|
Avant de commencer, j’aimerais
préciser que cet article ne sera certainement pas populaire. En revanche,
pour adapter la célèbre citation de Patrick Henry, l’arbre de la liberté doit
de temps à autres être arrosé du sang des tyrans et des patriotes – une
citation purement métaphorique, bien entendu. Dans cet article, vous pourrez
substituer le sang des patriotes par les carcasses de ceux qui les premiers
ont défendu la liberté, mais qui aujourd’hui sont devenus ce qu’ils
détestaient autrefois plus que tout. L’Histoire est truffée d’exemples
d’hommes petits ou grands qui ont défendu une cause simplement pour finir là
où ils avaient commencé – sauf qu’à la fin, ils se retrouvent de l’autre côté
du miroir.
De bien grands mots, je sais
bien. Peut-être un peu trop lourds, mais pas impossibles à digérer.
Venons-en un instant à ce qui
est en jeu ici avant d’en revenir à mon message principal, afin qu’il puisse
être mieux compris.
Nous ne sommes pas engagés
temporairement dans une bataille pour la défense des libertés. Il ne s’agit
pas d’une simple rivalité entre villages, ou même entre Etats. Il ne s’agit
pas des Yankees contre les Dodgers, des Steelers contre les Cowboys ou même
des Etats-Unis contre l’URSS en cet instant magique que certains ont pu vivre
à Lake Placid en 1980. Nous ne sommes pas engagés dans une bataille des
idées, et tout n’est pas question que d’imposer des idées par la force.
Ne vous détrompez pas. Nous
sommes engagés dans une bataille qui défie les temps. Qui défend les temps.
Qui défend tout ce qui existe. Contre un ennemi organisé qui ne s’arrêtera
devant rien pour faire pencher la balance en sa faveur. Cet ennemi changera
les lois, rendra légal ce qui était illégal, rendra moral ce qui était
immoral, et fera la norme de ce qui était impensable. Si vous lisez ces
lignes, vous êtes certainement intéressé par l’étude de l’Histoire, et vous
savez certainement ce dont je parle ici. Et vous savez que j’ai raison.
Il y a environ quinze ans,
avec la popularisation d’internet, a commencé la première révolution
médiatique aux Etats-Unis. Parce qu’elles ont alors pu atteindre une audience
très large sans dépenser de lourds frais de publication, les petites voix ont
pu se faire entendre. L’Agence pour les projets de recherche avancée de
défense avait bien des usages à l’esprit lorsqu’elle a créé internet (non, Mr
Gore, ce n’était pas vous) il y a plusieurs décennies maintenant. Il
s’agissait de bien plus qu’un moyen pour des installations militaires isolées
de communiquer entre elles. Internet a révolutionné la vie aux Etats-Unis. Un
grand nombre d’entre vous liront cet article sur un appareil connecté 24
heures sur 24 à cette grande autoroute de l’information. Internet a changé la
manière dont nous vivons nos vies, dont nous faisons des affaires, et même
dont nous pensons.
La révolution dont nous
parlons ici n’était pas intentionnée, mais n’a jamais été une impossibilité.
Elle a toujours été une conséquence plausible de la popularisation
d’internet. L’établissement qui cherche constamment à conquérir les cœurs,
les portefeuilles et les esprits du monde savait ce qui allait en découler.
Et comme il en a l’habitude, plutôt que d’écraser internet, il s’en est
accaparé la machinerie. Il lui a fallu du temps, bien sûr, et entretemps,
beaucoup ont pu se faire une place et faire résonner leur message parmi des
populations qui étaient, pour la première fois depuis des décennies,
encouragées à penser. Dès le premier jour, ces pionniers ont été pris pour
cibles par l’établissement. Les méthodes habituelles de marginalisation,
d’étiquetage et de cooptation ont été déployées, à la manière des opérations
CoIntelPro d’autrefois. Et c’est ce dernier point qui me dérange. Être
étiqueté et marginalisé est généralement de lot de tout un chacun. Le
patriote ne peut pas y faire grand-chose. Ceux qui cherchent à déstabiliser
le statu quo mettent certaines personnes en colère. C’est simplement ainsi
que vont les choses.
