1. Le coût de l'acte d'échange.
Si l'acte d'échange des marchandises n'était pas évalué coûteux par vous
ou moi, les marchandises disponibles seraient échangeables "sans
difficulté", "sans obstacle", l'échangeabilité ne poserait pas
de problèmes économiques et n'aurait pas nécessité de trouver au moins
un "moyen d'échange", à savoir ce qu'on dénomme
"monnaie" aujourd'hui, indument.
Ce qu'on dénomme "monnaie" est en effet la conséquence directe
de ce coût de l'échange jugé élevé par vous et moi, personnes juridiques
physiques (sigle "P.J.P.").
Soit dit en passant, même dans le cas extrême où l'acte d'échange n'aurait
pas de coût évalué, pourquoi des activités coûteuses comme l'acte de
production seraient-elles menées plutôt que l'acte d'échange sans coût ?
Vraisemblablement à cause du profit attendu avec incertitude de
l'acte par celui qui le mène, qui est a priori plus grand pour
l'acte de production que pour l'acte d'échange ...
Le coût de l'acte d'échange est donc essentiel à prendre en considération
et ne saurait être ignoré comme il l'a été longtemps par l'économie
politique même s'il était évoqué à partir du XVIIIème siècle et l'est le
plus souvent, aujourd'hui encore, par les commentateurs.
Il doit intervenir au premier plan de tout raisonnement économique, en
toute connaissance de cause.
2. Ce qu'on dénomme "monnaie".
Ce fait, le plus souvent ignoré, est aussi que ce qu'on dénomme
"monnaie" encore aujourd'hui, contre toute attente
rationnelle, a contribué tout au long de l'histoire à diminuer le coût
de l'acte d'échange, depuis son invention.
Qu'on le veuille ou non, le coût de l'échange a été réduit par
ce qu'on dénomme "monnaie" malgré le coût imputé à celle-ci.
A supposer qu'on admette que la monnaie soit un moyen d'échange - ce qui
est condamnable car l'expression en question n'est pas une notion, mais de la
rhétorique au mauvais sens du mot -, parler du "moyen d'échange"
n'est jamais qu'une façon de ne pas parler du coût de l'échange, de le mettre
de côté, de la cacher...
Répétons-le: sans coût de l'échange évalué, la monnaie n'aurait jamais vu
le jour.
De plus, au fil du temps, de grandes innovations en la matière du coût ont
permis à la quantité de monnaie de faire apparaître des effets économiques
favorables et de supplanter les effets néfastes des réglementations
étatiques à quoi elle donnait aussi lieu (cf. ce texte d'avril 2015).
3. Un premier type de démarche.
Malgré cela, longtemps, les économistes n'ont pas mis l'accent sur la
marchandise spécifique dénommée "monnaie", au moins jusqu'au XIXème
siècle, et sur ses bienfaits économiques.
Ils ne se sont pas opposés de façon déterminante aux réglementations que
pondaient les législateurs incompétents, en particulier ce siècle-là.
A partir du XXème siècle, trois démarches se sont faites jour:
- ceux pour qui rien ne changeait,
- ceux pour qui la monnaie méritait attention en tant que telle, étant
donné les innovations et réglementations nouvelles, et
- ceux pour qui il fallait une révolution juridique.
Cette troisième démarche a connu un grand succès au XXème siècle.
La révolution juridique s'est faite en deux temps dans la plupart des pays
du monde : d'abord dans la décennie 1930 (cf. ce texte de mai 2011), puis au début de
la décennie 1970 (cf. ce texte de
juillet 2011).
Pour des pays de l'Europe géographique, un troisième temps a vu le jour en
1999: c'est la création réglementaire d'un machin dénommé "€uro"
(cf. ce texte de mai 2014).
4. Un second type de démarche.
Un autre grand type de démarche a vu le jour, la seconde moitié
du XXème siècle, parallèlement à la démarche précédente, chez les
économistes.
Sans se préoccuper de la notion de coût de l'acte d'échange,
- les uns ont continué à délaisser la prise en considération de ce qu'on
dénommait "monnaie" dans leur théorie et
- les autres ont commencé à s'intéresser à son coût et à le prendre en
considération.
Au nombre de ces derniers, certains ont fait l'hypothèse que le coût de la
monnaie était nul alors que d'autres le supposaient positif (cf. ce texte de février 2015).
5. La confusion.
Cette seconde démarche comporte une grande confusion.
