Surprise, consternation et tremblements : on apprend effaré que Nicolas Hulot, l’extraordinaire Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, a décidé de démissionner. Tout l’appareil politique français est en ébullition, toute la presse est sur les dents : cette nouvelle, tellement étonnante, va évidemment entraîner un profond changement dans la politique de Macron et du gouvernement Philippe.
Et non en fait.
Non, il n’y a eu aucune surprise dans le départ du fadasse ministre : après une longue année d’atermoiements pathétiques, de petits couinements difficilement audibles et de petites agitations sans impact, tout le monde s’attendait à ce que le prétexte télégénique lâche l’affaire un jour ou l’autre. Les plus méchants se contenteront d’évaluer la qualité de la gamelle à la longévité du maroquin puisqu’en plus d’un an de déconfitures et d’inutilité presque chimiquement pure, Hulot a eu maintes fois l’occasion de démissionner et n’est passé à l’acte que maintenant. Finalement, ça occupe de ne rien faire, surtout lorsqu’on est Ministre.
Non, l’appareil politique n’est pas non plus en ébullition. Même si, pour obtenir un effet médiatique maximal, Hulot a choisi de ne pas informer préalablement ni Macron ni Philippe, la nouvelle de la démission du ministre n’a certainement pas remis en cause les principaux plans du gouvernement. Au passage, l’homme de télé a bien calculé son départ théâtral puisqu’il évite ainsi qu’il soit noyé dans les agitations de rentrée scolaire et gouvernementale ou du tumulte habituel des politiciens en mal de gros micros mous ; force est aussi de constater qu’en ne laissant aucun préavis à ses supérieurs hiérarchiques, il tente probablement de leur rendre la monnaie d’une pièce qu’il a péniblement trimbalée toute l’année passée, puisqu’à chaque fois qu’il a émis quelques pépiements de mécontentement sur l’un ou l’autre sujet, il n’a été vaguement entendu que de la presse et écouté par personne…
Non, décidément et très pratiquement, la plupart des gens un minimum lucides se fichent comme d’une guigne du départ du petit ministre : les écolos dans l’âme se sont bien rendus compte de l’impact absolument nul du présentateur télé sur les politiques du gouvernement et les autres auront même du mal à évaluer objectivement ce qu’il a bien pu faire, concrètement, en quinze mois de présence au gouvernement.
Quelques jours vont maintenant s’écouler pendant lesquels le gouvernement devra se réorganiser, au moins dans la forme, pour tenir compte de cet événement qui, s’il n’est pas stupéfiant, doit probablement changer l’ordre des ronds de serviettes aux tables de l’Élysée.
Politiquement, le départ de Hulot posera probablement quelques petits problèmes électoraux à Macron qui avait acquis, par le truchement du vendeur de shampoings, un jeton de présence chez les bobos, les écolos et une certaine partie des Français qui trouvaient agréable le discours convenu et le Niagara de poncifs environnementaux du ministre.
Et c’est là que se situe un danger : par qui diable Macron voudra-t-il remplacer Hulot ? Déjà, on sent que les candidats à la gamelle se bousculent au portillon et on n’est pas à l’abri d’une nouvelle catastrophe industrielle si – horresco referens – Ségo, la Reine des Neiges, venait à décrocher le pompon.
Indépendamment de ces considérations de personnes (qui glacent le sang, n’est-ce pas), le constat demeure : Hulot sera remplacé. Parce que, comprenez-vous, forcément, il va falloir remplacer un ministre si important !
Forcément.
Mais au fait, faut-il vraiment songer à le remplacer ?
Après tout, s’il y a bien un élément saillant qui ressort de la quinzaine de mois d’exercice du ministre Hulot, c’est qu’un courant d’air (provoqué par un rare mouvement d’éolienne par exemple) aurait fait sensiblement le même travail. Et si l’on passe rapidement sur les frais que le contribuable aura supportés (Nicolas, rendez l’argent !), on ne peut que constater l’absence presque complète de tout impact d’un Ministre de l’Écologie truc machin et de la Transition bidule chouette avec de vrais morceaux de Social dedans.
C’est, quelque part, rassurant : les précédents encombrants avatars à l’Écologie ont fait d’assez nombreux dégâts dans le pays, depuis les écotaxes ultra-coûteuses jusqu’aux réglementations délirantes au gold-plating omniprésent, en passant par leurs saillies résolument catastrophistes et délicieusement collectivistes, anti-capitaliste, anti-marché libre, anti-progrès assez récurrentes. Dans ce contexte, la bonne innocuité de Hulot dans le débat national aura permis de souffler un peu.
Mais plus concrètement, à quoi diable sert exactement un ministre de la transition énergétique ? Tout comme pour le redressement national, on peine à voir en quoi le pays et les millions d’individus et d’acteurs économiques qui le composent auraient besoin, subitement, d’un capitaine, d’un guide quelconque pour se redresser, ou pour transiter, ou pour faire quoi que ce soit du reste. Un tel ministre (comme beaucoup d’autres, en fait) est l’illustration pénible et coûteuse de cet hubris démesuré des politiciens qui croient pouvoir tout régenter.
Non, l’écologie, l’environnement et la consommation énergétique ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront jamais mieux gérés par un gouvernement que par des individus faisant directement face à leurs responsabilités. Mis-à-part les éditorialistes fiévreux d’une presse sursubventionnée et étatisée à mort d’un côté, et les lobbyistes de l’autre côté, qui ont tout intérêt à conserver un tel maroquin dans le système pour alimenter leurs papiers pour les premiers ou imposer leurs idées législatives pour les seconds, personne n’a besoin d’un ministre du bétonnage des campagne pour des éoliennes néfastes, d’une transition énergétique basée sur du pipeau de grand chemin, ou de pousser ces énergies renouvelables dont tout indique qu’elles sont avant tout un gouffre financier, économique et écologique.
Et surtout, ces agitations purement cosmétiques comme un Shampoing Gel Douche Ushuaïa Fraîcheur Intense aux Minéraux Marins de l’Arctique 250 ml en lot de 3 pour seulement 23.40€, ça n’intéresse réellement personne quand le pays est en proie à un chômage qui refuse de disparaître alors même que de nombreux emplois restent dépourvus de bras ou que l’immigration ou l’insécurité générale du pays semblent manifestement occuper bien plus les esprits que ce que voudraient nous faire croire certains Gaïatollahs.
En somme, Hulot s’en va, c’est très bien. Mais, de grâce, ne pensons surtout pas printemps et ne remplaçons pas le dispensable ministre ! Que le gouvernement laisse ce poste vide, et qu’il se consacre enfin, enfin !, aux problèmes concrets rencontrés effectivement par la majorité des Français.
Il serait temps.