Le gaslighting du public
américain se poursuit, et le manipulateur émotionnel en chef, le The New York Times, continue
d’attiser la paranoïa de la menace russe.*
Voilà qui me rappelle une vielle
tactique de pêche à la mouche appelée « éclosion artificielle ».
Les truites aiment se gaver de nymphes d’éphémères communes qui remontent à
la surface de nappes d’eaux et se libèrent de leurs coquilles larvaires pour
prendre leur envol en tant qu’adultes ailés. C’est là quelque chose qu’elles
font en groupe, à un moment particulier de la journée, dépendamment de leur
sous-espèce. Cette « éclosion » provoque chez les truites une
véritable frénésie alimentaire.
Il arrive bien souvent que rien
ne se passe sous l’eau, et qu’un pêcheur à la mouche, bercé par l’ennui,
lance sa ligne ici et là à la surface d’un lac pour tenter de simuler une
éclosion de nymphes d’éphémères et éveiller la curiosité des truites. C’est,
pour être franc, une tactique grossière, un acte de désespoir. Il n’en est
pas moins que cette tactique offre à notre pêcheur quelque chose d’autre à
faire que de s’inquiéter de son prochain versement hypothécaire.
La frénésie de la menace russe
est quelque chose de très sérieux, parce qu’elle indique qu’un état de guerre
existe aujourd’hui entre la bureaucratie permanente du gouvernement (le Deep
State) et la nouvelle administration Trump. Certains aspects de cette
opposition sont plus troublants encore que le soi-disant piratage des
élections américaines par la Russie et le raffut autour de l’interception d’un
simple coup de téléphone entre Michael Flynn et l’ambassadeur de Russie dont
le but était simplement l’ouverture d’une ligne de communication entre deux
hauts responsables, ce qui n’a jamais été qu’une opération de routine pour n’importe
quelle autre administration.
Plus troublants encore sont les
signes que ce qu’on appelle la Communauté des renseignements a comploté avec
des forces articulées autour de fonctionnaires du parti démocrate, dont l’ancien
président Obama et Hillary Clinton, mais aussi la CNN, le Times, le Wash-Po, NBC News et une
poignée d’autres porte-paroles de l’établissement vaincu. Obama et Hillary
ont été pris au piège dans cette tourmente, mais il ne fait aucun doute qu’ils
passent eux-aussi des coups de fil à tour de bras (je me demande si la
Communauté des renseignements surveille également leurs appels).
Jusqu’à sa conférence digne du
capitaine Queeg sous stéroïdes qui a eu lieu hier, Trump a fait le dos rond
après que la réputation du général Flynn a été salie, bien qu’il ait
certainement comploté quelques contre-attaques, avec Bannon et Steven Miller
tirant sur leurs laisses, assoiffés de sang. Certains des employés de la CIA
et des – quoi ? - seize autres agences de la Communauté des
renseignements qui soutiennent le gouvernement tels des tarets dans un navire
de bois pourri seront-ils invités à fouler le tapis du bureau ovale pour y
recevoir des papiers roses ? Comment drainer le marécage de Langley ?
Avec des assignations à comparaître ? Il ne fait aucun doute que Jeff
Session, du Département de la Justice, ait de quoi peser lourd contre les responsables
de divulgations. Après tout, les fuites sont interdites par la loi.
L’autre élément troublant dans
tout ça est le battage de tambours de guerre auquel s’adonnent le même groupe
de personnages : la Communauté des renseignements, le parti démocrate et
les médias conventionnels. Pourquoi cherchons-nous à contrarier la Russie ?
