| Le tout premier, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, avait évoqué le renflouement des banques chypriotes comme allant servir de modèle pour l’avenir, avant de devoir se rétracter devant le tollé. Mais la suite des évènements lui a finalement donné raison, avec l’adoption d’une méthode permettant d’afficher une contribution prioritaire – bien que risquant d’être pratiquement limitée – des actionnaires et de certains types de créanciers. Serait-ce à dire que ses déclarations au quotidien Le Figaro doivent retenir toute l’attention ? Il annonce d’abord que le FMI ne participera pas à d’autres plans de sauvetage que ceux qui sont déjà en cours, celui de Chypre étant donc le dernier. Conclusion logique des désaccords entre le fonds et ses deux partenaires de la Troïka, la BCE et la Commission, qui sont désormais du domaine public. Selon cette même logique, Jeroen Dijsselbloem rejette toute perspective de restructuration de la dette grecque, considérée indispensable par le FMI, au prétexte que « les investisseurs risquent d’y regarder à deux fois » quand la Grèce reviendra sur le marché, alors qu’ils se sont délestés de la dette grecque qui est désormais détenue par la BCE et l’Eurosystème… Il n’est question que de diminuer les taux des prêts et d’affirmer le principe selon lui intangible selon lequel « quand un pays prête à un autre, il doit être remboursé ». Il inflige ainsi à la Grèce une peine à perpétuité et cela lui sera rappelé quand il faudra la commuer ! Le second message est tout aussi clair. Le Mécanisme européen de stabilité (MES) n’interviendra « qu’en dernier, en tout dernier ressort » en cas de renflouement bancaire, ce qui signifie pratiquement que ce sont les États qui devront recapitaliser leur banque, un principe qui va radicalement à l’opposé de l’objectif proclamé de dénouer les liens incestueux (et systémiques) entre la dette privée et publique. Dans cette même logique, le président de l’Eurogroupe « ne voit pas de soutien politique » pour rendre rétroactive la recapitalisation directe par le MES des banques espagnoles et grecques (il aurait pu ajouter portugaises et irlandaises), qui l’ont été par leurs États respectifs. Un tel alignement sur la position défendue par le gouvernement allemand est-il tenable ? En présentant lors de la réunion de lundi dernier sa feuille de route destinée à « relancer la croissance et l’emploi », Christine Lagarde a pris date au nom du FMI. À l’adresse de la BCE, elle a conseillé de réduire à nouveau son taux et que les dépôts des banques soient assortis d’un taux négatif. À l’intention des dirigeants européens d’allonger encore les délais de réduction du déficit public, car « ils pourraient s’avérer ambitieux si la croissance est décevante ». Si elle a sacrifié à l’invocation des réformes structurelles sans lesquelles aucun discours ne peut plus être prononcé, elle a mis l’accent sur la nécessité d’opérer une revue de détail « crédible » de la qualité des actifs bancaires. Tout cela ne changerait pas la face du monde, mais il faut croire que c’est quand même inacceptable… Il a fallu cinq ans pour qu’il soit reconnu par la bande que le désendettement des banques était problématique, combien faudra-t-il d’années pour en faire autant avec celui des États ? | |