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Ça coince et ça bouge

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Published : July 05th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Les agences de notation viennent d’ajouter brusquement un obstacle au bouclage du plan de sauvetage de la Grèce, déjà repoussé à on ne sait trop quand. Suivant les avis, à la fin de l’été ou à l’automne, avec la même imprécision que pour la date de publication des résultats des stress tests des banques.


Les agences ont classé le plan français de participation volontaire des banques à ce présumé sauvetage comme étant un défaut en puissance sur la dette, le condamnant sans appel après qu’il ait été reconnu – même par les banques qui renâclaient – comme une bonne base de discussion, bien qu’à parfaire dans les détails.


De son côté, la BCE a maintenu fermement son refus d’accepter à titre de collatéral les obligations grecques si un défaut est constaté par les agences, ce qui plongerait sans délais les banques grecques dans le précipice, pour commencer.


Nous voici revenus au point de départ, dans un grand vide. « Il ne faut pas toucher à un seul cheveu du système financier » est la seule leçon qui peut être tirée des événements de ces dernières 24 heures.


Standard & Poor’s a certes pris position de la manière la plus explicite, mais Moody’s et Fitch ont en réalité été encore plus loin, expliquant dans leurs dernières notes méthodologiques que le seul fait qu’une telle opération soit montée afin d’éviter la faillite de la Grèce lui vaudrait d’être qualifiée de défaut, quelles que soient ses modalités.


Les agences de notation – dont on connaît les faiblesses coupables et qui sont désormais mises en cause au plus haut niveau, sans que rien ne se passe toutefois – sont-elles pour autant totalement dans leur tort ? Elles ne font en fait que constater l’insolvabilité de l’État grec, une vérité qu’il faut cacher car elle en entraîne d’autres.


Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des finances, vient une fois de plus de mettre les pieds dans le plat, en reconnaissant à l’occasion d’une interview au Spiegel qu’il avait un autre fer au feu et se préparait à l’éventualité d’un défaut grec. Désavouant au passage ses collègues Olli Rehn et Christian Noyer qui continuent d’affirmer contre vents et marées qu’il n’y a pas de plan B…


La Grèce est d’autant plus insolvable qu’elle est condamnée à une double peine, démunie des moyens de soutenir son économie – et donc d’accroître ainsi ses recettes fiscales – et devant payer des intérêts exorbitants à ses sauveurs, au nom du terrible danger que représente l’aléa moral (si son sauvetage n’est pas très douloureux, d’autres voudront en bénéficier). S’inscrivant dans cette logique, le plan de sauvetage en discussion évoque des intérêts variant de 5 à 8 % l’an, suivant la croissance économique, prohibitifs et qui ne pourront jamais être payés.


Si l’on comprend bien le fond de la pensée de ces percutants économistes pour qui l’aléa moral est le principal des dangers, les États sont comme les banques, il faut les retenir sinon ils font des grands malheurs. Jamais il ne leur vient à l’idée qu’il faudrait mieux supprimer les dangereux joujoux des dernières.


L’attention est focalisée sur ce nouveau gros obstacle dressé par les agences de notation, moins contournable que ne le pensaient des commentateurs toujours prêt à les minimiser pour la bonne cause, se détournant à tort d’un autre problème, moins spectaculaire mais tout aussi redoutable. La Finlande, soumise à la pression du Parti des Vrais finnois (True Finns Party), exige des garanties à tout nouveau prêt aux Grecs. Rendant impossible de réaliser le plan de vente des actifs qui est prévu, ceux-ci ne pouvant avoir deux utilisations simultanées.


Petit contributeur du fonds de stabilité financier européen, l’abandon du mécanisme par la Finlande n’est pourtant pas envisageable et tétanise les chancelleries, risquant d’inciter d’autres pays à faire de même. Restreignant par la même la base des pays qui en constituent le socle et sont appelés à financer les autres, au fur et à mesure qu’ils rejoignent la zone des tempêtes. Un scénario de film d’horreur de plus.


La nature ayant horreur du vide, suivant l’expression passe-partout, on voit apparaître au fil de l’actualité de nouvelles suggestions pour le combler. Dans son éditorial, le Financial Times rappelle pour en proposer l’application l’épisode des bons « Brady » – du nom de leur inventeur – qui avait permis de juguler la crise financière des États latino-américains dans les années 80 et de l’assainir. Sans entrer dans le détail d’un mécanisme à plusieurs détentes, il s’agit de proposer aux créanciers privés d’échanger leurs obligations contre des bons garantis par l’État mais à maturité plus longue ou après décote de la valeur des obligations initiales.


Allant plus loin dans ses intentions, un appel signé par des personnalités européennes est parallèlement paru dans le Spiegel, appelant à l’émission d’euro-obligations. Le belge Guy Verhofstadt, le français Michel Rocard, le portugais Jorge Sampaio, l’italien Guiliano Amato, tous anciens chefs d’État ou de gouvernement, ainsi que le grec Yanis Varoufakis et le britannique Stuart Holland se sont déclarés en faveur d’un New Deal européen financé par ce moyen, sur le modèle du plan lancé par Franklin D. Roosevelt pour sortir dans les années 30 les États-Unis de la Grande dépression.


Dans leur déclaration commune, les parti socialistes allemand et français se sont aussi déclarés en faveur de l’émission d’euro-obligations, leur fixant notamment comme objectif de financer « un programme de croissance européen qui soutienne en particulier l’activité économique et la compétitivité des États membres affaiblis ».


