Un accord
secret passé en 1973 entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite est aujourd’hui
en péril.
Depuis que les Etats-Unis ont
passé un accord secret avec l’Arabie Saoudite en 1973 pour mettre fin à un
embargo pétrolier, le Département du Trésor a refusé de rendre public les
réserves saoudiennes de bons du Trésor américain.
« Cela fait partie des
concessions faites au fil des années par les administrations américaines pour
maintenir les relations stratégiques des Etats-Unis avec la famille royale
saoudienne et accéder aux réserves pétrolières du royaume, » a expliqué Bloomberg News après avoir demandé au Trésor de publier
ces données dans le cadre de la loi sur la liberté d’information.
Le Trésor a publié aujourd’hui,
et la toute première fois, les réserves de bons du Trésor de l’Arabie
Saoudite. Et elles sont bien moins importantes que ce que les médias ont
jusqu’à présent sous-entendu.
Le sujet a commencé à poser
problème au mois d’avril, après que le gouvernement saoudien a menacé la
Maison blanche et les membres du Congrès de se débarrasser de ses réserves de
bons du Trésor prétendument très importantes si le Congrès approuvait un
projet de loi qui permettrait aux plaignants de porter plainte contre le
gouvernement saoudien auprès de cours américaines pour son rôle dans les
attaques du 11 septembre 2001.
A l’époque, la Maison blanche
faisait pression sur le Congrès pour qu’il n’approuve pas la loi. Selon le New York Times, les « menaces saoudiennes sont
devenues le sujet de discussions intenses, » les officiels ayant mis les
Sénateurs en garde contre des « retombées diplomatiques et économiques ».
Adel al-Jubeir, le Ministre
saoudien des affaires étrangères, a personnellement livré le message du
royaume le mois dernier à l’occasion d’une visite à Washington, et indiqué
aux législateurs que l’Arabie Saoudite serait forcée de vendre jusqu’à 750
milliards de dollars de bons du Trésor et autres actifs avant de s’inquiéter
de voir ses comptes gelés par les cours américaines.
Mais ces 750 milliards de
dollars d’actifs américains – si tant est qu’ils existent - contiennent très
peu de bons du Trésor. Aujourd’hui, dans son rapport du mois de mars, le
Département du Trésor a inclus les réserves saoudiennes de bons du Trésor à
son rapport
TIC : pas plus de 116,8 milliards de dollars.
Les réserves saoudiennes de bons
du Trésor ont atteint un record en janvier avec 123,6 milliards de dollars,
et ont depuis baissé de 5,5% à mesure que le pays faisait face à des déficits
budgétaires liés au déclin du prix du pétrole et des « guerres au
Proche-Orient, » comme l’a écrit Bloomberg.
Jusqu’à aujourd’hui, le Trésor
ne rapportait les réserves saoudiennes que dans le cadre des réserves d’un
groupe de 14 pays producteurs de pétrole, majoritairement membres de l’OPEP.
Les réserves de tous les autres pays ont toujours été rapportées
individuellement – même celles du Vatican.
Par comparaison, la Chine
arrivait en première position avec 1,245 trillion de dollars de bons du
Trésors au mois de mars, et le Japon en deuxième position avec 1,137 trillion
de dollars. Arrivent ensuite les îles Caïmans et leurs positions
disproportionnées de 265 milliards de dollars, puis l’Irlande avec 264
milliards, le Brésil avec 246 milliards, la Suisse avec 230 milliards, le Royaume-Uni
avec 228 milliards et le Luxemburg avec 221 milliards.
L’Arabie Saoudite, avec ses
116,8 milliards de dollars de bons du Trésor, arrive en treizième position,
derrière la Belgique et l’Inde.
Quelle importance ont les
réserves de l’Arabie Saoudite ? La dette nationale des Etats-Unis est de
19,2 trillions de dollars. Le gouvernement des Etats-Unis en possède 5,37
trillions sous forme de fonds de pensions fédéraux. Les 13,83 trillions
restants appartiennent au « public », dont l’Arabie Saoudite – qui représente
donc 0,8% des parts publiques de bons du Trésor.
Il est possible que le pays détienne
également des bons du Trésor sur des comptes offshore afin de les garder
éloignés du long bras du gouvernement américain.
Mais même si le pays décidait de
se débarrasser des bons du Trésor qu’il possède pour punir les Etats-Unis d’avoir
accepté la réalité des faits concernant le 11 septembre, cette vente ne
serait qu’une goutte d’eau dans l’océan. Dans notre monde de taux d’intérêt
négatifs, la dette japonaise à dix ans rapporte -0,11%, malgré le cauchemar
fiscal dans lequel est plongé le pays. Les obligations à dix ans des autres
pays ont des rendements proches de zéro, avec 0,14% pour les obligations
allemandes.
Les bons du Trésor rapportent
quant à eux 1,76% sur dix ans, soit plus de dix fois ce qu’offrent les
obligations allemandes ! Ce dont l’Arabie Saoudite souhaiterait se
débarrasser serait immédiatement racheté par les ceux qui ont été malmenés
par les politiques des banques centrales.
Quel est le nouveau roi des
fusions et acquisitions qui achète aujourd’hui à prix record et est financé
par des banques d’Etat chinoises ? Lisez ceci : China
Inc. Tries to Buy the World, with Impeccable Timing