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La Société
Générale a donc procédé la semaine
dernière, dans les conditions humiliantes que l’on sait
(décote de 44% sur le dernier cours coté) à une
augmentation de capital de 5 milliards d’euros.
Ce qui ne laisse pas
d’étonner, mis à part le fait que cette augmentation de
capital ait été garantie par un pool de banques le 21 Janvier,
date de l’annonce des pertes du trader fou (ou de génie, selon
les commentateurs), est qu’un aussi faible montant de pertes ait pu
mettre à mal un des plus grands établissements financiers
français.
5 milliards
d’euros de pertes et la banque est contrainte de se vendre à vil
prix.
Mais en fait, que
représentent 5 milliards d’euros pour la Société
Générale ? D’après
son bilan, 5 milliards d’euros, cela
fait 86 % du résultat 2006, 10 mois du résultat
prévisionnel 2007, 16 % de la situation nette de la banque au 31
Décembre 2006, et moins de
0.5 % du total de son bilan.
Tout ceci sans compter la masse phénoménale
d’engagements hors bilans et non comptabilisés, d’options,
d’assurances et de produits dérivés dont cette banque,
parait il, est une des plus grandes spécialistes mondiales, ce qui au
passage nous rassure sur la situation probable de ses confrères. 5 milliards d’euros, autant dire
une misère.
Et donc, que diable sont
donc ces 5 milliards d’euros, pas même une année de
bénéfice, pour que cette banque ait aussi
désespérément besoin d’argent frais ?
Ces 5 milliards
d’euros représentent la somme nécessaire pour que la
banque respecte les critères
de solvabilité dits de Bale II, qui fixent le seuil des fonds
propres minimum d’un établissement financier. Si ce seuil
n’est pas atteint, la banque pourrait être, au pire, exclue de la
communauté de la finance, tenue pour pestiférée par ses
pairs et se voir, figurativement parlant, refuser ses billets aux guichets de
ses confrères. Autant dire qu’elle risquerait la faillite comme
une vulgaire épicerie de quartier qui n’aurait pas remboursé
son découvert dans les temps.
Nous n’en
arriverons pas là, bien entendu, la « solidarité de
place » (entendez les autres banques dans la même situation)
jouera à plein, la banque centrale fera marcher la planche à
billets (pardon, « émettra des liquidités »),
ou la banque sera purement et simplement nationalisée comme Northern Rock en Grande Bretagne, l’Etat
Britannique venant d’ajouter 100 milliards de livres à sa dette
déjà colossale pour en garantir les dépôts.
Citibank, la plus grosse
banque du monde, UBS, la plus sang bleu des banques Suisses et bien
d’autres des plus grands noms de la finance, comme Merryl
Lynch, ont toutes pris le même chemin depuis deux mois, à savoir
un refinancement colossal réalisé dans l’urgence et
à des conditions usuraires. Augmentation de capital avec 44% de
décote pour la Société Générale, 20% de
décote et un dividende garanti de 11% pour Citibank, etc, alors qu’il est encore possible en Europe
d’acheter un petit pavillon sur 30 ans à un taux de moins de
5% . Faut il que la situation soit grave pour que les banquiers payent
des taux plus élevés que leurs clients.
La morale de cette
histoire est qu’une société bénéficiaire
depuis des années qui doit se refinancer en catastrophe après
avoir perdu moins d’un an de résultat n’a aucune
réserve, point à la ligne.
Et cela augure mal,
très mal, de la situation future de cette banque, - comme de tout le
système financier- , lorsque se déclanchera
le tsunami de pertes liées à leurs prouesses de ces
dernières années, des SIV aux subprimes,
des CDO aux CDO au carré, des produits dérivés et autres
engagements hors bilan n’ayant pour but que de franchir en toute
opacité les ratios de réserve, qui maintenant ne tiennent
qu’à un fil.
A un trader, pardon.
A propos, vous avez de
l’or ?
Signé Véner
Véner est contributeur
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