Certains éminents commentateurs du
marché de l’or donnent l’impression que l’Allemagne,
et peut-être l’Italie, finiront par vendre leur or, même si
ce n’est pas en 2008 ; ces mêmes commentateurs
déclarent même que la Bundesbank n’est « pas
opposée à de telles ventes », mais qu’elle a
simplement besoin d’approuver ce pourquoi les recettes seront
utilisées. Ils disent aussi que les ventes d’or allemand vont
finir par démarrer. Nous ne pourrions pas nous trouver davantage en désaccord.
La Bundesbank,
dirigée par Axel Weber, n’a pas approuvé la raison pour
laquelle le gouvernement avait l’intention d’utiliser les
recettes des ventes d’or lorsque celui-ci a fait pression sur la
Bundesbank pour qu’elle vende son or. Ceci est correct, bien
qu’elle ait clairement indiqué qu’elle n’avait pas
« interdit » les ventes d’or en tant que
politique. Mais ne confondons pas politique
générale et décision
d’investissement.
Nous pensons que la Bundesbank est
opposée à la vente d’or, comme l’a clarifié
Axel Weber lorsqu’il a déclaré « l’or
est un rempart utile contre les fluctuations du dollar ».
Très clairement, il est d’accord avec le fait que l’or est
un excellent contrepoids aux devises de réserve d’une nation. Et
ce d’autant plus qu’il a affirmé que l’or a
réalisé d’excellentes performances tandis que le dollar a
réalisé des performances abyssales ce qui confirme ainsi
le bien-fondé de sa politique d’investissement.
La question de l’utilisation des
recettes des ventes d’or n’est pas ce qui a divisé la
Bundesbank et le gouvernement, mais la question bien plus importante, celle
de l’indépendance de la Bundesbank en ce qui concerne la
politique monétaire. La question de l’utilisation des recettes
est clairement énoncée dans les statuts de la Bundesbank. Elles
doivent maintenues à la banque. Le revenu qu’elles engendrent
peut être dispersé, pas le capital. En tant que réserves
de la nation, elles ne peuvent être utilisées pour la recherche,
les programmes sociaux ou une quelconque chimère politique, elles sont
les réserves de la nation en cas de coup dur (et ce coup dur se fait
plus proche chaque jour).
En effet, pour que le gouvernement puisse
ordonner à la Bundesbank quoi faire avec les recettes, il lui faut
d’abord passer une nouvelle loi qui doit recueillir la majorité
au Reichstag, ce qui semble très peu probable. Et cela doit
précéder chaque vente d’or imposée à la
Bundesbank par le gouvernement.
Entre temps et pour le moment, le
président de la Bundesbank peut, s’il le souhaite, vendre
l’or de l’Allemagne quand il le désire et conserver les
recettes à la banque. Or, il a déclaré très clairement
qu’il ne le souhaitait pas, comme l’a confirmé son annonce
selon laquelle les ventes d’or de 2008 obéiraient à une
politique d’investissement qu’il a décidé de
suivre, sans être influencé par le gouvernement. Nous pensons
qu’il annoncera la même chose en 2008 concernant 2009. En
d’autres termes, l’Allemagne ne vendra pas son or, car ce serait
prendre une mauvaise décision, c’est en tout cas ce que pense
Axel Weber.
L’Italie va-t-elle vendre ?
Quant à
l’éventualité de ventes d’or par l’Italie, la
Banco d’Italia a utilisé des mots
très simples et très clairs lorsque la question lui a
été posée : « nous n’avons aucune
intention de vendre de l’or ». Il
est difficile
d’être plus clair.
Oui, le parlement italien a bien
approuvé un plan permettant la vente d’or afin de réduire
la dette nationale, mais comme la BCE l’a déclaré avec
beaucoup de fermeté, c’est à elle de prendre cette
décision, pas à l’Italie. Encore une fois, le transfert
d’actifs de la banque centrale vers le gouvernement ne serait
probablement pas autorisé sous les accords existants de la zone euro.
