Il est vital pour les
Américains de bien comprendre que la dictature collectiviste du futur (contre
laquelle nous ont mis en garde les écrivains Aldous Huxley et George Orwell)
ne sera pas mise en place d’un seul élan comme en Allemagne nazie, ou par la
violence comme en Russie soviétique, et encore moins par une simple
déclaration de prise de pouvoir. Elle sera établie très lentement,
subtilement, au travers de l’adoption d’idées fausses et de l’établissement
d’un aveuglement subconscient des intellectuels qui dirigent notre pays, par
la corruption des symboles que nous utilisons, et par la distorsion de la
réalité qui les entoure. De telles corruptions d’idées poussent les gens à
croire que ce qu’ils obtiennent n’est qu’une nouvelle forme de liberté, une
sorte de gouvernement progressiste, créatif et bénévole qui élèvera leur pays
au rang d’utopie de capital matériel, au sein duquel tous les Hommes seront
perpétuellement en sécurité et perpétuellement prospères, quelles que soient
leurs capacités, leur intelligence et leur énergie.
Le tyran des temps modernes
tire son pouvoir de ses promesses de rendre la vie de ses citoyens plus
belles et plus satisfaisantes que s’il n’était pas là. Et dans la plupart des
cas, c’est aussi effectivement ce qu’il croit. Il proclame que le besoin de
liberté de son peuple est « dépassé », qu’il doit voir au-delà de
désirs si simplistes, pour viser une grande société planifiée dans laquelle
les rois bureaucrates et philosophes pourront les guider dans leurs décisions
et leurs tribulations, les libérer de la responsabilité de leurs actes tout
en satisfaisant à leurs besoins de base. C’est un chant de sirène aussi
basique que la soif de pouvoir dont il découle, qui attire le peuple d’un
pays vers un esclavage collectiviste aussi certainement que les ténèbres de
la nuit laissent place à la lumière du jour.
L’esclavage au travers
du sophisme
« Le monde est stable, à
présent. » a dit le Contrôleur à Mr Sauvage dans Le Meilleur des
mondes d’Aldous Huxley. « Les gens sont heureux ; ils
obtiennent ce qu’ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent
obtenir. Ils sont à l’aise, ils sont en sécurité, ils ne sont jamais
malades ; ils n’ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine
ignorance de la passion et de la vieillesse… Ils sont conditionnés de telle
sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils
le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma. »
[1]
Les contrôleurs étatistes de
notre époque ont recours aux aides sociales plutôt qu’au soma pour asservir
les masses, mais le principe reste le même. Les esprits les plus faibles
abandonnent toujours leur liberté entre les mains de gouvernements gardiens
qui leur promettent de les libérer des vicissitudes de l’existence. Et les
moyens employés pour parvenir à une telle renonciation se font invariablement
au travers du sophisme et de la manipulation du langage par les tyrans comme
par leurs victimes – les tyrans parce qu’ils souhaitent contrôler la vie des
Hommes, et les victimes parce qu’elles désirent être gouvernées. C’est ce que
voulait dire Ayn Rand par « la sanction des victimes ».
Nous avons donc un processus
en deux parties qui permet à l’Etat collectiviste de gagner du pouvoir :
1) Les esprits les plus faibles de la société, sous l’influence de l’élite
intellectuelle collectiviste, joignent leurs forces pour former des factions
d’électeurs qui votent pour prendre le contrôle des appareils gouvernementaux
et mandater des privilèges, des faveurs et des assistances en leur faveur aux
dépens de ceux qui sont productifs et dépendent d’eux-mêmes. 2) Ces factions
sont formées au fil des années au travers de la distorsion des concepts qui
définissent la liberté et la tyrannie, et qui constituent les droits des
individus.
Le mal n’est jamais toléré par
les Hommes de courage s’ils comprennent clairement quel diable se dresse
devant eux. Mais les plus ineptes, à qui on apprend depuis la naissance que
l’étatisme est bon pour eux alors que l’individualisme leur nuit, votent en
faveur de leur propre esclavage. Beaucoup acclament la servitude et l’abandon
de liberté qui leur sont demandés.
C’est un fait. Les groupes
humains acceptent par nature une vie règlementée et obéissante afin d’obtenir
plus de sécurité personnelle, ce qui fraie un chemin à la monstruosité du
Léviathan. Les Hommes qui ont une certaine force de caractère ne
souhaiteraient jamais abandonner leur liberté et se battraient jusqu’au bout
pour éviter un tel destin. Ce sont les soumis qui élisent les tyrans par
leurs votes emplis d’anxiété. Et c’est au travers de la destruction de la
langue des Hommes et de la mauvaise interprétation de la réalité que le bien
et le mal se mélangent au point de devenir indiscernables, pour établir une
justification philosophique à la croissance d’un tel monstre gouvernemental.
Les masses obéissantes sont ce
que recherchent les tyrans, et l’oblitération de la raison est la contagion
qu’ils répandent. Ils recherchent à propager leurs idéologies au travers de
la nation à la manière de microbes qui infectent des organismes, en les
enseignant dans les écoles, les églises et les médias, en nous disant qu’être
libre et indépendant, c’est être égoïste ; que faire des profits, c’est
exploiter ; et que le capitalisme du laisser-faire ne peut pas
fonctionner. Ils nous disent que la soumission de la majorité est la vraie
liberté. Une audience avide de ces propagandes naît des rangs des
conformistes et des craintifs. Les concepts du collectivisme et
d’Etat-providence sont glorifiés par la jeunesse, et les plus soumis parmi
elle grandissent en désirant plus que tout devenir des collectivistes. Ils
souhaitent plus que tout devenir les serviteurs du gouvernement. Ce qui est
le plus alarmant, c’est qu’un tel processus d’endoctrinement subtil et
sophistiqué prend place aujourd’hui dans presque toutes les universités des
Etats-Unis.
