Durant ces sept dernières années, l’austérité a laissé des cicatrices visibles dans la capitale grecque. Une petite balade dans Athènes vous fait découvrir des SDF toujours plus nombreux malgré les quelques signes encourageants de perspectives économiques plus roses que l’on nous annonce chaque année. Chaque année doit-être la dernière, mais là encore, ce n’est qu’une fable. Mais comme cela passe à la télé, les gens veulent y croire.
Le fait d’y croire, n’est pas un problème en soi. Le problème c’est que les gens prennent de mauvaises décisions sur la base d’informations erronées.
Des milliers de magasins, principalement de petites entreprises, ferment aux 4 coins du pays. Dans ce qui était autrefois une artère commerçante animée, les magasins fermés et cadenassés s’alignent sur fond de drapeaux grecs en berne.
On peut voir des familles entières faisant la queue pour manger gratuitement à l’une des soupes populaires de la capitale, toujours plus nombreuses.
« Chaque jour, nous nourrissons entre 400 et 500 personnes, et ces chiffres ont augmenté même durant ces deux dernières années », a déclaré Evangelia Konsta, organisatrice et sponsor des repas offerts par l’Église grecque dans un quartier défavorisé du centre d’Athènes.
Mardi, le FMI et les négociateurs européens ont conclu un accord avec le gouvernement grec afin de poursuivre le versement des fonds d’urgence en échange d’un nouveau lot de baisse des dépenses et d’augmentation des taxes dans les trois années à venir.
Un taux de chômage élevé et la baisse constante du niveau de vie de la plupart des Grecs durant 7 années consécutives ont des effets durables.
Depuis 2010, la Grèce survit grâce à des prêts d’urgence accordés par le FMI et d’autres pays de la zone euro en échange de baisses drastiques des dépenses publiques et des avantages sociaux. La Grèce en est désormais à son troisième plan de sauvetage.
À un jet de pierre de la soupe populaire de l’Église se trouve un centre d’accueil pour SDF, lui aussi géré par l’Église grecque. Dans les petites chambres du centre, on trouve une famille avec de jeunes enfants ainsi qu’une infirmière à la retraite atteinte du cancer qui attend que sa demande d’allocations de retraite soit validée.
Un autre abri, « L’Abri de l’Amour et de la Solidarité », offre une vue magnifique sur l’Acropole que les centaines de SDF et pauvres qui viennent deux fois par jour pour laver leurs vêtements ou prendre un bain chaud remarquent à peine.
« Le centre d’accueil est la meilleure option pour nous, car le gouvernement ne fait pas grand-chose en notre faveur », a déclaré Ilias Kosmidis, 38 ans, qui dort dans la rue depuis deux ans.
En attendant de pouvoir faire leur lessive, les visiteurs du centre forgent des amitiés ou s’informent des dernières nouvelles, notamment concernant l’élection présidentielle française.
Sofia Vitalaki et son mari Costas, deux fonctionnaires à la retraite, s’occupent du centre depuis 1991.
« Ce n’est pas que l’alimentation, dit-elle. La plupart des gens veulent retrouver leur dignité et nous sommes là pour les soutenir. »
À un coin de la place Monastiraki, bondée de touristes et de passants, un groupe de volontaires de la soupe populaire O Allos Anthropos (Le Prochain) prépare du riz au poulet. En moins de 20 minutes, 230 repas chauds sont servis aux gens qui ont attendu plus d’une heure pour manger.
À la fin de chaque mois, une image familière apparaît à l’extérieur des banques : des pensionnés forment de longues files afin d’encaisser leur chèque mensuel. La plupart d’entre eux ne savent pas utiliser un DAB.
En attendant dans la file, ils se demandent comment ils vont finir la fin de mois après des années de réduction de leurs revenus et s’inquiètent des nouvelles mesures d’austérité prévues.
Ils ne devront pas patienter longtemps avant d’être impactés par le prochain round. Mardi, le gouvernement a finalisé un accord avec ses créditeurs visant à réduire une nouvelle fois les retraites à partir du 1er janvier 2019.
Article d’Ekathimerini.com, publié le 2 mai 2017