Après la place financière, la production d’électricité, le secteur de la
santé, des assurances-maladie, voici arrivé le tour de la destruction du
secteur agricole.
Remarquez la chose est déjà bien emmanchée avec des suicides et des
faillites d’agriculteurs harcelés par un Etat qui poursuit l’agenda d’un
« marché » financier et non celui des électeurs, quand bien même
ceux-ci financent leur salaire …
Les associations des agriculteurs sont en colère. Eh bien nous aussi nous
le sommes.
Amis, vos agriculteurs sont les personnes qui vous permettent de vivre
sans les Monsanto et Bayer qui pullulent dans les allées du pouvoir public.
Les temps arrivent où il faudra voir qui des technocrates ou de ceux qui
constituent le pouvoir économique, financier, politique auront le dernier mot.
Avec sa vue d’ensemble de la politique agricole 22+ (PA22), le Conseil
fédéral présente des possibilités en vue d’améliorer la compétitivité de
l’agriculture suisse, ici et à l’étranger, de promouvoir le développement
entrepreneurial des exploitations et de mieux protéger les ressources
naturelles. Au moyen de trois scénarios d’ouverture du marché agricole
suisse, le Conseil fédéral expose la direction que devra prendre la politique
agricole suisse après 2021. Il y reconnaît l’importance d’une augmentation
des efforts écologiques dans l’intérêt de la pérennisation de la production,
du commerce et de la consommation.
S’attaquer maintenant aux déficits écologiques
Comme la vue d’ensemble le démontre, aucun des 13 objectifs environnementaux
pour l’agriculture n’est atteint jusqu’ici. Les organisations environnementales
sont soulagées que le Conseil fédéral reconnaisse les déficits écologiques de
l’agriculture actuelle et qu’il veuille enfin réaliser des améliorations.
Cela s’avère indispensable et urgent, autant pour des raisons
environnementales qu’économiques. Car l’agriculture suisse accuse des
retards, par exemple en matière de réduction des pesticides, de promotion de
la biodiversité et de protection des terres cultivées. Dans ce contexte, il
est clair que la viabilité économique du secteur agricole dépend de la bonne
qualité des produits. En outre, une orientation écologique renforcée
correspond au nouvel article constitutionnel sur la sécurité alimentaire et
donc aussi à la volonté du peuple.
Les scénarios d’ouverture du marché agricole présentés dans la vue
d’ensemble PA22+ sont à utiliser comme levier pour une agriculture suisse de
haute qualité, écologique et prospère. Dans les domaines suivants, des
adaptations législatives sont nécessaires :
- des dispositions claires pour réduire la charge en
pesticides et la pollution azotée;
- des règles pour une agriculture adaptée aux conditions
locales, afin de réduire l’utilisation massive de fertilisants et de
stopper le déclin de la biodiversité;
- des mesures efficaces pour protéger les sols – aussi sur
la surface agricole utile (SAU) – afin d’empêcher la construction et
l’érosion des terres cultivables et de sauvegarder leur fertilité;
- En même temps, un monitoring des impacts
environnementaux liés aux étapes d’ouverture du marché prévus est
nécessaire. Ceux-ci ne sont judicieux que si l’environnement en tire des
bénéfices dans l’ensemble.
Les organisations environnementales attendent du Conseil fédéral que la
vue d’ensemble PA22+ soit concrétisée dans le cadre d’un processus ouvert et
non pas caché dans les bureaux de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).
Il va de soi que BirdLife Suisse, Greenpeace Suisse, Pro Natura et le WWF
Suisse sont à disposition pour participer activement à ce processus, dans
l’intérêt de l’écologie mais aussi d’une sécurité alimentaire dans le sens
large du terme.
Communiqué aux médias du 1er novembre 2017 : Vue d’ensemble de la
politique agricole : Seule une orientation écologique renforcera
l’agriculture suisse
Berne déclare la guerre aux paysans. 24 heures
Politique agricoleJohann Schneider-Ammann veut plus de libéralisme dans
le secteur agricole. Levée de boucliers de toutes parts.
Johann Schneider-Ammann n’a pas réussi à calmer le tollé suscité par son
projet. Image: Keystone
«Le Conseil fédéral veut sacrifier l’agriculture.» Pas de doute, l’Union
suisse des paysans est en colère. A peine Johann
Schneider-Ammann terminait-il sa conférence de presse ce
mercredi que l’organisation tirait à boulets rouges contre le ministre de l’Economie.
