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2016 ou le début de la fin des experts économiques ?

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Published : November 24th, 2016
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Or, bourse, taux d’intérêt, Brexit, élections américaines, l’année 2016 fut particulièrement noire pour les prévisionnistes économiques qui ne savent désormais plus à quels modèles se fier.

Finalement, il en va désormais des prévisionniste économiques comme des météorologues ou des instituts de sondage : ils sont particulièrement doués pour expliquer comment une situation devrait théoriquement évoluer, mais beaucoup plus démunis lorsqu’il s’agit de prévoir ce qu’il va réellement se passer. Or, au même titre qu’on décide de s’habiller plus ou moins chaudement en fonction des prévisions météo, on est tentés de suivre les avis d’experts prétendument avisés avant de procéder à nos arbitrages en matière d’investissement ou d’épargne. Et le moins qu’on puisse dire c’est que notre portefeuille a eu maintes fois l’occasion de prendre froid cette année, en grande partie parce que les experts de tout poil ont pour la plupart été incapables de prévoir les nombreux coups de vent économiques et politiques que nous avons essuyés en 2016.

Morosité des marchés boursiers

À l’heure où j’écris ce billet, le CAC40 flotte aux alentours de 4530 points, après avoir connu un point bas à moins de 3900 points en février et un point haut un poil au-dessus des 4600 points deux mois plus tard. Au final, non seulement l’amplitude reste mesurée, avec une variation de plus ou moins 5% environ sur l’année, mais le niveau global de l’indice parisien des valeurs phares de l’économie française évolue désormais très en-deça de ce qu’il était à la fin de l’année dernière. Or, à l’époque, sous la conjonction des taux bas et d’une politique très accommodante des banques centrales, on prévoyait un retour de la croissance (modérée) pour l’année 2016, en particulier sur les marchés financiers notamment dont on sait maintenant qu’ils orientent assez fortement les marchés en général.

La réalité, c’est que tout le monde s’est trompé : la BCE qui pensait relancer l’économie en l’inondant de monnaie, les politiques qui juraient leurs grands dieux que la croissance était de retour, les banquiers centraux qui ont inventé les taux d’intérêts négatifs pour favoriser la consommation au détriment de l’épargne improductive, ils se sont tous retrouvés stupéfaits devant une réalité qui ne suivait plus leurs prévisions. Aujourd’hui, le CAC40 peine à se stabiliser au-dessus des 4500 points, comme s’il s’agissait d’une barrière qu’on ne pouvait plus franchir qu’à grands coups de stimulations artificielles et de perfusions politico-médiatique, à base (d’un peu) de manipulation bancaire et de (beaucoup !) de méthode Coué.

Anglais et Américains alliés… pour plus de protectionnisme

Sur le plan politique, du moins dans sa composante susceptible d’influer sur l’économie, nos experts se sont là aussi magistralement plantés ! Le Brexit ? Allons donc ! Jamais le Royaume-Uni ne votera pour une sortie de l’Union Européenne, il s’agit juste d’une énième provocation (un chantage ?) de ce pays historiquement frondeur et particulièrement indépendant qui souhaite simplement continuer à bénéficier des largesses communautaires sans pour autant en subir trop les contraintes. Sauf que le Brexit a été voté par le peuple britannique et les conséquences sont encore trop énormes pour être totalement appréhendées. Enfin, pas pour tout le monde puisque la livre anglaise a brutalement dévissé pour se retrouver à ses niveaux des années 80 et que les entreprises anglaises sont de plus en plus nombreuses à envisager de déménager leur siège social. L’ennui c’est également que, même si la Grande-Bretagne n’est pas dans la zone euro, son renoncement à l’égard de l’Union fragilise considérablement cette dernière… et avec elle la monnaie unique, qui perd encore un peu de sa crédibilité.