Pendant le dernier mois du mandat d’Obama – et pour la première fois en de
nombreuses années – l’OTAN a fait avancer quelques chars vers la frontière
entre la Russie et les Etats baltiques. Pensez-vous vraiment que la Russie
cherche à reconquérir ces nations, et à drainer dans le même temps les fonds
de son Trésor ? Au crépuscule de la présidence d’Obama, les
représentants du gouvernement ont émis des accusations peu spécifiques à l’égard
de la Russie, et fait de vagues références aux projets du pays de dominer la
scène globale. Pardon ? Il est vrai que nous ayons assisté à un épisode
désolant de l’Histoire en Ukraine, mais ce dernier a été manigancé par le
Département d’Etat d’Obama. Savez-vous pourquoi la Russie a ensuite annexé la
Crimée ? Elle n’aurait pas pu le faire pour des raisons plus
transparentes et rationnelles. Et pourquoi nous mêlons-nous de ce que fait la
Russie en Syrie ? Pourquoi ne pas la laisser soutenir le gouvernement d’Assad ?
Ce n’est pas comme si le Proche-Orient avait besoin d’un Etat en faillite
supplémentaire. Quel est notre plan pour la Syrie ? Le même que ceux que
nous avions élaborés pour la Somalie, l’Irak et la Libye ? Toutes ces
histoires concernant les intentions de la Russie sont complètement tirées par
les cheveux. Je trouve fou que les lecteurs du New York Times les avalent sans se poser de
questions. Voilà qui en dit long sur la détérioration du patrimoine génétique
de notre pays. Mais ces articles alarmistes ont toutefois un objectif :
promouvoir un état d’hostilité permanente, à la mode Guerre froide, pour
justifier les opérations grotesquement envahissantes de la Communauté des
renseignements.
Notez aussi qu’une nouvelle
Guerre froide bénéficierait aux milliers d’anciens membres de la CIA et
officiels de l’armée qui se sont lancés ces dernières années en tant qu’entrepreneurs
indépendants au service du Deep State. Une nouvelle Guerre froide serait pour
eux un excellent gagne-pain. Ne pensez-vous pas que le Congrès devrait
enquêter quant au nombre d’entrepreneurs indépendants qui vendent leurs
services au Deep State ? Cela ne représenterait certainement pas un
scandale digne du Watergate, mais il n’en est pas moins qu’il serait plus
intéressant que l’affaire Mike Flynn.
Vous êtes-vous déjà demandé ce à
quoi ressemblerait une guerre avec la Russie si les désirs du sénateur McCain
et de Lindsey Graham venaient à se réaliser ? Où serait établi le champ
de bataille ? Enverrions-nous des troupes littéralement envahir le territoire
russe ? Napoléon et Hitler y ont déjà laissé des plumes. Et quel en
serait l’objectif stratégique ? Occuper la Russie et lui apprendre la
démocratie ? Voilà qui serait culotté. Irions-nous régler notre problème
avec la Russie dans un pays du Tiers-monde, comme nous l’avons fait dans les
années 1960 ? Une nouvelle guerre du Vietnam semble être exactement ce
dont nous avons besoin aujourd’hui… ou peut-être une autre guerre de
cinquante ans comme celle du Congo. A moins que nous options pour lâcher la
grosse bombe, ou même mille ! Oh, mais attendez un instant… les Russes en
ont aussi.
Il se pourrait que le président
Donald Trump soit complètement frappé, mais mijoter de fausses hostilités
avec la deuxième superpuissance nucléaire mondiale est une drôle de manière
de manigancer un coup d’Etat contre la Maison blanche. S’il est vraiment fou,
alors des généraux ne tarderont pas à entrer en scène et à le démettre de ses
fonctions – comme j’ai prédit qu’ils le feraient sous soixante jours après
son investiture. Mais même si Trump est fou et incompétent, y a-t-il quoi que
ce soit de bon à tirer d’une matrice du Deep State qui refuse de se subordonner
à quiconque, et peut faire tout ce qu’elle souhaite quand elle le souhaite ?
Si vous avez la moindre connaissance historique, vous savez que Wyatt Earp n’était
absolument pas le boy-scout qu’on le dit avoir été, mais un bandit marqué par
un grain de folie. Peut-être sont-ce là les qualités requises pour oser s’opposer
au Deep State.
* Gaslighting – une forme de
manipulation émotionnelle qui vise à semer le doute chez un individu ou parmi
les membres d’un groupe, dans l’espoir de pousser ses victimes à remettre en
cause leur propre mémoire, perception et santé mentale.