Un grand nombre des Américains
qui ont un jour été aux prises avec un formulaire 1040, ou ont choisi de
payer quelqu’un pour remplir leur déclaration d’impôts, a sans doute accueilli
à bras ouverts la nouvelle selon laquelle le Congrès recommencera bientôt à
travailler sur la réforme fiscale. Les contribuables devraient cependant
modérer leur enthousiasme, parce que même si, chose peu probable, la
perception des impôts se trouvait simplifiée, la réforme fiscale ne réduirait
pas pour autant le fardeau fiscal porté par les Américains.
L’exigence non-négociable des
représentants du Congrès quant à la réforme fiscale est la « neutralité
des revenus ». Tout programme de réforme fiscale susceptible d’être pris
en considération par le Congrès, et bien moins susceptible d’être adopté,
doit s’assurer à ce que le gouvernement ne perde pas un centime de recettes
fiscales. L’obsession du Congrès pour la protection des coffres gouvernementaux
fait que les réformateurs compensent des réductions de taxes par des hausses
de taxes. Cette « compensation » sur laquelle insiste le Congrès
donne lieu à des conflits politiques qui voient les politiciens discuter de
qui devrait payer plus d’impôts, qui devrait payer moins, et qui devrait
continuer de payer la même chose.
L’une des compensations
actuellement discutée est une hausse des taxes sur les importations. Cet
« ajustement aux frontières » bénéficierait aux industries
exportatrices aux dépens des entreprises qui reposent sur des produits
importés. Il porterait atteinte aux consommateurs qui utilisent, et aux
détaillants qui vendent, des produits importés. Il est un autre exemple du
recours des politiciens aux réformes fiscales pour sélectionner des gagnants
et des perdants plutôt que pour simplifier les impôts de chacun.
Quand j’étais moi-même membre
du Congrès, on me disait souvent que les compensations ne font pas grimper
les taxes, mais suppriment simplement des échappatoires fiscales. C’est là
simplement un jeu de de sémantique : en supprimant une manière pour les
Américains de réduire leurs taxes, la suppression d’une échappatoire
représente clairement une hausse des taxes. Bien que certains considèrent les
échappatoires comme un autre moyen pour le gouvernement de distordre le
marché, je suis d’accord avec le grand économiste, Ludwig von Mises, sur le
fait que « le capitalisme respire au travers d’échappatoires
fiscales ».
En permettant aux individus de
conserver davantage de leur propre argent, les échappatoires améliorent
l’efficacité de l’économie, parce que comme l’a dit l’économiste Thomas
DiLorenzo, « les individus privés dépensent toujours leur argent de
manière plus efficace que les bureaucrates du gouvernement ». Plutôt que
de rendre le système fiscal plus « efficace » en supprimant des
échappatoires fiscales, le Congrès devrait améliorer l’efficacité et la
liberté économiques en abrogeant l’impôt sur les revenus et ne le remplaçant
par rien.
Le déclin de recettes fiscales
causé par cette abolition de l’impôt sur les revenus devrait être
« compensé » par des réductions budgétaires. Toutes les dépenses
fédérales, qu’elles soient financées par les taxes ou par la dette, extraient
par la force des ressources d’entre les mains du secteur privé. Ainsi, toutes
les dépenses gouvernementales sont, en substance, une forme de taxation.
Abolir l’impôt sur les revenus et d’autres taxes sans réduire les dépenses ne
revient aussi qu’à remplacer un type de taxe par un autre. Plutôt que de
verser directement de l’argent au gouvernement au travers des impôts, les
dépenses déficitaires font que les citoyens doivent verser une taxe par
l’inflation. Cette taxe, imposée au peuple au travers de la monétisation de
la dette de la Réserve fédérale, est la pire taxe qui soit, parce qu’elle est
à la fois invisible et régressive.
Malheureusement, bien que le
Congrès puisse décider d’imposer quelques réductions aux dépenses
domestiques, ces réductions seront éclipsées par la hausse des dépenses en
infrastructures keynésiennes sur le sol domestique, et des dépenses
militaires keynésiennes à l’étranger. Tant que le Congrès refusera de réduire
significativement les dépenses, le peuple américain souffrira de la tyrannie
de l’IRS et de la Réserve fédérale.
Les souffrances ne pourront
être qu’exacerbées lorsque les inquiétudes quant à la dette gouvernementale
forceront le dollar à perdre son statut de devise de réserve internationale.
Nous assisterons alors à une crise du dollar et à un effondrement économique
majeur. La seule solution qui s’offre à nous pour échapper à un tel destin
est de demander un retour à un gouvernement limité dans tous les domaines,
une monnaie saine, et une abolition de l’impôt sur les revenus.