Le nouveau totalitarisme

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AFR.org
Published : October 03rd, 2016
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Category : Today's Editorial

Il est vital pour les Américains de bien comprendre que la dictature collectiviste du futur (contre laquelle nous ont mis en garde les écrivains Aldous Huxley et George Orwell) ne sera pas mise en place d’un seul élan comme en Allemagne nazie, ou par la violence comme en Russie soviétique, et encore moins par une simple déclaration de prise de pouvoir. Elle sera établie très lentement, subtilement, au travers de l’adoption d’idées fausses et de l’établissement d’un aveuglement subconscient des intellectuels qui dirigent notre pays, par la corruption des symboles que nous utilisons, et par la distorsion de la réalité qui les entoure. De telles corruptions d’idées poussent les gens à croire que ce qu’ils obtiennent n’est qu’une nouvelle forme de liberté, une sorte de gouvernement progressiste, créatif et bénévole qui élèvera leur pays au rang d’utopie de capital matériel, au sein duquel tous les Hommes seront perpétuellement en sécurité et perpétuellement prospères, quelles que soient leurs capacités, leur intelligence et leur énergie.

Le tyran des temps modernes tire son pouvoir de ses promesses de rendre la vie de ses citoyens plus belles et plus satisfaisantes que s’il n’était pas là. Et dans la plupart des cas, c’est aussi effectivement ce qu’il croit. Il proclame que le besoin de liberté de son peuple est « dépassé », qu’il doit voir au-delà de désirs si simplistes, pour viser une grande société planifiée dans laquelle les rois bureaucrates et philosophes pourront les guider dans leurs décisions et leurs tribulations, les libérer de la responsabilité de leurs actes tout en satisfaisant à leurs besoins de base. C’est un chant de sirène aussi basique que la soif de pouvoir dont il découle, qui attire le peuple d’un pays vers un esclavage collectiviste aussi certainement que les ténèbres de la nuit laissent place à la lumière du jour.

L’esclavage au travers du sophisme

« Le monde est stable, à présent. » a dit le Contrôleur à Mr Sauvage dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. « Les gens sont heureux ; ils obtiennent ce qu’ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l’aise, ils sont en sécurité, ils ne sont jamais malades ; ils n’ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse… Ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma. » [1]

Les contrôleurs étatistes de notre époque ont recours aux aides sociales plutôt qu’au soma pour asservir les masses, mais le principe reste le même. Les esprits les plus faibles abandonnent toujours leur liberté entre les mains de gouvernements gardiens qui leur promettent de les libérer des vicissitudes de l’existence. Et les moyens employés pour parvenir à une telle renonciation se font invariablement au travers du sophisme et de la manipulation du langage par les tyrans comme par leurs victimes – les tyrans parce qu’ils souhaitent contrôler la vie des Hommes, et les victimes parce qu’elles désirent être gouvernées. C’est ce que voulait dire Ayn Rand par « la sanction des victimes ».

Nous avons donc un processus en deux parties qui permet à l’Etat collectiviste de gagner du pouvoir : 1) Les esprits les plus faibles de la société, sous l’influence de l’élite intellectuelle collectiviste, joignent leurs forces pour former des factions d’électeurs qui votent pour prendre le contrôle des appareils gouvernementaux et mandater des privilèges, des faveurs et des assistances en leur faveur aux dépens de ceux qui sont productifs et dépendent d’eux-mêmes. 2) Ces factions sont formées au fil des années au travers de la distorsion des concepts qui définissent la liberté et la tyrannie, et qui constituent les droits des individus.

Le mal n’est jamais toléré par les Hommes de courage s’ils comprennent clairement quel diable se dresse devant eux. Mais les plus ineptes, à qui on apprend depuis la naissance que l’étatisme est bon pour eux alors que l’individualisme leur nuit, votent en faveur de leur propre esclavage. Beaucoup acclament la servitude et l’abandon de liberté qui leur sont demandés. 

C’est un fait. Les groupes humains acceptent par nature une vie règlementée et obéissante afin d’obtenir plus de sécurité personnelle, ce qui fraie un chemin à la monstruosité du Léviathan. Les Hommes qui ont une certaine force de caractère ne souhaiteraient jamais abandonner leur liberté et se battraient jusqu’au bout pour éviter un tel destin. Ce sont les soumis qui élisent les tyrans par leurs votes emplis d’anxiété. Et c’est au travers de la destruction de la langue des Hommes et de la mauvaise interprétation de la réalité que le bien et le mal se mélangent au point de devenir indiscernables, pour établir une justification philosophique à la croissance d’un tel monstre gouvernemental.

Les masses obéissantes sont ce que recherchent les tyrans, et l’oblitération de la raison est la contagion qu’ils répandent. Ils recherchent à propager leurs idéologies au travers de la nation à la manière de microbes qui infectent des organismes, en les enseignant dans les écoles, les églises et les médias, en nous disant qu’être libre et indépendant, c’est être égoïste ; que faire des profits, c’est exploiter ; et que le capitalisme du laisser-faire ne peut pas fonctionner. Ils nous disent que la soumission de la majorité est la vraie liberté. Une audience avide de ces propagandes naît des rangs des conformistes et des craintifs. Les concepts du collectivisme et d’Etat-providence sont glorifiés par la jeunesse, et les plus soumis parmi elle grandissent en désirant plus que tout devenir des collectivistes. Ils souhaitent plus que tout devenir les serviteurs du gouvernement. Ce qui est le plus alarmant, c’est qu’un tel processus d’endoctrinement subtil et sophistiqué prend place aujourd’hui dans presque toutes les universités des Etats-Unis.