Ce sur quoi j’aimerais mettre
l’accent est la cooptation, qui se fait de plus en plus fréquente, notamment
depuis quelques années. Mes lecteurs l’ont déjà souligné, et nous en avons
déjà discuté entre nous. Un grand nombre des noms des médias alternatifs font
la même chose que leurs homologues grand public. Ils se battent pour les
dollars de leurs sponsors, vendent des produits, et font de la publicité. Et
ceux qui en font ainsi doivent toujours s’assurer de garder certaines
personnes satisfaites. Même ceux qui sponsorisent les médias alternatifs ont
des agendas. Après tout, ces gens dirigent des entreprises qui vendent des
produits, et ces produits, comme c’est le cas pour tous les autres, ne se
vendent que sous certaines conditions.
Mais comme notre pays, ce
mouvement a été dévoyé. Nos Pères fondateurs comprenaient parfaitement le
besoin de rafraîchissement constant. La révolution des médias n’a rien de
différent. Une petite remise en forme de temps à autres n’a jamais fait de
mal à personne. Beaucoup ont fait de leur croisade une source de revenus, et
une fois de plus, nous ne remettons en question le patriotisme de personne.
Nous ne connaissons pas ces gens personnellement, ce ne sont là que de
simples observations. La première de ces observations étant que ce mouvement
s’est arrêté. Les médias alternatifs ne se répandent plus pour inclure de
nouveaux domaines. Nous ne lisons plus que les mêmes arguments réchauffés de
semaine en semaine. Ce qui est plus inquiétant encore, c’est qu’un grand
nombre de gens très intelligents se trouvent exclus de l’établissement
alternatif, et sont passés sous silence – ce qui est précisément la raison
pour laquelle ce mouvement est né. Nous sommes devenus ce que nous haïssions.
Andy a commencé à écrire en 2006, quand le mouvement n’en était encore qu’à
ses débuts. Graham n’a jamais écrit seul, mais s’est associé à de nombreux
auteurs depuis 2003. Aucun d’entre nous n’a eu de difficulté à faire entendre
sa voix.
A l’époque, notre groupe, du
moins sur le plan économique, était assez restreint et soudé. Il se divisait
en trois catégories – ceux qui ne cherchaient qu’à faire entendre un message,
ceux qui cherchaient à se faire des clients potentiels – comme Andy – et ceux
qui vendaient un message. La même structure existe encore aujourd’hui, si ce
n’est peut-être que cette dernière catégorie est devenue monopolistique dans
sa présence et sa domination.
Disposent-ils des meilleures
informations ? C’est un sujet de débats. Ils ne disposent certainement
pas de toute l’information. Certaines perles disparaissent pour des raisons
d’égo. Il semblerait que ceux qui n’ont pas le bon nom ne parviennent plus à
se faire entendre, et c’est dommage. Les plus petits d’entre nous ne peuvent
pas se permettre de payer pour Google Adwords ou une campagne web. Même
internet, autrefois peu cher, est devenu très coûteux. Pour se faire
entendre, il faut désormais beaucoup d’argent. Certains en ont suffisamment,
ce qui est rendu évident par le message qu’ils transmettent. Beaucoup ont
succombé à la cooptation, de la même manière que le Tea Party a été coopté
par l’établissement républicain. C’est un sujet difficile à analyser :
les différences en sont très subtiles, mais elles existent. Nous n’avons
certainement pas le discernement nécessaire pour décortiquer le sujet sans
commettre d’erreurs, c’est pourquoi nous ne nommerons personne. A vous
d’émettre votre propre jugement.
Nous ne cherchons pas à
pointer du doigt ou à accuser, mais à lancer à tous, ainsi qu’à nous-même,
une épreuve. La question n’est pas d’exposer notre situation financière ou ce
que nous tirons de nos publicitaires, de nos clics ou de nos ventes, mais de
rester fidèles à nos convictions, et de toujours les faire entendre. C’est
peut-être vieux-jeu et cliché, mais à mesure que progressent les évènements,
le monde se fait de plus en plus dangereux. Chaque année est plus importante
que la précédente. Laissons nos égos de côté pour le bien de notre cause, et
n’oublions pas que c’est cette cause et le feu qui brûle dans nos cœurs qui
nous ont poussés à entrer dans ces eaux troubles. Aidons les plus petites
voix aux excellentes analyses à se faire entendre. Et pour ceux d’entre vous
qui ont toujours défendu la liberté à leurs propres dépens et à ceux de leurs
ressources financières, nous vous remercions, et les générations futures vous
remercieront aussi.
Chers
lecteurs, nous vous encourageons à vous aventurer hors de vos lieux de
lecture et d’écoute habituels pour découvrir l’étendue d’informations qui
existe aujourd’hui. Nous irons même plus loin, en vous demandant de nous envoyer
ce que vous découvrez d’intéressant. Nous en bénéficierions tous.
|
|