L’idée
selon laquelle les activités humaines ont une influence majeure sur le
climat de la planète s’est maintenant imposée chez les
décideurs politiques et les populations. Il serait donc admis
qu’elles y renforcent
l’effet de serre à cause de l’augmentation de la
teneur en CO2 de l’atmosphère qu’elles provoquent.
Le
dernier ouvrage de Christian Gérondeau
explore cette évolution et tente d’exposer comment, en un quart
de siècle, le changement climatique d’origine anthropique est
devenu une des principales préoccupations politiques de la
planète. Il analyse aussi le coût
des mesures prises pour répondre à une vision de
l’évolution de la Terre qu’il juge catastrophiste.
Donnant
son titre à l’ouvrage, sa thèse consiste à
prédire que la crise économique et financière poussera
les États, dans un souci d’économie et pour favoriser le
pouvoir d’achat et l’emploi des populations, à abandonner
les dépenses publiques liées à la lutte contre le
changement climatique.
L’ouvrage
se consacre donc à une description du mouvement environnementaliste et
des ses principaux piliers. On y trouve ainsi une
analyse du fonctionnement du Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat (GIEC). L’auteur le présente, en
particulier, comme un organisme
politique donnant l’illusion d’avoir une caution scientifique. Il
indique par exemple les différences de fond et de forme entre le
rapport spécial du GIEC, le résumé à l’usage des
décideurs et le communiqué
de presse, illustrant ainsi cette thèse de manière
particulièrement révélatrice.
On
aurait sans doute aimé que le rôle des militants, des
élus, des administrations et surtout de la presse dans la
création de ces distorsions, amalgames et transpositions simplistes de
la science soit étudiés avec plus de détails.
A
l’origine du mouvement environnementaliste moderne, on trouve trois
auteurs et trois livres : Silent Spring de Rachel Carson, The Population Bomb de Paul Ehrlich, et
The Limits to
Growth du Club de Rome. Ces trois ouvrages
présentent le monde comme chroniquement pollué, surpeuplé,
voyant ses ressources réduites à néant et fonçant
à toute vitesse vers un cataclysme environnemental.
Pour
Christian Gérondeau,
cette vision du monde catastrophiste est aujourd’hui dominante car elle
a été endossée par des personnages influents comme le
météorologiste suédois Bert Bolin, l’homme
d’affaire puis haut fonctionnaire international canadien Maurice Strong et le physicien et astronome américain
James Hansen.
L’originalité
de l’ouvrage réside dans l’exposé que fait Christian Gérondeau de l’ampleur des coûts
directs et indirects des mesures prises pour répondre à cette
vision catastrophiste de l’évolution de la planète.
L’illusion
de devoir ou de pouvoir sauver la planète a de graves
conséquences sur l’économie car elle détourne les
investissements de là où ils seraient les plus utiles et les
mène vers des impasses économiques, techniques et sociales. L’auteur
passe ainsi en revue différents secteurs-clefs de
l’économie : électricité nucléaire et
éolienne, gaz de schiste, pétrole, route, rail et voiture
électrique.
Il
défend le point de vue que face à la crise économique et
financière, des projets environnementalistes vont devoir être
abandonnées. D’un mal sortira un bien en quelque sorte pour
l’auteur, à savoir qu’on saura revenir aux
fondamentaux : l’emploi et le niveau de vie des citoyens.
Enfin,
un fascicule intelligemment construit, regroupe en fin d’ouvrage les
illustrations des différents chapitres. Il est essentiel et peut faire
l’objet d’une lecture autonome.
Christian
Gérondeau enquête sur le réchauffement
climatique et l’écologie en général depuis
maintenant dix ans. Il a également publié : Écologie
la grande arnaque (Albin
Michel) et CO2, un mythe planétaire (éditions du Toucan). Comme
il aime à le rappeler, il est polytechnicien et son amour pour sa
formation peut quelquefois le porter à faire des commentaires
surprenants, comme lorsqu’il déclare page 140 :
« Il est impossible de comprendre ce qui se passe en Chine si
l’on ne sait pas que le Parti communiste qui y tient tous les leviers
se trouve entre les mains d’ingénieurs, ce qui est du reste
l’une des causes de la réussite économique exceptionnelle
du pays ».
Evitant
l’écueil de la théorie du complot, Christian Gérondeau
tombe parfois dans celui consistant à qualifier ses adversaires
intellectuels de personnes sectaires faisant la promotion d’une
nouvelle religion verte. Le refus du débat ainsi que les
réactions quelquefois bornées et insultantes de ces
détracteurs semblent trop souvent lui donner raison sur ce point.
Complet
et accessible, l’ouvrage n’apporte pas de fait nouveau au lecteur
s’étant déjà penché sur cet important
débat. Mais sa clarté et ses qualités de synthèse
sont à recommander pour quiconque souhaite s’informer de la
vision climato-sceptique du changement climatique et du mouvement
environnementaliste moderne.
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