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Élections américaines : gros sous et pensée critique

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Published : October 16th, 2012
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Selon une opinion très courante, y compris en dehors des frontières américaines, les élections présidentielles sont, dans ce pays, une « histoire de gros sous. » D’ailleurs, nombre de données permettent de le confirmer. Il y aurait un lien évident entre contribution financière des entreprises aux élections et capitalisation boursière. Sauf que les choses ne sont pas aussi simples, et qu’en y réfléchissant de plus près, on peut voir les choses sous une autre lumière.


Certes, les grandes entreprises ont le cash nécessaire pour influencer les électeurs, « acheter » les candidats, et s’offrir les politiques capables de servir leurs intérêts.


Contrairement à la France, l’ « investissement politique, » est dans ce pays relativement libre. Ceci est d’autant plus vrai depuis une décision de 2010 de la Cour Suprême et le développement des super-PACs, des instruments par lesquels les big businesses peuvent dépenser des sommes illimitées en faveur du politicien de leur choix.


Mais l’investissement politique existait depuis longtemps, et était déjà très important. Rien d’étonnant à cela. C’est un investissement très rentable.


Les entreprises qui apportent les plus grosses contributions aux campagnes électorales en retirent effectivement des super-profits. Dans une étude de 2009, deux économistes font un constat intéressant. Cinq cents jours après la réélection de G.W. Bush, les actions des 30 compagnies lui ayant  apporté le plus de fonds avaient fait 30% de mieux que les autres (Figure 1.)




Figure 1




D’autres éléments confirment cette idée que les grandes entreprises influencent le pouvoir grâce à leurs ressources financières. Strategas a, par exemple, développé un index représentant le cours des actions des 50 compagnies faisant les plus grosses dépenses de lobbying (une autre forme d’investissement politique.)





Figure 2


Comme le montre la Figure 3, celles-ci en retirent également des bénéfices importants en termes de capitalisation boursière.




Figure 3



En fait, la proximité semble si grande entre Wall Street, K Street (siège de nombreux lobbies à Washington D.C.), et Pennsylvania Avenue (reliant la Maison Blanche et le Capitol), que l’on se demande parfois s’il est bien utile de sonder les électeurs – voire de tenir des élections, tant le parallèle est étroit entre le cours de la Bourse et les chances du principal candidat (Figure 4.)






Figure 4



Voilà donc un raisonnement rondement mené. Les données confirment l’opinion courante, affaire classée. Les élections ne seraient qu’une affaire de gros sous qui profitent aux puissants de ce monde.


Pourtant, osons penser de manière critique et remettre en question la bonne vieille lamentation à propos du « pouvoir de l’argent » ? Et si nous affirmions de façon plus inattendue qu’il est heureux que les grandes entreprises puissent influencer le pouvoir grâce à leur puissance financière ?


Car une affirmation vérifiée par les faits n’est pas nécessairement une vérité. Ce pourrait très bien n’être qu’une simple partie d’un ensemble bien plus complexe, dont elle donne une représentation mensongère


Ainsi, il est « vrai » que les grandes compagnies se servent de leur richesse pour influencer le pouvoir. Mais n’est-ce pas tout aussi vrai des syndicats ? Certains d’entre eux n’ont-ils pas un capital politique tout à fait comparable à celui des grandes compagnies ? Et n’en retirent-ils pas des bénéfices tout aussi importants ?


On pensera aisément aux syndicats d’employés du secteur public, lesquels défendent au moins autant leurs avantages que le « un pourcent » défend ses « privilèges. »


Mais cela serait tout aussi vrai dans le secteur privé. Après tout, le gouvernement américain a volé au secours de General Motors (dont les ouvriers recevaient alors en moyenne $75 de l’heure), et pas de Lehman Brothers…


D’une manière plus générale, n’est-il pas vrai que tout groupe d’intérêt cherche, autant qu’il le peut, à influencer le pouvoir pour qu’il s’exerce en sa faveur ? N’est-ce pas, au fond, le principe même d’une élection démocratique ?


Certes, les grandes entreprises ont des poches particulièrement profondes. Mais l’on suppose généralemenr que, derrière elles, ce sont « les riches » qui achètent les élections et les lois qui leur conviennent.  Or, les grandes entreprises ne sont-elles pas plus riches que d’autres groupes simplement parce qu’elles représentent un plus grand nombre de personnes ?


De fait, les compagnies côtées en bourse ont toutes des millions d’actionnaires, dont les plus gros ne possèdent jamais plus d’un petit pourcent de leur capital.


De même, les plus grandes entreprises sont aussi celles qui produisent le plus, c’est-à-dire celles qui fournissent le plus d’emplois, et satisfont le plus de besoins.


Se pourrait-il, dès lors, que l’influence des grandes compagnies soit, en fait, un des rares moyens, pour le peuple d’exercer quelque contrôle que ce soit sur le gouvernement ?


Après tout, cela n’aurait aucun sens pour une grande entreprise, dont ce n’est pas le business, de faire de tels investissements politiques si l’État ne disposait pas lui-même d’un gigantesque pouvoir d’influence sur son activité et ses résultats.


Quelle est, donc, la véritable source du problème : que les grosses compagnies dépensent de gros sous pour influencer l’exercice du pouvoir, ou bien que les politiciens puissent, une fois élus, intervenir à leur grè dans l’économie ?


Il est devenu normal pour les conseillers financiers de mettre en place des stratégies d’investissement en fonction des programmes des candidats et de leurs  chances respectives. En voici un exemple parmi d’autres.


De fait, on n’a pas besoin d’être expert en économie pour comprendre que les assureurs et les prestataires de santé ont énormément à gagner à la réélection d’Obama alors que les fabricants d’armes ont tout à y perdre.


Et, dans ce contexte, n’est-il pas normal, et au fond hautement désirable, que les entreprises qui satisfont le mieux les besoins des consommateurs, embauchent le plus, et offrent les meilleures opportunités d’investissement, s’évertuent à défendre cette masse d’intérêts en cherchant à influencer l’exercice du pouvoir ?

 

 

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Jérémie Rostan enseigne la philosophie et l'économie à San Francisco. Il est l'auteur, en plus de nombreux articles pour mises.org et le quebecois libre, de guides de lecture aux travaux de Condillac et de Carl Menger, ainsi que d'un ouvrage , Le Capitalisme et sa Philosophie, et de la preface a la reedition de l'ethique de la liberte de Rothbard (Belles Lettres)
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Après tout, le gouvernement américain a volé au secours de General Motors (dont les ouvriers recevaient alors en moyenne $75 de l’heure), et pas de Lehman Brothers…

Je voudrais juste apporter un éclaircissement sur cet exemple: Un excellent reportage sur Goldman and sachs nous à démontré que, si à l'époque le gouvernement n'a pas souhaité sauvé L&B, c'est tout simplement parceque L&B était le concurrent direct de G&S et que le ministre des finances de l'époque était un ancien directeur de G&S. Ce ministre "Goldman et Sach" à par contre mis la main à la poche du contribuable pour sauver une compagnie d'assurance qui devait beaucoup de $ à G&S (et les a d'ailleurs remboursé).

Pour le reste de l'article, je ne pense pas que le lobbying des entreprises profitent au plus grand nombre. Où alors il eut mieux valu donner des exemples plus parlant : Une entreprise qui finance une campagne politique embauche combien de salariés en plus si "son" candidat gagne? Là on prouverait que ce genre d'action est légitime...
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