En 1934, les États-Unis comptaient 14 146 banques commerciales possédant des dépôts garantis. En 1985, ce chiffre avait à peine bougé, s’élevant à 14 417. L’administration de Bill Clinton a ensuite débarqué dans les années 90, déployant ses efforts dangereux et sans précédents de dérégulation, qui ont permis aux mégas banques de Wall Street d’avaler ou de pousser à la faillite des milliers de banques à travers les États-Unis. D’après la FDIC (l’organisme qui garantit les dépôts bancaires), au 22 décembre 2016 ne subsistaient que 5.927 banques enregistrées auprès de ses services, soit une baisse incroyable de 59% depuis 1985.
Mais ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg. La concentration bancaire aux États-Unis a atteint un niveau de crise sans précédent lorsqu’on se penche sur les dépôts. Sur cette base dramatiquement réduite de 5 927 banques enregistrées auprès de la FDIC, qui totalisent des dépôts pour un montant de 11,2 trillions de dollars (au 30 septembre 2016), 4 banques accaparent à elles seules 44,6% de ces dépôts. Ces 4 banques sont :
- JPMorgan Chase Bank N.A. avec 1,486 trillion de dollars de dépôts
- Bank of America N.A. avec 1,3 trillion de dollars de dépôts
- Wells Fargo Bank N.A. avec 1,3 trillion de dollars de dépôts
- et enfin Citibank N.A. avec des dépôts de 947,8 milliards de dollars (source : FDIC)
Ces 4 banques pèsent aussi abusivement sur Wall Street, chacune d’entre elles ayant bénéficié d’un plan d’aide financé par le contribuable durant le crash de 2008. Toutes ces banques ont bénéficié d’emprunts secrets, en dessous des taux du marché, accordés par la Fed. Trois d’entre elles, à savoir JPMorgan Chase, Bank of America et Citibank, possèdent des dizaines de trillions de dollars de produits dérivés au sein de filiales bancaires assurées, ce qui forcerait un renflouement financé par le contribuable, si ces produits dérivés devaient faire exploser la banque qui les possède.
Voici pourquoi les mégas banques sont une telle menace envers la sécurité et la solidité du système bancaire américain. Le fonds d’assurance de la FDIC s’élevait, au 30 septembre 2016, à 80,7 milliards (il s’agit bien de milliard, avec un grand M). Tout cela pour couvrir des montants assurés de 6,8 trillions de dollars. Il s’agit d’un ratio de réserve bien maigre, de 1,18%. À titre de comparaison, la Fed a accordé pour 16 trillions de prêts secrets afin de ressusciter le système bancaire américain entre 2007 et 2010. Citigroup, maison-mère de Citibank, a bénéficié à elle seule de 2,5 trillions de crédits renouvelables en provenance de ces 16 trillions prêtés par la Fed. Cette banque a pourtant plus de produits dérivés aujourd’hui qu’au pic de la crise en 2008.
Comment l’administration de Bill Clinton a-t-elle tracé la voie de cette catastrophe ? En 1999, Clinton a annulé le Glass-Steagall Act, une loi qui avait garanti la stabilité du système bancaire américain pendant 66 ans. Cela a permis les activités spéculatives de trading des banques d’investissement de Wall Street, ainsi que la fusion de sociétés de courtage avec des banques commerciales ayant des dépôts assurés par le contribuable américain. Mais Clinton a commis deux autres forfaits bancaires horribles : en 1994, Clinton a signé le Riegle-Neal Interstate Banking and Branching Efficiency Act. Cela a permis aux holdings bancaires d’acquérir des banques partout dans le pays, tout en invalidant la loi de 36 états américains qui avaient autorisé les activités bancaires inter-états, uniquement sur base de la réciprocité. Et, enfin, Clinton a signé le Commodity Futures Modernization Act en 2000, permettant à des trillions de dollars de produits dérivés OTC de Wall Street d’échapper à toute régulation.
C’est simplement cette négligence fiduciaire du Congrès qui a permis à ce système bancaire dangereux de rester en l’état, sans réforme pendant 8 longues années, après le plus gros effondrement financier depuis la Grande Dépression.
Article de Wall Street On Parade, publié le 27 décembre 2016