Le 5 juillet prochain, la Banque centrale européenne (BCE)
présentera au public le nouveau billet de 50 euros qui devrait être
disponible au printemps 2017. Une décision qui pourrait bien servir de
prétexte à un nouveau gonflement artificiel de la masse monétaire en
circulation…
Depuis 2013, la BCE introduit progressivement sa nouvelle série de billets
intitulée sobrement “Europe” selon l’ordre croissant des valeurs. Les deux
premiers billets de la nouvelle série, les coupures de 5 euros et 10 euros,
ont été mis en circulation respectivement en 2013 et en 2014. En novembre
2015, c’est le nouveau billet de 20 euros qui a été distribué, avec pas mal
de difficultés en raison de l’incapacité d’un grand nombre d’automates,
monnayeurs et autres caisses automatiques à reconnaître la nouvelle coupure.
D’ailleurs, beaucoup ne la reconnaissent toujours pas…
Préparer le terrain
Cette fois, pour le nouveau billet de 50 € dont la sortie
est prévue au printemps prochain, la BCE a organisé le 15 juin dernier un
séminaire à Madrid à l’intention des fabricants d’équipements pour les
billets. Objectif : faciliter l’adaptation des distributeurs
automatiques et autres caisses automatiques en laissant suffisamment
de temps aux constructeurs pour procéder aux modifications nécessaires. En
revanche, rien ne semble avoir filtré quant à la manière dont la BCE envisage
“d’accompagner financièrement” ces entreprises dans la mise aux
normes de leurs matériels, car certaines vont devoir changer tout ou partie
de leurs parcs de machines. Ce que l’on sait, toutefois, c’est que depuis
avril, les banques centrales de chaque pays de la zone Euro ont ouvert leurs
portes aux fabricants d’équipements pour les billets afin qu’ils puissent
découvrir les nouvelles coupures de 50 euros. Et à partir de juillet, ces
entreprises se verront même “prêter” quelques uns de ces nouveaux billets
afin qu’elles puissent les tester dans leurs propres bâtiments et sur des sites
équipés de leurs machines de traitement des billets.
Des évolutions présentées nécessaires
Officiellement, les raisons invoquées pour la mise en circulation de ces
nouvelles coupures sont claires. Tout d’abord, il s’agit de garder
une longueur d’avance sur les faussaires en multipliant les
signes de sécurité, dont la conception nécessite toujours plus de
technologie, afin d’offrir une meilleure protection contre la contrefaçon. De
la même façon, pour des raison d’économie, les nouveaux billets sont également
conçus pour avoir une durée de vie plus longue que celle de
la première série. Plus solides, il ne faudra donc pas les remplacer aussi
vite.
Néanmoins, on ne peut s’empêcher de se demander si tous ces billets vont
être introduits au fur et à mesure que les anciens seront détruits, ou bien
si, au contraire, ils viendront simplement s’ajouter aux quelque 8,5
milliards de billets de 50€ déjà en circulation.
Un nombre de coupures qui risque d’augmenter
Dans les faits, il faut savoir que la coupure de 50 euros est la
valeur la plus largement utilisée au sein de la zone Euro et elle
représente plus de 45 % du volume total des billets en euros en circulation,
toutes valeurs confondues. Évidemment, il ne suffit pas de créer des billets
pour créer de la monnaie, et tout cela implique de savants calculs de
pondération et de compensation dans les comptes des banques centrales.
Toutefois, d’aucuns craignent que cette pondération ne s’opère pas comme elle
le devrait, et que la manœuvre consiste finalement à augmenter la
masse monétaire en circulation de quelques milliards tous les mois.
Une goutte d’eau, certes, au regard de ce que représente l’ensemble de la
monnaie scripturale échangée au quotidien sur les marchés financiers et entre
les banques, mais une grosse goutte d’eau quand même, susceptible de fausser
encore un peu plus la perception des richesses disponibles. Car les billets,
comme les pièces, symbolisent la confiance qu’un peuple met dans sa monnaie
(selon un récent sondage OpinionWay pour AuCOFFRE.com, 68% des
Français sont opposés à la disparition de l’argent liquide). Or,
cette confiance, il y a bien longtemps qu’elle a été trahie, mais
tout le monde continue plus ou moins à faire comme si chaque billet de banque
correspondait réellement à la valeur dont il est frappé.
Remplacement progressif ou accroissement furtif ?
Quoi qu’il en soit, pour en revenir au remplacement progressif des anciens
billets par les nouveaux, il semblerait que les esprits suspicieux aient
quelque raison de l’être. En effet, si on en croit la Banque centrale
européenne, non seulement l’ancienne série de billets et la nouvelle auront
bien évidemment cours légal et, par conséquent, circuleront en parallèle
pendant plusieurs années, mais les anciens billets de la première
série continueront à être émis indéfiniment par de nombreux pays. Au
final, même en comptant sur une disparition progressive d’un grand nombre de
billets endommagés, il y a de fortes chances que le nombre de coupures de 50
€ dépasse en quelques années le seuil des 50% des billets en
circulation. D’autant que, même après l’annonce de la suppression de
cours légal des anciens billets, ceux-ci pourront continuer à être échangés
contre des neufs… sans limitation de durée.
Finalement, s’il y a bien une inflation dans laquelle la BCE est efficace,
c’est celle du nombre d’euros en circulation. Au détriment de leur valeur
relative, c’est vrai, mais c’est un autre débat…