Ventes d’or suédois : nous
savons maintenant ce qui nous attend pour les deux prochaines années.
Dans une annonce récente, la
Suède a affirmé son intention de vendre 10 t d’or
supplémentaires d’ici la fin septembre 2008 et d’investir
dans des réserves de liquidités étrangères.
L’objectif de cet investissement est clairement et simplement une
déclaration de confiance envers les devises et non une décision
d’investissement raisonnable.
Si l’on regarde le tableau ci-dessus
(note de l’éditeur : le tableau n’est pas inclus dans
l’extrait), l’on s’aperçoit que ce tonnage
correspond à la quantité que la Suède avait précédemment
déclaré vouloir vendre. Avec 25,6 t restant à vendre en
plus des 10 t annoncées, nous savons désormais que la
Suède vendra jusqu’à 10 t au cours de
l’année jusqu’en septembre 2008, et 15 t au cours de la
dernière année de l’accord, d’ici septembre
2009.
Plus de ventes d’or en Espagne ?
L’Espagne est le pays qui a le plus
vendu cette année, avec 165 t, mais le gouverneur de la banque
centrale espagnole, Miguel Angel Fernandez Ordonez,
a déclaré que la banque d’Espagne n’envisageait pas
d’autres ventes importantes d’or en 2007, ventes qui
constituaient l’essentiel de ses ventes prévues d’or.
Il reste encore 281 t de réserves d’or à l’Espagne,
elle pourrait donc en vendre 100 t supplémentaires. Si c’est le
cas, le total à vendre s’élève alors à 785
t pour les deux prochaines années.
Les ventes d’or
jusqu’à la fin de la validité du Central Bank Gold
Agreement (2009)
S’il est possible d’en conclure
que l’Espagne vendra moins que cette quantité, et même
beaucoup moins, on peut alors supposer que le total restant à vendre
pour les deux dernières années de l’accord
s’élève à moins de 100 t. Si cela est proche de la
réalité, nous pouvons nous attendre à ce qu’un
total des 785 t d’or soit vendu par tous les signataires du Central
Bank Gold Agreement au cours des deux prochaines années. Cela
reviendrait à la vente de 400 t par an, c’est-à-dire 100
t de moins que le plafond de 500 t, pour chacune des deux années
restantes. Une telle chute des ventes annuelles entraînera une pression
vers le haut sur le prix de l’or.
Comme nous l’avons dit la semaine
dernière, le début de la troisième année de
l’accord CBGA (commençant le 27 septembre) pourrait voir la BCE
vendre son allocation annuelle d’or au cours du premier ou des deux
premiers mois, mais cela ne saurait étouffer le prix de l’or,
à un moment de l’année où la demande est si forte.
La Suisse va vendre énormément, comme elle l’a fait
récemment, mais il nous faudra attendre la semaine prochaine pour
savoir si cela est déjà en train de se produire actuellement.
Alors comment les ventes d’or
pourraient-elles augmenter au-delà du restant des ventes
annoncées ?
Tout simplement, les pays qui vendront de
manière imprévue peuvent s’ajouter à ce total et l’Espagne
est un candidat probable (peut-être jusqu’à 100 t de leurs
réserves de 281t ?), mais il serait déraisonnable de
la part de ce pays de vendre pour rembourser ses dettes. Et comme la Belgique
n’a pas vendu d’or depuis la première année de
l’accord, nous ne pensons pas qu’elle en vendra davantage.
Mis à part cela, et en accord avec la
transparence exigée par l’accord CBGA, les signataires restants
annonceront leurs ventes bien avant de les réaliser. Ainsi,
nous n’excluons en rien
des announces ultérieures.
Mais si ces annonces n’ont pas lieu et
que les ventes restent à des niveaux élevés et
atteignent le « plafond » de 500 t au cours de cette
année de l’accord CBGA, il ne leur restera que 185 t à
vendre au cours de la dernière année de l’accord.
Julian D. W.
Phillips
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