Mais heureusement, il y a eu les Américains pour sauver l’honneur… en faisant pire que les Anglais. Il y a 18 mois, quand Donald Trump a annoncé qu’il allait briguer la Maison Blanche, tout le monde n’y a vu que la nouvelle lubie du milliardaire à la mèche orangée et personne ne lui donnait ne serait-ce qu’une chance de dépasser le stade des primaires. Même les Républicains, dans le camp desquels il s’était positionné, le considéraient comme, au mieux, un pauvre type inculte et égomaniaque, au pire, comme un dangereux fauteur de troubles susceptible de casser la machine Amérique. Aujourd’hui, il est le 45e président des États-Unis… La « bonne » nouvelle, c’est que le dollar s’est fortement apprécié, rendant du même coup l’euro un peu plus « compétitif ». Mais là encore, personne n’avait prévu ce qui est en train de se passer et même ceux qui envisageaient (discrètement) l’éventualité d’une victoire de Trump imaginaient un tsunami boursier (pas de vague à l’horizon), un effondrement des marchés obligataires (bof…) ou l’équivalent d’un « Brexit puissance 3 » (calme plat sur le CAC40 par exemple, alors qu’il avait chuté de 8 points après le Brexit, et les indices américains frôlent les records). Bref, la seule chose qui est sure, c’est que le monde s’oriente vers davantage de protectionnisme, ou tout au moins vers une profonde volonté de réguler et de canaliser la mondialisation débridée que nous connaissons depuis une quinzaine d’années. Bonne ou mauvaise chose, l’avenir le dira.

L’or, valeur refuge que plus grand monde ne connaît

Reste l’or, dont on a dit à peu près tout et son contraire. La première chose qui a surpris c’est son incroyable rebond durant le premier semestre 2016, que certains ont mis sur le compte de la baisse des marchés traditionnels à la même époque. Et c’est vrai que son statut de valeur refuge a pleinement joué son rôle auprès de ceux qui anticipaient une chute brutale de l’économie, liée notamment à des contraintes exogènes : pétrole, terrorisme, feu de paille des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Mais ce qui a surtout échappé aux « experts » c’est que le monde est entré dans une nouvelle ère, et qu’avec elle, c’est toute la conception de l’économie vécue par les gens normaux qui a changé également. Monnaies complémentaires, économie collaborative, ubérisation, baisse d’intérêt pour le modèle salarial classique au profit de l’activité indépendante… et surtout défiance caractérisée envers toutes les promesses de jours meilleurs dont on nous gave depuis 40 ans sans autre résultat concret qu’une détérioration progressive de nos conditions de vie. À ce titre, l’or a retrouvé son statut de valeur sure, celle sur laquelle on pourra toujours compter, qui a traversé les siècles sans jamais perdre de son aura et qui garantit, sinon de gagner de « l’argent », tout au moins de ne pas trop en perdre pendant la tempête.

Or, ça non plus, les experts ne l’avaient pas vu arriver, tout engoncés qu’ils sont dans leurs convictions idéologiques et académiques, misant sur leurs modèles (dont la plupart datent de plus d’un siècle, au passage) pour prédire sans rougir la réalité de demain. Depuis le début du mois, l’or a brièvement reperdu quelques points, en particulier sous le jeu des marchés qui ont fait mine de croire aux bonnes résolutions affichées par Donald Trump (lequel annonce littéralement un Nouveau Plan Marshall pour les USA). Mais une fois l’euphorie retombée, le bon sens reprendra le dessus, et tandis que le nouveau président des États-Unis se battra pour bâtir son mur à la frontière mexicaine et que le futur président français se demandera ce qu’il est venu faire dans cette galère (au vu de la dette colossale et le marasme socio-économique laissés par son prédécesseur), les investisseurs auront pris la mesure de la fugacité de l’embellie boursière, qui ne vit que de belles promesses et se nourrit de rêves bien vendus. Ils reviendront alors vers les valeurs sures au nombre desquelles l’or garde et gardera toujours une place privilégiée. À ce moment-là, il y aura ceux qui en possédaient déjà et ceux qui chercheront à en acquérir dans un contexte de plus en plus en tendu où les plus pragmatiques (les Chinois notamment) amassent depuis longtemps des quantités phénoménales de métal jaune, au risque de le rendre de plus en plus « rare »… et donc de plus en plus cher.

 

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Un économiste c'est bien quelqu'un qui saura brillamment vous expliquer demain quelles excellentes excuses il a eues de se tromper dans son analyse d'aujourd'hui avec ses lunettes de myope d'hier ?

Qui a dit déjà que pour se tromper plus qu'un économiste il en faut deux ?

:-) :-) :-)
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