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Les
éditions Berg International republient un petit opuscule du philosophe
Paul Janet (1823-1899). Ce dernier, brillant élève de Victor
Cousin, fut également son secrétaire en 1845-1846 avant
d’enseigner la philosophie morale
à Bourges (1845-1848), à Strasbourg (1848-1857), puis la
logique au lycée Louis-le-Grand à Paris (1857-1864). À
partir de 1864, il occupe la chaire d’histoire de la philosophie
à la Sorbonne et la même année, il est élu membre
de l’Académie des sciences morales et politiques.
« Si un peu de philosophie, dit-il, mène au scepticisme,
beaucoup de philosophie en éloigne et assoit l’esprit dans un dogmatisme
limité, mais inébranlable. »
Il
écrit dans la Revue de la
législation, dans le Dictionnaire
des sciences philosophiques et dans la Revue des Deux Mondes. Parmi ses ouvrages majeurs, citons : Essai sur la dialectique de Platon
(1848), sa thèse de doctorat ; la Famille (1855), ouvrage couronné par
l’Académie française ; une traduction des
Confessions de saint Augustin (1857) ; Histoire de la philosophie morale et politique dans
l’antiquité et dans les temps modernes (1858), ouvrage
couronné par l’Académie des sciences morales et
politiques ; Études sur la
dialectique dans Platon et Hegel (1860) ; Philosophie du bonheur (1862) ; Histoire de la science politique (1871), Problèmes du XIXe siècle (1872). En 1885,
paraît l’ouvrage Victor
Cousin et son œuvre, dont Ernest Renan fera un compte-rendu. Il
est également, avec G. Séailles,
l'auteur d'un imposant manuel d'histoire de la philosophie qui est
resté longtemps un classique : Histoire de la philosophie. Les problèmes et les écoles
(1887).
« La Liberté de penser » est un article paru en 1866 dans la Revue
des Deux Mondes. L’auteur rend compte d’un ouvrage d’Émile
Beaussire, De la liberté intellectuelle et
morale, paru la même année. Beaussire est l’un des fondateurs, avec
Émile Boutmy, de l’École libre des sciences politiques en
1871, l’ancêtre de l’Institut d’études
politiques de Paris, dit familièrement « Sciences Po ».
Janet y donna lui-même une série de cours.
Dans ce compte-rendu, l’auteur se propose d’exposer les
principes du droit naturel touchant la liberté de penser et
d’examiner les objections qu’elle peut soulever.
La liberté de penser ou
d’écrire, dit Janet, a pour fondement ce principe de Descartes :
« Ne reconnaître pour vrai que ce qui paraîtra
évidemment être tel ». Puisque c’est un devoir pour
l’esprit de ne se soumettre qu’à l’évidence,
il faut que ce soit en même temps un droit ; car comment pourrions-nous
obéir au devoir, si on nous refuse le droit ? Il découle de
ceci que l’État n’est pas juge du vrai et du faux, et
qu’il est seulement garant des droits de chacun. La liberté de
penser n’est donc susceptible de répression qu’en tant
qu’elle porte atteinte aux droits des individus.
On prétend que Paul Janet ne
serait pas un philosophe original. C’est peut-être vrai mais
c’est tout à son honneur. Il appartient à la
catégorie des grands pédagogues de la philosophie. Comme son
maître Victor Cousin, c’est un génie de la
synthèse, de l’exposé clair et rigoureux, du style
limpide et sans fioritures. On regrette de ne pas trouver
d’équivalent au XXe siècle, comme si la capacité de
penser dans un langage clair s’était perdue dans les brumes de
la nouveauté, de l’originalité à tout prix.
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