Entre les Français et l’or, c’est une histoire d’amour qui dure depuis au
moins 2000 ans (les Gaulois étaient déjà très friands du métal doré) et une
récente étude Ipsos montre que cela n’a jamais été autant le cas
qu’actuellement. En effet, sans doute conscients de la fragilité croissante
d’une économie totalement déconnectée des richesses réelles, de plus en plus
de personnes choisissent de placer une partie non négligeable de leur
patrimoine dans des pièces et des lingots d’or.
Aujourd’hui, on estime que plus d’un quart des Français
détiendraient de l’or, sous une forme ou sous une autre, pour un
total avoisinant les 3000 tonnes ! Un véritable trésor caché
qui représente plus de 100 milliards d’euros au cours actuel
de l’once, soit davantage que ce que l’État lui-même possède dans ses
réserves (pour rappel, au 31 août 2016, les coffres de la Banque de France
contenaient l’équivalent de 94,144 milliards d’euros en or). Et encore, on ne
compte pas les bijoux ou les objets anciens forgées dans le noble métal…
Un investissement de tradition et de bon sens
Tout aussi intéressant, on découvre que l’or « privé » ne
concerne pas uniquement les classes les plus aisées de la population, mais
que toutes les catégories sociales sont concernées, y
compris les plus modestes pour lesquelles l’or s’inscrit dans une longue
tradition de cadeaux ou d’héritages (on estime que 80% des personnes qui
possèdent de l’or l’ont obtenu à l’occasion d’une succession ou d’une
donation). Souvent, l’essentiel de la fortune des familles d’ouvriers ou
d’agriculteurs se concentre ainsi sur quelques pièces, voire un ou
deux petits lingots, qui se transmettent de génération en
génération, davantage comme un souvenir ou un symbole de l’histoire familiale
que comme une véritable alternative d’investissement.
Toujours mû par ce bon sens populaire, et aussi peut-être parce que ces
« objets » sont souvent chargés émotionnellement, le comportement
des détenteurs d’or est également très raisonnable : on ne vend pas au
premier coup de vent ni lorsque les cours ont l’air de frétiller à la hausse.
Au contraire, l’essentiel de ce bas de laine doré est détenu depuis
plus de 10 ans, en dépit de la situation parfois désastreuse dans
laquelle certaines familles se sont retrouvées au gré des crises majeures de
ces dernières décennies.
Une fiscalité (presque) toujours dissuasive
D’un autre côté, il faut dire aussi que l’État n’a pas fait preuve de
souplesse pour encourager la revente des métaux précieux,
s’acharnant plutôt à en freiner la circulation à grands coups de fiscalité
dissuasive alors que tout cet or aurait sans doute pu aider à
relancer une machine économique en panne sèche depuis trop longtemps.
Rien qu’en abaissant le taux de prélèvement sur les
métaux précieux, pour le ramener à un niveau équivalent à ce qui se pratique
pour la vente de bijoux et d’objets d’art (soit 6,5% au lieu de 10,5%),
certains spécialistes estiment qu’on verrait immédiatement plusieurs
milliards d’euros irriguer l’économie française, avec en prime quelques
centaines de millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires pour
l’État. Idem pour la taxation des plus-values qui, avec son niveau record de 34,5%
et son système d’abattements de plus en plus ridicule (sur 22 ans), pénalise
lourdement la revente des pièces et lingots
d’investissement. Heureusement il y a des astuces pour
limiter la casse sur la fiscalité, notamment avec les jetons
d’investissement (par exemple les Vera
Valor) et les pièces ayant cours légal (comme les Krugerrands). Dans ces
deux cas vous êtes exonérés de taxe lors de la revente si votre transaction
est inférieure à 5000 euros. Et là c’est génial ! Pas de fiscalité, légalement,
comme dans de nombreux pays voisins.
Ainsi, l’étude Ipsos évoquée plus haut indiquait que 83% des personnes
interrogées avaient le sentiment que le niveau de taxation dissuadait les
possesseurs d’or à le revendre, mais qu’ils étaient en revanche 50% à se dire
prêts à liquider leur butin si l’État se montrait moins gourmand. L’État doit
faire les bons calculs. Une fiscalité élevée est clairement contre
productive et ne fera qu’enrichir les Belges ou les Suisses.