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Tant de choses nous tombent actuellement sur le coin du
nez que la réalité commence à ressembler de plus en plus
à une production de Bubsy Berkeley. JP
Morgan ne cesse de se décomposer à la façon d’un
pull en laine de l’Université de Yale datant de 1911. La banque
a-t-elle entraîné derrière elle l’univers tout
entier des swaps de défauts de crédit ? La situation est-elle
sur le point d’exploser ? Le monde entier s’agrippe du bout
des ongles à tout ce qu’il peut, refusant d’être
traîné vers le futur.
Ce futur ne pourra être autre qu’une forme
contractée du présent. Nous pourrions commencer à nous y
adapter dès aujourd’hui, mais il semblerait qu’aucun
d’entre nous n’en ait encore la volonté. Nous voudrions
que la situation reste pour toujours la même, pouvoir continuer de
vivre comme nous l’entendons, entourés de nos petites affaires,
et nous sommes prêts à inventer toutes les astuces possibles et
imaginables afin d’éviter un compromis. Ne ressentez-vous pas
les forces qui nous entourent bouillonner sous leur
apparente placidité ?
Je souhaite mes meilleurs vœux de bonheur à Mark Zuckerberg et à sa femme pour leurs noces, mais je
n’en pense pas moins qu’il ne faudra pas attendre un an pour que
les actions Facebook ne tombent subitement en-dessous de 99 centimes.
Quelqu’un s’imagine-t-il encore que le
problème monétaire Européen puisse se terminer autrement
que par une répudiation générale des dettes et un
réalignement politique ? Ou que les Etats-Unis n’aient pas
depuis longtemps déjà été emportés par le
courant ? La seule question que nous devrions aujourd’hui nous
poser est de savoir si notre monde civilisé demeurera effectivement
civilisé lorsqu’il aura à reconstruire son système
monétaire. Après tout, la monnaie représente
aujourd’hui la réalité de notre monde, et les
représentations que s’en font nos nations et institutions se
sont depuis si longtemps égarées que nous pourrions aller
jusqu’à dire qu’il n’existe désormais plus
aucune réalité consensuelle.
Notre réalité se transforme, passant peu
à peu de liquidité à liquidation. Le LTRO de
l’Europe était un joli conte de fées qui a su faire
parler de lui quelques mois durant, mais il semblerait que sa formule magique
ne soit pas très efficace. Nombreux sont ceux qui se
débarrassent en ce moment-même de leurs réserves
d’or et d’argent, mais compte tenu de la conjoncture
économique, il ne fait aucun doute que de nombreux autres chercheront
à s’en procurer, l’incertitude ambiante faisant pression
sur l’ensemble des moyens d’échanges sans exception
aucune. Ce processus commence à ressembler à une conversion de
masse des perdants en gagnants, et vice-versa. Si les actifs papiers
continuent d’être déployés ainsi, les prix des
métaux précieux continueront d’augmenter dans le même
temps que tous les autres actifs couleront. Bien entendu, lorsque cela se
produira, même la plus petite quantité d’or pourra
permettre d’acheter de très nombreuses choses. Une autre
théorie serait que la banque centrale des Etats-Unis finisse par
détruire la monnaie papier une fois pour toutes grâce à
son arme destructrice qu’est la politique de quantitative easing. Il est certain que la formule magique
qu’utilisera la Fed ne sera pas la même que celle du LTRO, et que
la nouvelle vague de quantitative easing
qu’elle viendra à mettre en place se traduira par un acte de
désespoir bien plus mesuré. Il n’en demeure pas moins
qu’elle remettra en question le dollar, l’euro, le yen, et la
livre sterling. C’est à ce moment-là que nous en
arriverons à devoir payer 25.000 pour un croissant frais de chez le
boulanger.
Permettez-moi, en tant qu’homme qui n’est pas de droite, à être le
premier de la blogosphère à élaborer l’idée
quelque peu politiquement incorrecte que Barack Obama ait été
le premier président Noir des Etats-Unis dont l’élection
n’a été que le fruit de nombreuses manigances. Il
n’a pas été capable de prendre la décision qui
aurait pu tout changer : contrôler le pouvoir de la finance en
utilisant le pouvoir du gouvernement pour en dénoncer les fraudes. A
une telle échelle, le refus de controler les
agissements frauduleux est
pernicieux dans la mesure où il détruit la
légitimité des institutions. Il ne peut rendre une nation que
plus cynique – et je n’entends pas par là qu’il la
dote d’un humour malicieux, mais qu’il la pousse à douter
que la race humaine ait jamais pu produire quoi que ce soit de durable.
Que pensez-vous qu’Obama et les autres idiots du G8
se sont racontés à
Camp David, entre leurs tournées de petits fours et leurs parties de
ping-pong ? Une pantomime ponctuée de protocoles ; un
échange de petites cravates aux couleurs des différentes
nations, une série de chants d’hymnes nationaux et de
brandissement de drapeaux, et un échange de platitudes affables. Plus
personne ne croit plus en aucun d’entre eux, pas même notre
pauvre monsieur Hollande, qui n’est arrivé qu’il y a
quelques jours. Angela Merkel doit être folle
pour avoir encore le courage de se présenter à son bureau.
Il serait peut-être mieux que notre monde aille
où il doit aller sans qu’aucune forme de gouvernement ne
l’y accompagne. Après tout, l’improvisation semble
être la clé de l’Histoire Humaine. Les dirigeants
passés ont toujours laissé derrière eux un terrible
chaos. Imaginez un monde dans lequel personne ne serait payé.
C’est dans un tel monde que nous pourrions vivre d’ici quelques
semaines.
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