas les conditions
préalables. »
En territoire incertain
Comme vous pouvez le voir, l’accord
est en territoire incertain. La France semble prête à le refuser, ce qui est
sans doute aussi le cas de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la
république tchèque et de l’Autriche.
L’Italie, en revanche, lui est
favorable.
Merkel et Renzi se font
la cour
Voici l’extrait d’un article
daté du 5 mai et intitulé Renzi and Merkel Hit out at Austria’s Fence to Keep Out
Refugees :
Le Premier ministre italien,
Matteo Renzi, a rejeté avec ferveur le parti autrichien d’extrême droite pour
rejoindre le camp d’Angela Merkel, la chancelière allemande, et critiquer le
projet de Vienne d’ériger des barricades pour contenir l’afflux de réfugiés.
Lors d’une conférence de presse
à Rome à l’occasion de laquelle Renzi et Merkel ont semblé en de meilleurs
termes que ces derniers mois, les deux dirigeants ont convergé dans leurs
critiques de la décision de l’Autriche d’ériger des barricades le long de sa
frontière sud.
« Nous avons exprimé notre
désaccord et notre refus de certaines décisions prises par nos amis
autrichiens, que nous jugeons anachroniques et erronées. Elles défient à la
fois la logique et l’Histoire, et ne sont justifiées par aucune urgence, »
a—t-il décrété.
M. Renzi a demandé à l’Union
européenne de signer des accords avec des pays africains afin de réduire l’afflux
de migrants en échange de programmes de développements, similaires à l’accord
controversé passé par Bruxelles avec la Turquie en mars.
Mme Merkel soutient cette idée,
mais l’Allemagne et l’Italie restent en désaccord quant au financement d’un
tel projet. L’Italie a proposé des obligations européennes jointes, mais
Berlin s’y est opposée.
Désaccords financiers et
logiques
Selon Renzi, l’Autriche défie
toute logique. Je pense plutôt que c’est lui-même et Merkel qui manquent d’en
faire preuve.
Qui est sensé payer pour les
accords idiots de Merkel ?
Merkel et Renzi ne sont même pas
d’accord quant au financement d’une petite partie du problème. Sans parler de
l’accord dans son ensemble.
Des pots de vin entrent
en jeu
Imaginons que l’Allemagne et l’Italie
votent en faveur de l’accord. La France votera certainement non. L’Espagne,
isolée du problème, pourrait être persuadée de voter oui. Tout ce qui lui
faudrait serait que l’Union fasse preuve d’une certaine dose d’indulgence en
matière d’objectifs budgétaires.
La situation n’est pas aussi
simple, parce que l’accord devra être approuvé par une majorité des Etats
membres, ainsi que par le Parlement européen. Mais si les pots de vin sont ce
qui manque à un vote favorable, ils ne tarderont pas à se multiplier.
Les problèmes commencent
Malheureusement pour Merkel,
mais heureusement pour n’importe quel citoyen de l’Union européenne capable
de penser rationnellement, le Premier ministre turc qui a négocié l’accord
avec Merkel a été renvoyé par le président Erdogan.
Le jeu de pouvoir qui se joue actuellement en Turquie menace
l'accord passé avec l'Union européenne.
Un accord qui pourrait s’avérer
crucial pour les efforts d’étancher le flux de migrants depuis la Turquie
vers l’Union européenne, élaboré par Angela Merkel, est désormais remis en
cause après la démission du Premier ministre pro-européen de Turquie.
Ahmet Davutoglu, qui a
personnellement négocié l’accord avec Mme Merkel, a quitté son poste jeudi
suite à un conflit de pouvoir avec le président, Recep Tayyip Erdogan. Le
départ du Premier ministre met en péril un accord susceptible de réduire
considérablement l’afflux de demandeurs d’asile en Europe – et de sauver
Merkel de retombées politiques potentiellement fatales.
Sans réforme en matière de législation
antiterroriste, à laquelle s’est opposé M. Erdogan avec passion, Bruxelles
pourrait se trouver dans l’incapacité d’accorder à la Turquie l’une des plus
importantes concessions de l’accord – une concession qui, si elle n’était pas
acceptée, pousserait Ankara à revenir sur son obligation de réduire le nombre
de réfugiés arrivant sur le territoire grec.
Lorsque Mme Merkel s’est mis en
tête de persuader les nations sceptiques de l’Union européenne de soutenir l’accord,
l’un de ses arguments, selon les diplomates, était qu’il consoliderait la
faction pro-européenne à Ankara, dirigée par M. Davutoglu.
Mais l’accord a finalement mené
à la démission de son principal allié turc, et fortement affaibli les
partisans de l’Europe en Turquie.
Les officiels de l’Union
européenne ont qualifié le libre-déplacement des Turcs en Europe de « goutte
qui a fait déborder le vase » dans le cadre du conflit de pouvoir entre
Erdogan et Davutoglu. La démission de ce dernier est survenue juste après que
la Commission européenne a donné son feu vert à l’accord mercredi et déclaré
qu’elle le percevait comme nécessaire pour ramener Ankara dans la sphère d’influence
de l’Union européenne.
Les décideurs politiques européens
chargés de discuter de l’accord se disent de plus en plus inquiets.
« S’il s’agissait d’un
incident isolé, nous pourrions parler d’une simple affaire interne, » a
expliqué Marietje Schaake, un libéral hollandais qui mentionne beaucoup la
Turquie au Parlement européen. « Mais nous avons assisté à une série d’incidents
qui laissent présumer une montée de l’autoritarisme. Il est temps pour l’Union
européenne de faire les liens nécessaires et de percevoir la situation pour
ce qu’elle est. »
Ce qui s’est passé
- Merkel est
allée, derrière le dos des officiels de l’Union européenne, négocier un
accord avec le Premier ministre turc.
- Le Premier
ministre turc a entamé des discussions derrière le dos du président
turc, Erdogan.
- Imbécile qu’elle
est, la Commission européenne a chanté les louanges de la Turquie et a
donné son feu vert à l’accord.
- Quelques
heures après l’approbation de la Commission européenne, Erdogan a
renvoyé son Premier ministre.
- Les problèmes ont
commencé.
L’accord passé par Merkel devra
d’abord être soumis au vote des ministres et à l’accord du Parlement
européen.
Si l’un des deux groupes
revenait à la raison, cet accord tomberait immédiatement à genoux.