Apprendre à aimer la
servitude
Dans son introduction de Le
Meilleur des mondes, Huxley écrit ceci :
Un Etat totalitaire vraiment
efficace est un Etat au sein duquel tous les chefs politiques et judiciaires
les plus puissants, ainsi que leurs armées d’administrateurs, contrôlent une
population d’esclaves qui n’ont plus besoin d’être contraints, parce qu’ils
aiment leur servitude. Les pousser à aimer cette servitude est la tâche
assignée aujourd’hui, dans les Etats totalitaires, aux Ministres de la
propagande, aux éditeurs de journaux et aux enseignants. [2]
L’armée d’administrateurs que
mentionne Huxley s’abat déjà sur nous. Ces administrateurs sont les
intellectuels étatistes de nos universités et de nos médias. Ils ont un
contrôle très important sur les esprits de notre jeunesse, qu’ils
transforment en des collectivistes amoureux de leur servitude.
Huxley poursuit ainsi :
« A moins que nous
choisissions de décentraliser et d’utiliser les sciences appliquées, non pas
en tant que fin dont les Hommes sont les moyens, mais en tant que moyens dont
une race d’individus libres serait la fin, nous n’aurons à choisir qu’entre
deux alternatives : un certain nombre de totalitarismes nationaux et
militarisés, tirant leur pouvoir de la peur de l’arme atomique et de leur
conséquence qu’est la destruction de la civilisation (ou, si l’armement est
limité, d’un militarisme perpétuel) ; ou un totalitarisme supranational…
qui se développe en parallèle au besoin des gens en stabilité et en
efficacité, pour devenir une utopie d’Etat-providence tyrannique. [3]
Huxley a écrit ces mots en
1946, et notre monde d’aujourd’hui nous prouve qu’il ait vu juste. Ne
savons-nous pas aujourd’hui que la perpétuation du militarisme s’est engagée
dans une guerre limitée sans fin, et avance peu à peu vers une utopie
d’Etat-providence supranational, c’est-à-dire un monde similaire à la Suède,
dont les nouveaux totalitaires prôneront un égalitarisme morbide qui videra
nos vies de tout leur sens ?
Nous n’avons pas encore vu
établi de gouvernement global, mais tout ne sera qu’une question de temps.
Quand il sera établi, les mots de Tocqueville deviendront réalité : il
sera « différent de tout ce que nous aurons pu voir jusqu’à
présent ». Il représentera un pouvoir charitable qui « compresse,
énerve, essouffle et stupéfie un peuple » jusqu’à ce qu’il se trouve
« réduit à rien de plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux,
dont le gouvernement est le berger ». [4]
Imaginez un Etat-providence
similaire à la Suède (qui taxe les revenus jusqu’à 75%) mélangé à un
néo-fasciste de corporatisme global qui ne serait pas sans rappeler le film Rollerball, et qui se
trouvera confronté à des secteurs reculés et désolés à la Mad Max.
Que faut-il
faire ?
Il est évident qu’Huxley avait
raison. Depuis 1913, la République américaine a évolué pour devenir le rouage
central de l’autoritarisme global que nous avons pu lire dans Le Meilleur
des mondes, et s’éloigner du pays libre et souverain forgé par ses Pères
fondateurs. Huxley l’a vu venir, mais n’était pas spécifique au point de nous
expliquer précisément comment « décentraliser » et mettre fin à
l’expansion du gouvernement.
Avec la publication d’Atlas
Shrugged, d’Ayn Rand, et la popularisation des écrivains libertaires
comme Ludwig von Mises et Henry Hazlitt dans les années 1950 et 60, nous
avons en revanche pu apprendre comment le faire.
Si nous voulons mettre fin à
et renverser la destruction de nos libertés, nous devrons en revenir aux
sources de cette destruction. Nous devrons en revenir à l’année 1913 et
débarrasser notre pays des deux institutions établies cette année-là, qui ont
donné au gouvernement fédéral le pouvoir de prendre le dessus sur nos vies –
l’impôt progressif sur les revenus et la Réserve fédérale.
Ce n’est qu’après que ces deux
outils marxistes auront été abolis que nous pourrons mettre fin à
l’élargissement du gouvernement qui détruit la liberté et la raison aux
Etats-Unis. Toutes les causes politiques qui ignorent ces deux sources
d’expansion gouvernementale sont futiles. Ce n’est qu’en refusant au Dracula
bureaucratique de Washington le sang dont il se nourrit que nous pourrons
restaurer ce que voulaient pour nous nos Pères fondateurs. Le monstre
bureaucrate ne pourra grandir sans les impôts sur les revenus et les
politiques monétaires inflationnistes. Mettons fins à ces pouvoir établis par
Washington en 1913 pour sauver la République. Ignorons-les, et notre destin
sera un gouvernement mondial.
En 1932, Huxley a sonné le
signal d’alarme avec Le Meilleur des mondes. Nous devons maintenant
avoir le courage d’agir en conséquence. Nous devons mettre fin aux impôts sur
les revenus et au système bancaire gouvernemental. Ce n’est qu’une fois que
nous nous en serons débarrassés que nous pourrons restaurer la liberté sur
laquelle a été établie l’Amérique.
Notes
1. Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes
2. Ibid., p. xii.
3. Ibid., p. xiv.
4. Alexis de Tocqueville, Démocratie
en Amérique