Apprendre à aimer la servitude

Dans son introduction de Le Meilleur des mondes, Huxley écrit ceci :

Un Etat totalitaire vraiment efficace est un Etat au sein duquel tous les chefs politiques et judiciaires les plus puissants, ainsi que leurs armées d’administrateurs, contrôlent une population d’esclaves qui n’ont plus besoin d’être contraints, parce qu’ils aiment leur servitude. Les pousser à aimer cette servitude est la tâche assignée aujourd’hui, dans les Etats totalitaires, aux Ministres de la propagande, aux éditeurs de journaux et aux enseignants. [2]

L’armée d’administrateurs que mentionne Huxley s’abat déjà sur nous. Ces administrateurs sont les intellectuels étatistes de nos universités et de nos médias. Ils ont un contrôle très important sur les esprits de notre jeunesse, qu’ils transforment en des collectivistes amoureux de leur servitude.

Huxley poursuit ainsi :

« A moins que nous choisissions de décentraliser et d’utiliser les sciences appliquées, non pas en tant que fin dont les Hommes sont les moyens, mais en tant que moyens dont une race d’individus libres serait la fin, nous n’aurons à choisir qu’entre deux alternatives : un certain nombre de totalitarismes nationaux et militarisés, tirant leur pouvoir de la peur de l’arme atomique et de leur conséquence qu’est la destruction de la civilisation (ou, si l’armement est limité, d’un militarisme perpétuel) ; ou un totalitarisme supranational… qui se développe en parallèle au besoin des gens en stabilité et en efficacité, pour devenir une utopie d’Etat-providence tyrannique. [3]

Huxley a écrit ces mots en 1946, et notre monde d’aujourd’hui nous prouve qu’il ait vu juste. Ne savons-nous pas aujourd’hui que la perpétuation du militarisme s’est engagée dans une guerre limitée sans fin, et avance peu à peu vers une utopie d’Etat-providence supranational, c’est-à-dire un monde similaire à la Suède, dont les nouveaux totalitaires prôneront un égalitarisme morbide qui videra nos vies de tout leur sens ?

Nous n’avons pas encore vu établi de gouvernement global, mais tout ne sera qu’une question de temps. Quand il sera établi, les mots de Tocqueville deviendront réalité : il sera « différent de tout ce que nous aurons pu voir jusqu’à présent ». Il représentera un pouvoir charitable qui « compresse, énerve, essouffle et stupéfie un peuple » jusqu’à ce qu’il se trouve « réduit à rien de plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ». [4]  

Imaginez un Etat-providence similaire à la Suède (qui taxe les revenus jusqu’à 75%) mélangé à un néo-fasciste de corporatisme global qui ne serait pas sans rappeler le film Rollerball, et qui se trouvera confronté à des secteurs reculés et désolés à la Mad Max.

Que faut-il faire ?

Il est évident qu’Huxley avait raison. Depuis 1913, la République américaine a évolué pour devenir le rouage central de l’autoritarisme global que nous avons pu lire dans Le Meilleur des mondes, et s’éloigner du pays libre et souverain forgé par ses Pères fondateurs. Huxley l’a vu venir, mais n’était pas spécifique au point de nous expliquer précisément comment « décentraliser » et mettre fin à l’expansion du gouvernement.

Avec la publication d’Atlas Shrugged, d’Ayn Rand, et la popularisation des écrivains libertaires comme Ludwig von Mises et Henry Hazlitt dans les années 1950 et 60, nous avons en revanche pu apprendre comment le faire.

Si nous voulons mettre fin à et renverser la destruction de nos libertés, nous devrons en revenir aux sources de cette destruction. Nous devrons en revenir à l’année 1913 et débarrasser notre pays des deux institutions établies cette année-là, qui ont donné au gouvernement fédéral le pouvoir de prendre le dessus sur nos vies – l’impôt progressif sur les revenus et la Réserve fédérale.

Ce n’est qu’après que ces deux outils marxistes auront été abolis que nous pourrons mettre fin à l’élargissement du gouvernement qui détruit la liberté et la raison aux Etats-Unis. Toutes les causes politiques qui ignorent ces deux sources d’expansion gouvernementale sont futiles. Ce n’est qu’en refusant au Dracula bureaucratique de Washington le sang dont il se nourrit que nous pourrons restaurer ce que voulaient pour nous nos Pères fondateurs. Le monstre bureaucrate ne pourra grandir sans les impôts sur les revenus et les politiques monétaires inflationnistes. Mettons fins à ces pouvoir établis par Washington en 1913 pour sauver la République. Ignorons-les, et notre destin sera un gouvernement mondial.

En 1932, Huxley a sonné le signal d’alarme avec Le Meilleur des mondes. Nous devons maintenant avoir le courage d’agir en conséquence. Nous devons mettre fin aux impôts sur les revenus et au système bancaire gouvernemental. Ce n’est qu’une fois que nous nous en serons débarrassés que nous pourrons restaurer la liberté sur laquelle a été établie l’Amérique. 

Notes

1. Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes
2. Ibid., p. xii.
3. Ibid., p. xiv.
4. Alexis de Tocqueville, Démocratie en Amérique
 

 

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Superbe article.
Mince, j'ai plus de Soma et je commence à angoisser.
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Parfait , j'acquiesce totalement !
Elle est super cette analyse...Merci et bravo pour ce travail absolument remarquable...
Si ce que contient cet article n´est pas LA Vérité avec un grand "V", alors il en est vraiment très très proche !
Bravo à l´auteur.
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Epoustouflant !
Qu'ajouter dés lors que tout est dit. Merci Nelson.
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