L’effondrement de 2008 n’était
qu’un échauffement.
Beaucoup d’investisseurs
pensent que nous ne traverserons pas de nouvelle crise. L’effondrement de
2008 était un épisode que nous ne pourrions possiblement traverser qu’une
fois en cent ans, pensent-ils.
Ils se trompent.
La crise de 2008 était
une crise des actions et des banques d’investissement. Mais ce n’était pas la
grande crise du siècle.
La crise du siècle sera
celle de la plus grosse bulle financière de l’Histoire : la bulle sur
les obligations… qui représente à elle seule plus de 100 trillions de dollars…
bien qu’une fois les produits dérivés pris en compte, elle représente près de
500 trillions de dollars.
La Fed aime se soucier
des actions… mais le vrai problème, ce sont les obligations. Une brève
observation des actions de la Fed sur le marché des obligations suffit à
rendre la situation très claire.
Les obligations
représentent de la dette. Une obligation est créée lorsqu’un emprunteur
emprunte de l’argent à un créancier. Au sommet de la chaine alimentaire
financière se trouvent les obligations souveraines comme les bons du Trésor.
Ces obligations sont
créées lorsque quelqu’un prête de la monnaie américaine. Pourquoi quiconque
le ferait-il ? Parce que les Etats-Unis dépensent plus d’argent qu’ils n’obtiennent
de recettes fiscales. Cette dette sert de couverture à leurs excès de
dépenses.
Ce cycle s’est poursuivi
trente années durant, jusqu’à aujourd’hui. Les Etats-Unis ont aujourd’hui une
dette de plus de onze trillions de dollars. Parce qu’ils n’ont jamais
réellement remboursé ce qu’ils devaient, ils ne font que repousser le
remboursement de leur dette à plus tard, afin que leurs investisseurs
continuent de recevoir leurs paiements d’intérêts mais n’obtiennent jamais ce
qui leur est dû dans son intégralité… parce que le gouvernement n’a pas les
moyens de les payer… et parce qu’il dépense plus d’argent qu’il n’en obtient grâce
aux recettes fiscales.
C’est pourquoi la Fed
fera tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir les taux d’intérêt proches
de zéro : même une faible hausse des taux pourrait rendre la dette des
Etats-Unis bien plus chère.
C’est aussi la raison
pour laquelle la Fed a poussé les régulateurs à abandonner les normes
comptables pour les produits dérivés… si les banques et firmes financières
avaient à évaluer correctement leurs centaines de trillions de transactions
sur dérivés d’obligations, les investisseurs seraient pétrifiés par l’ampleur
de l’endettement, et les appels de marge se multiplieraient.
La bulle sur les
obligations est aussi la raison pour laquelle la Fed a lancé ses programmes
de QE. En achetant des obligations, la Fed impose un plancher aux bons du Trésor…
ce qui rend les investisseurs moins enclins à se débarrasser de leurs
obligations malgré des rendements très faibles.
C’est aussi pourquoi la
Fed est terrifiée par la déflation. La déflation rend le remboursement futur
de la dette plus cher. La Fed lui préfère l’inflation, parce que les dollars
utilisés pour rembourser la dette deviennent moins chers avec le temps.
Une fois de plus, il
suffit d’observer les actions de la Fed sur le marché des obligations pour
que la situation prenne tout son sens.
Le seul problème, c’est
qu’en faisant cela, la Fed n’a fait qu’élargir le marché des obligations. En
2008, le marché global des obligations représentait 82 trillions de dollars.
Aujourd’hui, il représente plus de 100 trillions de dollars. Et le marché des
produits dérivés, dont plus de 80% des transactions sont basées sur les taux
d’intérêt (les rendements des bons du Trésor), représente 700 trillions de
dollars.
La véritable crise
surviendra lorsque cette bulle éclatera. Et lorsque cela se produira, il
deviendra évident que le niveau de vie n’a fait que diminuer depuis les
années 1970 et que les nations souveraines n’ont fait que dissimuler le
désastre par le biais de dépenses sociales et de prestations (47% des ménages
américains reçoivent une forme ou une autre d’assistance gouvernementale).
Imaginez ce qui se
passera sur les marchés lorsque les états-providence occidentaux seront en
banqueroute ? 2008 prendra bientôt des airs de pique-nique.
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