Tesla Motors Inc. (NASDAQ:TSLA) et Ivanhoe Mines Ltd. (TSE:IVN) (OTCMKTS:IVPAF), qui appartient à Robert Friedland, pourraient
avoir plus de raisons de négocier qu’Elon Musk oserait l’admettre. Tesla a
commencé, au début du mois, à produire des cellules de batterie à l’ion de
lithium dans son usine du Nevada, et a récemment annoncé que cette usine accueillerait
également la fabrication des composants du moteur électrique et de la boîte de
vitesse de sa Model 3.
Mais Tesla n’est pas la seule
société à avoir commencé à produire en masse des batteries lithium-ion.
Renault, Nissan, BMW, GM, Volkswagen, Dailer, Fiat, Chrysler, Hyundai, Ford
et Toyota ont tous promis d’élargir leur gamme de véhicules électriques, ce
qui implique une hausse de la demande en piles à combustible à l’ion de
lithium.
Vous ne parviendrez pas à
fabriquer des batteries dans votre propre usine, et votre société finira par
fermer ses portes. Nous ? Nous ferons rentrer de l’argent en vendant vos
actions à découvert – Robert Friedland
A l’heure actuelle, le plus gros
producteur de batteries à l’ion de lithium est LG, suivi de près par Samsung
et Panasonic, à en croire les données fournies par Navigant Research. A123,
BYD, AESC et Johnson Controls ont également pris d’importantes initiatives en
ce sens.
En revanche, les implications
pour la demande en lithium et en cobalt suggèrent que nous puissions bientôt
faire face à des pénuries susceptibles de ralentir la productivité et, par
extension, de faire grimper le prix futur des batteries à l’ion de lithium.
Les investisseurs commencent à
se demander si Musk sera en mesure de donner vie à la vision de Tesla si les
problèmes de chaine d’approvisionnement ne sont pas rapidement réglés.
Pas de cobalt,
pas de Tesla ?
J’ai récemment eu l’honneur de m’entretenir
avec Robert Friedland, directeur d’Ivanhoe Mines, qui développe actuellement
des projets dans la République démocratique du Congo, aujourd’hui source de
65% des réserves globales de cobalt.
« Le prix du cobalt est
passé de 17 à 110 dollars par kilo au cours du dernier cycle. En 2008, le
cobalt s’affichait à 110 dollars. Cette année, il est passé de 26 à 32
dollars. Et son ascension ne fait que commencer. Une majorité des réserves de
cobalt du monde sont extraites de manière artisanale en République
démocratique du Congo, mais les producteurs de voitures électriques ont
besoin de cobalt qui ne soit pas extrait de manière artisanale, parce que
leurs chaines de distribution sont auditées. Il est donc aujourd’hui
nécessaire de découvrir du sulfate de cobalt et de nickel hors des frontières
du Congo. »
Ce à quoi il fait référence ici,
c’est la prédominance du travail des enfants dans les exploitations minières
congolaises, une situation que les plus gros fabricants se sont engagés à
combattre, dans le respect des attentes des organisations de défense des
droits de l’Homme.
L’année dernière, la société
chinoise Molybdenum a racheté 56% des intérêts de Freeport McMoRan sur la
mine Tenke Fungurime, l’une des plus grosses sources globales de cobalt,
située dans la province du Katanga, au sud-est du Congo. Ludin Mining a
ensuite annoncé la vente de 24% de ses intérêts sur la mine. La société
minière congolaise Gecamines s’est opposée à la vente, une opposition qui a
récemment été résiliée.
Voilà qui place la Chine en tête
de la révolution du cobalt. La société chinoise Moly possède également des
intérêts sur la raffinerie Kokkola, en Finlande, où 10% de la production globale
de cobalt de 2016 a été raffinée.
Friedland a résumé la situation
ainsi :
« Elon est venu me voir
parce que nous disposons d’opérations de sulfate de nickel et de cobalt en
Australie, et pas au Congo. Il m’a dit ‘Je possède la plus grosse usine de
batteries au monde, et je souhaite acheter votre nickel et votre cobalt au
prix marché actuel pour dix ans, parce que je suis le plus gros acheteur’.
Alors j’ai dit à Elon Musk, ‘Vous
savez, c’est intéressant, j’y réfléchirai’. Et deux mois plus tard, je suis
allé le voir et lui ai dit ‘Elon, vous êtes complètement cuit. Les Allemands
construisent une usine deux fois plus grosse que la vôtre, et les Chinois en
construisent quatre. Les Japonais en auront bientôt deux, et les Coréens une.
A moins que vous acceptiez de payer notre cobalt et notre nickel à prix
marché, vous ne parviendrez pas à fabriquer des batteries dans votre propre
usine, et votre société finira par fermer ses portes. Nous ? Nous ferons
rentrer de l’argent en vendant vos actions à découvert’. »
Les médias et les investisseurs
spéculent de plus en plus sur la potentielle restriction des ambitions de
Tesla et autres développeurs de véhicules électriques pour des raisons d’interruption
des chaines d’approvisionnement.
La vision d’Elon Musk est sans
équivoque : l’accessibilité des véhicules Tesla dépend de la capacité de
la société à réduire le coût des batteries à l’ion de lithium. Parce que la
production de nouvelles batteries surpasse aujourd’hui les réserves de
lithium et de cobalt disponibles, cet avenir pourrait être plus distant que
le pensent Tesla et les autres consommateurs de batteries à l’ion de lithium.