Enfin, moins explicite mais provenant du gouvernement polonais de centre-droit, qui vient de prendre la responsabilité de la présidence tournante de l’Union européenne, une première critique des plans de sauvetage conçus au sein d’une Eurozone qu’il est appelé à rejoindre est à signaler. Jacek Rostowski, le ministre des finances, les juge trop focalisés sur la réduction de la dette et pas assez sur le soutien à la croissance. Un de ses collaborateurs en tirant comme conclusion, sous couvert d’anonymat, que la Pologne ne pourra rejoindre la zone euro que « quand elle sera sortie de l’hôpital ».


Les dirigeants européens sont confrontés à deux problèmes distincts qui appellent une réponse commune. D’un côté, liquider le passé et les effets de la crise financière, abusivement caractérisée comme crise de la dette publique. De l’autre, envisager le redémarrage de l’activité économique sur de nouvelles bases, tenant compte des réalités mondiales et de l’avénement désormais acquis de pays émergents qui ne devraient plus être désignés ainsi.


Il est significatif que le débat se déplace insensiblement vers le second volet, dans le cadre duquel il est seul envisageable de régler le premier. Sans se contenter et se perdre dans les problématiques institutionnelles de la nouvelle gouvernance économique, qui la réduisent au rôle de père fouettard au service exclusif des intérêts du système financier, tout en la profilant sous des jours bien peu démocratiques.


Cela rend indispensable de cerner ce que vont être les moteurs de cette activité économique, pour laquelle le terme de croissance n’est pas recommandé, étant donné ce qu’il a signifié et qu’il est exclu de reproduire. S’il devait s’agir, comme cela a par exemple été en pure perte le cas au Japon, et aux États-Unis à moindre échelle, d’un programme de grands travaux, cette tarte à la crème de la relance qui engraisse les entrepreneurs du BTP et les politiciens corrompus qu’ils arrosent, cela n’aurait aucun sens. L’Espagne et le Portugal, pour ne citer qu’eux, ont largement utilisé leurs fonds structurels européens pour construire des kilomètres de ponts, de tunnels et d’autoroutes, sans plus générer d’activité productrice à l’arrivée et se retrouver aujourd’hui avec des infrastructures quasi désertes dans de nombreux cas.


S’il fallait s’engouffrer dans le dernier secteur à la mode qu’est celui de l’énergie renouvelable et du « green business », des déconvenues seraient à en attendre car celui-ci, mis à toutes les sauces et déjà très concurrentiel, ne peut prétendre se substituer aux activités déclinantes. Pas plus que la galéjade de l’aide aux personnes âgées et des services d’assistance ne peut prétendre résoudre la question de l’emploi.


De la même manière que le système financier est nécessairement à la veille de son profond aggiornamento, n’en déplaise à ceux qui veulent continuer comme avant et pratiquent la fuite en avant, l’activité économique de nos sociétés ne peut continuer à se développer sur sa lancée et sur le même mode. Non seulement en raison de considérations environnementales, qui ne pardonneront pas si elles ne sont pas écoutées, mais également d’exigences sociales, toutes aussi essentielles si l’on veut s’inscrire dans le XXIéme siècle. Il serait temps.


Mais pour revenir dans l’actualité, l’État américain du Minnesota, en faillite avec un trou de 5 milliards de dollars, vient de fermer au 30 juin les portes de nombreux services publics, ne pouvant plus financer les salaires de 22.000 fonctionnaires. Ne pouvant constitutionnellement financer par l’emprunt ses dépenses courantes de fonctionnement, le gouverneur démocrate a du se résoudre à cette extrémité, les élus républicains s’opposant au relèvement des impôts des contribuables les plus aisés et réclamant des coupes dans les dépenses publiques. C’est très exactement ce même débat qui oppose les démocrates et les républicains au niveau fédéral. Même cause, même effet ?


Un défaut américain début août prochain serait d’une toute autre portée qu’un défaut de la Grèce… Les deux sont incertains mais possibles.




Billet rédigé par François Leclerc


Paul Jorion




(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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l' essentiel des analyses de Jorion consiste en des considérations verbeuses, pleines de relents gauchisants et creuses... articles de bien peu d' intérêt....
Jorion tourne autour du pot avec une infinie prudence.
Parler de la pluie ou du beau temps mais au grand jamais de la cause fondamentale du mal actuel qui est la création monétaire privée.
De l'argent sorti par milliards de la magie des réserves fractionnaires bancaires.
Argent imaginaire qui va s'incarner dans des biens réels comme les ports , les autoroutes et tous les biens de la Grèce, en attendant la France.
Ceci sans aucun contrôle si ce n'est la supervision d'un autre banquier appelle banquier central, dirigé par le cartel des banques mondiales , parfaite illustration du renard en chef gardien du poulailler.
C'est grotesque.
C'est un système de Ponzi gigantesque qui a les moyens de se payer et de manipuler les politiques , créer ainsi les lois sur mesure qui justifient ces systèmes, quel qu'en soit le prix payé par la population.
Et les experts autoproclamés, les ethnologues, les prix Nobel, transformés en agents de la propagande de vouloir perpétuer ce système moribond , d'un aléa moral insoutenable et fossoyeur de notre société occidentale.
Parler de tout avec brio mais jamais des choses fondamentales, fuir la vérité.
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fredbob - 7/5/2011 at 10:57 AM GMT
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