Une majorité d'économistes a en effet mis dans le même sac les théories
qui se moquaient du coût de la monnaie et celles qui le supposaient nul.
Ces économistes sont pathétiques.
Ils ne voient pas d'abord que leur hypothèse ne simplifie pas ce qu'ils
veulent dire comme ils l'affirment à tue-tête.
6. L'antagonisme.
Ensuite, et bien au contraire, ils créent de toutes pièces un antagonisme
qui est sans intérêt et qui s'oppose au raisonnement économique.
a. Surestimation théorique du coût.
Se placer dans un contexte économique où la monnaie n'intervient pas,
c'est, en effet, se placer implicitement dans un monde où le coût
considéré dans la théorie est supérieur au coût dans la réalité, - sauf à
supposer que le coût de l'acte d'échange n'existe pas car l'acte ne serait
pas évalué coûteux, ce qui est une absurdité -.
Sinon, la théorie cache des coûts qu'elle n'a pas saisis et qui devraient
l'être, mais qui n'existent plus dans la réalité car ils ont été diminués en
pratique (et dont la diminution ne saurait être ignorée).
b. Coût nul de la monnaie.
Se placer dans un contexte économique où on a supposé que la monnaie avait
un coût nul, c'est se placer cette fois, implicitement, dans un monde
où le coût supporté dans la réalité par les P.J.P. est supérieur au coût pris
en considération dans la théorie.
La théorie suppose, de fait, résolus des coûts qui existent dans la
réalité, à commencer par le coût de la monnaie, des coûts qui sont
évalués par chacun et que personne n'a diminués et ne sauraient
savoir diminuer par manque de connaissance, par ignorance.
7. La folie.
Dans les deux cas, on est dans la folie.
a. Le biais.
Dans le premier, l'innovation et la réglementation de ce qui a trait à la
monnaie sont mises de côté et laissent entendre que, si elles intervenaient,
elles n'apporteraient rien.
Mais la réalité a toujours été à l'opposé de cette erreur, heureusement.
Une chose est certaine : le coût théorique sur quoi réfléchit l'économiste
est plus grave (au sens premier du mot) que celui où il se trouve.
Tout ce qu'il peut dire est biaisé par ce fait et la surestimation
détourne de ce qui est dit, c'est inadequate.
b. La sous-estimation de la réalité.
Dans le second cas, le coût de la monnaie supposé nul cache toutes
ses causes et, en particulier, celles qui ont conduit à qu'il soit nul...
Cette fois, tout se passe comme si, en théorie, l'ignorance
économique que nous connaissons en relation avec la monnaie, en tant que
P.J.P., avait été réduite en pratique par une connaissance économique
... dont ne dispose personne.
Une magie est introduite.
Le coût sur quoi raisonnent ces économistes est inférieur au coût où il se
trouve dans la réalité.
Ceux qui font cette hypothèse ont beau jeu de faire intervenir
l'information et le coût de celle-ci pour expliquer ce qu'ils ne peuvent pas
expliquer.
L'hypothèse les dépasse.
Et les références à l'information et à son coût sont vaines.
c. L'irresponsabilité de l'économiste.
Bref, la science et la bande dessinée font deux.
Plus qu'hier à cause des réglementations injustifiées dont elle a été
victime depuis lors et malgré des innovations, aujourd'hui, ce qu'on
dénomme "monnaie", à commencer par le mot même, et la réalité font
deux.
Faut-il s'en étonner?
Certes non.
Mais, à entendre tout ce qui est véhiculé d'ordinaire en économie
politique, il faut s'étonner que la bande dessinée prétendument
scientifique proposée supplante la science dans ce domaine.
Il faut condamner le fait que l'économiste, et le politique qui
l'écoute, ne supportent pas le moindre frais des erreurs qu'ils commettent.
Le cas de ce qu'on dénomme €uro depuis 1999 (cf. ce texte de janvier 2015) est
exemplaire.
Quitte à faire une analogie entre la méthode de l'économie politique et
celles des sciences physiques ou chimiques, la seule possible comme beaucoup
aiment à le faire - les autres analogies sont des erreurs -, il ne faut pas
oublier que les physiciens et chimistes ont supporté, dans le passé et ce
n'est pas fini..., les frais de la bande dessinée qu'ils pouvaient faire
valoir (dans le cas du radium, de l'aéronautique, etc.), les
économistes, et les politiques qui les écoutent, jamais.
Jusqu'à quand cette non responsabilité va-t-elle durer ?