La FED a-t-elle complètement perdu les pédales ? Mercredi, elle a relevé son taux directeur pour la seconde fois en trois mois tout en indiquant que de nouvelles hausses sont prévues dans les mois à venir…
Au moins deux hausses même seraient à venir, autant dire que la FED risque de déclencher aussi bien un krach boursier (pas trop grave si l’on n’a pas d’actions) et obligataire, très grave dans tous les cas, car les krachs obligataires finissent mal en général, c’est-à-dire en crise monétaire, et tout le monde détient de la monnaie.
12 raisons de croire que la FED s’est trompée
Lorsque la FED baisse son taux directeur, le loyer de l’argent devient moins cher, emprunter est meilleur marché, ce qui a tendance à stimuler l’activité. Et lorsqu’elle fait le contraire, le crédit coûte plus cher, ce qui a tendance à ralentir l’activité économique. Pourquoi, malgré ces évidences, la FED a relevé son taux directeur alors que l’économie américaine montre déjà des signes majeurs de ralentissement ? Voici 12 raisons de croire que la FED a peut-être commis sa plus grosse erreur depuis la crise financière :
1. Croissance en berne
Quelques heures avant l’annonce du relèvement du taux directeur de la FED, la FED d’Atlanta a abaissé ses projections de croissance pour le T1 à seulement de 0,9 %. Si cette projection devait être exacte, il s’agira du taux de croissance trimestriel le plus bas de ces 37 dernières années durant lequel un relèvement des taux a eu lieu.
2. Coût du crédit
Plus que jamais, le crédit joue un rôle crucial dans l’activité économique. Des taux plus élevés signifient des remboursements plus élevés sur les crédits hypothécaires à taux variable, les crédits auto à taux variable et les en-cours des cartes de crédit. Inutile de dire que cela va ralentir substantiellement l’économie :
« (…) Les consommateurs ayant un encours carte de crédit, un crédit hypothécaire à taux variable ou des lignes de crédit sont les plus susceptibles d’être impactés par la hausse des taux, a déclaré Greg McBride, analyste en chef de Bankrate.com. (…) »
3. Retards de paiement en hausse sur les crédits auto
En parlant des crédits auto, le nombre d’Américains qui font défaut sur leur crédit avait déjà commencé à augmenter, même avant la hausse du taux directeur de la FED :
« Le nombre d’Américains qui ont cessé de rembourser leurs crédits auto augmente, une nouvelle ayant le potentiel d’avoir des conséquences sur l’économie américaine.
Les pertes sur les crédits auto subprime ont fortement grimpé durant ces derniers mois d’après Steven Ricchiuto, économiste en chef de Mizuho États-Unis. Ils ont grimpé jusqu’à 9,1 % en janvier, contre 7,9 % en janvier 2016.
«Les recouvrements sur les crédits auto subprime ont également chuté jusqu’à seulement 34,8 %, la plus mauvaise performance de 7 dernières années», a-t-il écrit dans une note. »
4. Catastrophe pour le commerce de détail
Des taux plus élevés vont probablement accélérer la « catastrophe du commerce du détail ». Nous avons récemment appris que les ventes des grandes surfaces n’ont jamais autant chuté depuis que ces statistiques sont compilées.
5. Les commerçants sont en difficulté
Nous avons également appris que le nombre de commerçants en difficulté aux États-Unis est désormais à son niveau le plus élevé depuis la dernière récession.
6. La pire reprise économique
Nous venons de vivre « la pire reprise économique de ces 65 dernières années », et désormais les actions de la FED menacent de nous précipiter dans une nouvelle crise.
7. Les consommateurs américains ont une marge de manœuvre très faible
Les consommateurs américains ne prospèrent pas. En cas de ralentissement économique, ils seront nombreux à être touchés de plein fouet. En fait, environ la moitié des Américains sont dans l’incapacité de signer un chèque de 500 $ pour faire face à une dépense d’urgence.
8. Le marché obligataire est déjà en difficulté
Le marché obligataire s’effondre déjà. Les observateurs distraits des marchés se focalisent sur les actions, mais la vérité est que le marché obligataire s’effondre toujours avant les marchés actions. Depuis l’élection de Donald Trump, les obligations tombent comme une pierre, nous ne sommes déjà pas loin d’une crise en bonne et due forme. Si vous suivez régulièrement mon travail, vous savez qu’il s’agit de l’un de mes chevaux de bataille. Si les obligations continuent de baisser, je vais beaucoup écrire à leur sujet dans les semaines à venir.
9. Nouvelle crise du plafond de la dette
Cerise sur le gâteau, nous pourrions assister à une nouvelle crise du plafond de la dette. Sa suspension a expiré, Donald Trump pourrait bien éprouver les pires difficultés à rassembler les votes nécessaires pour le relever. (…)
10. Des rentrées fiscales en baisse
Et même si le plafond de la dette devait être relevé, cela ne signifie pas que tout est réglé. Les rentrées fiscales du gouvernement américain viennent juste de connaître leur plus grosse baisse depuis la dernière crise financière.
11. Les CEO pas optimistes en ce qui concerne leurs propres titres
Que savent les CEO que nous ignorons ? Les achats d’actions par les initiés des entreprises concernées sont à leur plus bas niveau de ces trois dernières décennies.
12. Craintes d’une éventuelle guerre commerciale
Une enquête qui vient juste d’être publiée indique que les cadres supérieurs craignent beaucoup l’émergence d’une guerre commerciale en raison des politiques de Donald Trump. (…)
« Quasi tous les CFO interrogés craignent que les politiques de l’administration Trump puissent engendrer une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. »
Une baisse du commerce international pourrait aggraver les soucis économiques que rencontrent de nombreuses nations. Par exemple, le Brésil est déjà englué dans sa récession « la plus longue et la plus grave de son histoire », alors que juste à côté les Vénézuéliens sont littéralement frappés par la famine.
Peut-on dire, après avoir lu tout ceci, que l’économie se porte bien ? Non, indubitablement. Pourtant, c’est exactement ce qu’a déclaré Janet Yellen à la presse mercredi :
« Le message, en bref, est : l’économie se porte bien », a déclaré la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen durant sa conférence de presse. » (….)
Comme en 2008, la FED est incapable d’évaluer l’environnement économique. À l’époque, le président de la FED Ben Bernanke avait rassuré tout le monde en nous assurant qu’il n’y aurait pas de récession, alors qu’au moment même où il faisait cette déclaration elle avait déjà démarré. (…) »
Source : article de Michael Snyder, publié sur SeekingAlpha.com le 16 mars 2017