Au cours du troisième trimestre
de 2016, la production d’or globale a chuté de 0,5%. Les sociétés minières
ont apporté 846,6 tonnes sur le marché, contre 851,2 tonnes au troisième trimestre
de 2015. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un déclin très important, il marque le
second trimestre consécutif de baisse de la production d’or sur un an. La
tendance actuelle est au plateau, et ne fait qu’augmenter les chances que
nous approchions, ou ayons déjà atteint, le pic de l’or. Voici ci-dessous un
graphique de la production d’or minière annuelle :
Notez aussi l’important déclin
enregistré depuis 2009 jusqu’à aujourd’hui. La tendance de croissance des
années précédentes s’est dissipée pour se rapprocher de zéro.
La production minière atteint
des plateaux en raison des transformations opérationnelles adoptées par les
sociétés minières au cours de ces dernières années. Au fil des quatre années
de correction, les sociétés minières se sont concentrées sur la réduction de
leurs coûts afin de demeurer solvables. Elles ont eu à réduire leurs
opérations d’exploration et à se concentrer sur leurs actifs principaux. Tout
cela aura des conséquences négatives sur la production d’or des années
durant, parce que le développement de nouveaux projets a dans l’ensemble été
considérablement repoussé, ce qui réduira les quantités d’or produites chaque
année.
L’offre d’or totale a augmenté,
en raison uniquement de la hausse de l’offre d’or de recyclage. La hausse du
prix de l’or a encouragé les consommateurs à vendre une partie de leurs
réserves de métal. Cette hausse du niveau de recyclage, alimentée par la
hausse du prix de l’or survenue cette année, ne devrait pas se maintenir sur
le long terme.
Avons-nous
atteint le pic de l’or ?
Un certain nombre d’analystes
pensent que nous avons atteint le pic de l’or en 2015. Le pic de l’or suggère
que la production d’or annuelle totale ait plafonné et diminuera
graduellement à partir d’aujourd’hui. La réduction de la production d’or et
de l’offre d’or totale sera désormais un facteur fondamental positif pour le
prix de l’or.
Le graphique suivant suggère que
nous ayons atteint un pic de l’or en 2015/2016. Le pic des découvertes a été
atteint en 1995. Cet écart coïncide avec la durée moyenne de vingt ans entre
découverte et production.
Un autre facteur à soulever est
que ces nouvelles découvertes ne sont pas aussi importantes en termes de
volume ou de teneur que les découvertes passées. La conséquence en est que
les nouvelles mines contribuent moins à la production d’or globale, et ne seront
pas en mesure de remplacer les anciennes mines en termes de quantité ou de
qualité.
Le directeur de Goldcorp, Chuck
Jeannes, pense que nous approchons aujourd’hui du pic de l’or.
« Il n’y a tout simplement
pas assez de nouvelles mines découvertes et développées, » a-t-il
expliqué au Wall
Street Journal en 2014, avant d’ajouter être très positif pour l’avenir
du prix de l’or.
Et il n’est pas le seul à voir
les choses ainsi :
Nick Holland, le directeur de
Gold Fields, nous a expliqué que : « Nous parlions tous de la
manière dont la production pourrait grimer chaque année. Mais je pense que
ces jours sont révolus. Nous n’allons désormais plus voir de forte hausse de
la production au sein de cette industrie. »
Vitaly Nesis, directeur de
Polymetal : « Je pense que l’offre baissera de 15 à 20% au cours de ces
trois à quatre prochaines années. »
Kevin Dushnisky, président de
Barrick Gold : « Le déclin des teneurs et du niveau de production,
le manque de nouvelles découvertes et les longues périodes de développement
de nouveaux projets sont haussiers pour l’or sur le moyen et long terme. »
Mark Bristow, directeur de
Rangold Resources : « Nous pourrions atteindre le pic de l’or au cours
de ces trois prochaines années, à mesure que les sociétés minières manquent
de remplacer leurs réserves. La production d’or pourrait plafonner dès 2019. »
Barrick Gold, le plus gros
producteur d’or au monde, a produit 1,3 millions d’onces au second trimestre,
un déclin de 7,5% par rapport à l’année précédente. AngloGold Ashanti, le troisième
plus gros producteur global, a enregistré un déclin de production de 12% au
cours de la première moitié de 2016.
La valeur de l’or est
partiellement dérivée de sa rareté. Selon Goldman Sachs, nous ne disposerions
encore que de vingt années de réserves d’or connues. Bien évidemment, de
nouvelles réserves seront découvertes d’ici là, mais ce sont des propos qui
nous aident à réaliser à quel point les réserves d’or du monde sont limitées.
Pour donner de la perspective à
tout cela, tout l’or produit en 2016, s’il était fondu sous forme de barres,
pourrait tenir dans un garage double. Tout l’or jamais produit pourrait tenir
dans une piscine
olympique ou remplir un immeuble résidentiel de 5 étages. Notez que
ces estimations varient parfois, les plus élevées se rapprochant de 180.000
tonnes et étant selon moi les plus réalistes. Quoi qu’il en soit, tout cet or
représente un volume bien moins important qu’on pourrait le croire, notamment
fondu sous forme de cube.
La demande en or devrait gagner
7% sur l’année 2016, alors que la production globale devrait stagner. La
hausse de la demande et la stagnation voire le déclin de la production sont
la recette parfaite d’une hausse de prix. Sur le court terme, la croissance
de l’offre en or devrait satisfaire la demande grâce à l’or de recyclage.
Mais sans lui, la production minière ne serait pas suffisante.
Nous ne sommes pas en mesure de
déterminer l’arrivée du pic de l’or avec certitude. Mais même s’il était déjà
arrivé, son impact sur les prix continuera d’être contenu tant que l’or de
recyclage pourra satisfaire la demande. Au fil du temps, la baisse de la
production et la hausse de la demande des banques centrales, des investisseurs
et des ETF devraient faire grimper le prix du métal jaune.