La semaine dernière, le
Secrétaire à la défense, Ashton Carter, a déposé une couronne de fleurs sur
le Vietnam Veterans Memorial à Washington, pour commémorer le cinquantième
anniversaire de la guerre du Vietnam. La date d’anniversaire est surprenante,
parce que la guerre du Vietnam a commencé bien avant et s’est terminée bien
après 1966. Mais la commémoration Vietnam War at 50 nous offre
toutefois une excellente opportunité de réfléchir à cette guerre et aux
leçons que nous en avons tiré.
Quelques 60.000 Américains ont
été tués tout au long d’une guerre qui s’est déroulée à plus de 10.000
kilomètres des Etats-Unis. Plus d’un million de militaires et de civils
vietnamiens ont trouvé la mort. Le gouvernement américain n’a admis avoir
commis une erreur en s’étant engagé dans un conflit au Vietnam qu’après un
échec amer. Les Américains ont fini par perdre la guerre et sont rentrés aux
Etats-Unis, pour ne laisser derrière eux que destruction. Et la guerre n’a
jamais cessé de hanter les survivants des deux camps.
Nous pensions à l’époque avoir
tiré des leçons de cette guerre perdue. La loi sur les pouvoirs de guerre a
été adoptée en 1973 afin d’empêcher de nouveaux Vietnams en interdisant au
Président des Etats-Unis de mener son pays à la guerre sans une déclaration de
guerre préalable par le Congrès. Mais cette loi a échoué, et s’est
éventuellement trouvée utilisée par le parti de la guerre à Washington afin
de faciliter la participation à la guerre sans l’accord du Congrès.
Ce genre d’artifices législatifs
ne pourra qu’échouer tant que le peuple refusera de demander à ses élus de
respecter la Constitution.
Quand le Président George HW
Bush a envahi l’Irak en 1991, les faucons de la guerre ont célébré ce qu’ils
considéraient être la fin de la période post-Vietnam au cours de laquelle les
Américains ont été hésitants quant à leur rôle de policiers du monde. Le
Président Bush, dans une déclaration devenue célèbre, a dit s’être « enfin
débarrassé du syndrome du Vietnam une fois pour toutes ».
Peut-être les Etats-Unis ont-ils
vaincu le syndrome du Vietnam, ils n’ont absolument rien appris du Vietnam.
Le colonel Harry Summers est retourné
au Vietnam en 1974 et déclaré à son homologue vietnamien, le colonel Tsu, « Vous
savez, vous ne nous avez jamais vraiment vaincus sur le champ de bataille ».
L’officier vietnamien lui a répondu : « Peut-être pas, mais ça n’a
aucune importance ».
Et il a raison : les
victoires tactiques ne signifient rien si elles visent à une erreur stratégique.
Le mois dernier a marqué un
autre anniversaire. Le 20 mars 2003 a marqué le début de la seconde invasion
de l’Irak par les Etats-Unis. Toute la nuit, des bombes ont plus sur les
Irakiens. Et comme la guerre du Vietnam, cette nouvelle guerre a été déclarée
suite aux mensonges et à la propagande du gouvernement, amplifiés par les
médias qui les ont répétés sans la moindre hésitation.
Comme la guerre du Vietnam, la
seconde guerre en Irak a été un désastre. Plus de 5.000 Américains sont morts
sur le terrain, et plus d’un millions d’Irakiens ont perdu la vie. Et cette
guerre n’a rien apporté d’autre que la destruction, le gaspillage de
trillions de dollars et la naissance d’Al-Qaeda et Isis.
Malheureusement, après le fiasco
du Vietnam, il n’y a eu quasiment aucune réaction envers l’Empire américain.
Le Président Obama a poursuivi les mêmes politiques infructueuses, et le
Congrès n’a même pas tenté de le contenir. Le jour même de l’anniversaire de
l’invasion désastreuse de 2003, le Président Obama a annoncé l’envoi d’US
Marines en Irak. Et le Congrès n’a pas dit un mot.
Nous n’avons simplement rien
appris.
Il y a déjà eu bien trop d’anniversaires
de guerres. Il nous faut mettre fin à ces conflits futiles. Il est temps que
nous tirions des leçons de nos erreurs passées.