Raison de ce courroux: le vent de libéralisme qui souffle sur la nouvelle
stratégie agricole du gouvernement.
Se sachant en terrain miné, Johann Schneider-Ammann avait pourtant pris
des précautions. «Mon objectif est d’emmener l’agriculture sur les chemins du
succès», a-t-il tout d’abord expliqué. Avant d’ajouter à plusieurs reprises
être conscient des inquiétudes que pouvait susciter cette stratégie. «Le
Conseil fédéral propose à toutes les parties concernées de s’asseoir à la
table des discussions.»
Il faut dire que le Bernois a ouvert la boîte de Pandore. Parmi les quatre
axes de cette stratégie figure un meilleur accès aux marchés internationaux
avec la conclusion de nouveaux accords de libre-échange. Pour ce faire, il
brise un tabou: il veut réduire les protections douanières. Bien qu’il ait
insisté sur sa volonté de soutenir le secteur agricole, afin qu’il puisse
gérer ces bouleversements, Johann Schneider-Ammann n’aura pas réussi à calmer
le tollé suscité par son projet.
Avait-il conscience de l’ampleur du clash programmé avec les agriculteurs?
«Ce projet n’est pas contre l’agriculture, mais en faveur de l’ensemble de
l’économie, clame le Bernois. La digitalisation modifie les règles du jeu. La
Suisse doit faire face à une concurrence de plus en plus féroce au niveau
international. L’UE est prête à signer un accord de libre-échange avec le
Mercosur (ndlr: marché commun regroupant des pays d’Amérique du Sud).
Nous devons réagir et avancer. Notre agriculture a les moyens de s’adapter.»
Profession de foi
Cette profession de foi d’un homme pétri de libéralisme économique n’étonnera
pas ceux qui connaissent Johann Schneider-Ammann. Mais elle n’aura pas pour
autant permis de faire passer la pilule. «Notre agriculture doit faire face à
des coûts de productions beaucoup plus élevés. Sans protection douanière, il
n’y a pas de prix à la production à même de couvrir les coûts, s’énerve
Jacques Bourgeois (PLR/FR). La Confédération n’aura pas les moyens de
compenser les pertes financières engendrées. Les paiements directs n’y
changent rien. Sans parler de la dépendance totale vis-à-vis de l’Etat dans
laquelle se trouveraient les familles paysannes.»
Très remonté, le directeur de l’Union suisse des paysans poursuit. «Le
Conseil fédéral bafoue la volonté populaire. Il y a quelques semaines, il
défendait l’article sur la sécurité alimentaire qui vise à un degré
d’approvisionnement suffisant. La votation a été gagnée avec près de 80% de
oui. Mais aujourd’hui, il est prêt à sacrifier le secteur agricole sur
l’autel du libre-échange alors que le peuple a dit exactement le contraire.
C’est à n’y rien comprendre.» Pour Jacques Bourgeois, c’est un «no go».
La stratégie présentée ce mercredi doit encore être discutée, notamment au
parlement, mais elle paraît d’ores et déjà bien compromise. Difficile
d’imaginer les partis proches des milieux agricoles – notamment l’UDC –
avaler la couleuvre sans broncher. Quant à la gauche, elle n’est guère plus
enchantée. «Je comprends la colère des paysans, réagit Adèle Thorens (Verts/VD).
Ce papier ne dit aucunement comment le Conseil fédéral entend maintenir un
tissu agricole riche et diversifié, ni quelles mesures d’accompagnement il
envisage. Il ne dit pas non plus comment il compte assurer des échanges
agricoles équitables. Veut-on vraiment concurrencer notre production agricole
avec des produits qui ne respectent ni nos standards environnementaux ni nos
standards sociaux? En ce sens, notre initiative populaire pour des aliments
équitables – qui sera votée l’année prochaine – tombera à point nommé.»
Mordre la poussière
Et l’écologiste vaudoise de rappeler au ministre qu’il n’y a pas si
longtemps, le Conseil fédéral avait tenté de conclure un accord avec l’Union
européenne sur les denrées alimentaires. «Les conséquences dont on
parlait à l’époque évoquaient la disparition de plusieurs milliers
d’exploitations et une baisse de 50% des revenus agricoles. Est-ce vraiment
l’avenir qu’il imagine pour les familles paysannes? Ce projet avait été
enterré. Si le Conseil fédéral persiste à nouveau dans cette voie, il mordra
encore une fois la poussière.» (24 heures)
Créé: 01.11.2017, 22h00