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A qui la faute ? 1ère partie

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Published : December 26th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Lors d’un dîner avec des collègues, nous avons débattu au sujet de l’origine de la crise financière actuelle. D’un côté, un groupe de commensaux, dont je faisais partie, pointait du doigt les mauvaises pratiques des banques commerciales en matière de gestion du risque et de réduction de leurs bilans. Ces pratiques associées à un manque de préparation, volontaire ou non, des opérateurs des marchés dérivés auraient rendu difficile la liquidation des actifs pourris et provoqué une détérioration de la situation globale. D’un autre côté, l’autre groupe faisait remarquer  que ces mauvaises pratiques ne pouvaient à elles-seules provoquer une crise financière globale majeure. Pour eux, le problème majeur était d’ordre institutionnel. L’État aurait envoyé de mauvais signaux aux agents financiers, leur laissant croire que les risques étaient plus faibles que ce qu’ils étaient vraiment. L’État les aurait ainsi incités à prendre davantage de risques.


Après avoir digéré les idées du dîner, je suis arrivé à la conclusion que les deux groupes avaient partiellement raison. En effet, si l’un des arguments à lui seul ne peut pas expliquer toute la crise, les deux arguments joints y parviennent. Pour que l’aléa moral institutionnel soit effectivement un problème, il faut, en effet, des agents qui montrent une certaine mauvaise foi par rapport aux autres participants du système.


Nous verrons dans cette série d’articles que s’il est vrai que les banques ont pris plus des risques, elles l’ont fait tout en respectant les règles imposées par les banques centrales et la BIS (Bank of International Settlements). En effet, une bonne partie de cette prise de risque a été le résultat direct de la règlementation étatique en place.


Dès la fin des années 1970, la BIS avait remarqué que les banques commerciales américaines et européennes prenaient trop des risques. Autrement dit, les banques octroyaient trop de crédits par rapport aux placements reçus en contrepartie. En outre, ces crédits étaient souvent concédés à des clients risqués. Les bilans bancaires étaient ainsi devenus gonflés d’actifs obligataires de qualité douteuse, et leur passif à court terme était principalement composé de dépôts à vue exigibles à tout moment, faisant donc peser sur les banques des risques d’illiquidité.


Cette expansion de crédit se faisait dans le respect des banques en matière de réserves obligatoires exigées par leurs banques centrales de tutelle – la FED pour une banque américaine ou la Banque de France pour une banque française. En réalité, on peut même dire que les banques entament la décennie 1970 plutôt bien pourvues en réserves.


La raison d’une telle abondance de liquidité se trouve dans l’abandon de l’étalon change or instauré en 1944 par les accords de Bretton Woods. Selon ces accords, le Dollar restait la seule monnaie convertible en or (parité fixe US$ 35 = 1 oz t d’or) tandis que les autres monnaies étaient convertibles en Dollar à une parité fixe également. Le maintien de ce système impliquait une discipline monétaire stricte. Or, le gouvernement américain eut recours massivement à la création de dollars pour  financer ses guerres et plusieurs pays européens y eurent aussi recours pour financer  la reconstruction – le cas emblématique étant la France du Commissariat Général au Plan dont les plans quinquennaux étaient financés directement par le Trésor.


Avec la chute de la convertibilité, les billets en circulation deviennent de facto de la monnaie. Les banques américaines et européennes en possédant de grandes quantités se retrouvent ainsi avec des bilans surchargés de liquidités dont le coût d’opportunité est très élevé puisqu’elles ne rapportent aucun intérêt. Or, dans nos systèmes bancaires actuels, la détention de réserves permet de multiplier les crédits, ce que ne manqueront pas de faire les banques en question. Cependant, la stagnation économique qui sévit dans les pays développés à cette époque limite grandement les opportunités de profit dans le secteur réel alors que le choc pétrolier et la rareté relative du pétrole qui s’ensuit rendent extrêmement attractive la spéculation sur les marchés financiers. .


Ironiquement, l’expansion du crédit  bancaire rendue possible grâce à ces nouvelles liquidités sera à la source même des risques d’illiquidité bancaire. Car si les produits de bonne qualité existent, ils offrent rarement des rendements très attrayants et supérieurs aux bons du trésor (considérés comme les produits les plus sûrs par excellence, un État ne faisant « jamais » faillite). Du coup, les banques vont se tourner vers des produits de moindre qualité mais à la rentabilité plus élevée. Reste à comprendre comment les banques ont procédé à la multiplication de crédits investis dans des actifs de qualité douteuse tout en respectant les accords de Bâle.


À suivre, crédits syndiqués, titrisation et l’arrivée de l’âge du risque…


 

 

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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