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On ne peut affirmer sans nuance que le pouvoir d’achat
baisse. Par contre, il est incontestable que la capacité à
autolimiter ses besoins (et donc ses dépenses), en les ajustant
notamment à ses capacités (de financement), a fortement
diminué de sorte que les gens se sentent toujours plus pauvres. On dit
que l’argent qui tombe du ciel brûle les doigts. La plupart des
ménages ne s’aperçoivent plus à quel point ils
consomment sans le voir des biens et des services qui étaient encore
inaccessibles il y a quelques années.
Je vais prendre un exemple dans la musique puisque c’est un domaine qui
m’intéresse particulièrement. Je me souviens encore du
premier 33 tours vinyle dont j’ai fait l’acquisition avec mon
argent de poche. C’était un album de Supertramp que
j’avais acheté au prisunic de mon quartier. Qu’est-ce que
j’ai pu écouter cet album, notamment parce que
c’était le seul de ma collection et que j’avais
dilapidé mes patientes économies en un seul achat. C’est
aussi là que j’ai pris conscience qu’il était long
d’accumuler une somme que l’on pouvait dépenser en
quelques secondes.
Il me fallait amortir cet effort. D’un autre côté, je suis
rentré en profondeur dans chacune des chansons de cet album
scintillant, les écoutant et les réécoutant au point que
je pouvais les interpréter à la guitare ou au piano quelques mois
plus tard. Dans ces années pas si lointaines, on n’achetait pas
tous les jours un 33 tours en vinyle ce qui faisait de l’accès
à la musique un luxe qui n’était pas à
portée de toutes les bourses.
Aujourd’hui, j’observe mes fils : ils téléchargent
à volonté des centaines de titres à partir
d’internet sur leurs MP3. Ils gravent leurs titres
préférés sur un CD en réalisant une maquette de la pochette. A leur
âge, je rêvais de telles possibilités qui font parties
aujourd’hui de leur quotidien. Parfois, ils se moquent de moi de me
voir m'émerveiller par cette technologie car j’ai vécu la transition. Je
sais que ce n’est pas aussi évident. Je me rappelle encore que
lorsque je disais à mon directeur de thèse qu’il serait
bien de pouvoir naviguer sur un réseau pour consulter les
bibliothèques universitaires du monde entier à distance, sans
avoir à se déplacer, ce serait bien commode pour nous autres
thésards. Alors il riait, me rétorquant que je lisais trop de
science-fiction.
Aujourd’hui, quand j’ai besoin de déchiffrer un nouveau
morceau de musique, je télécharge le morceau en question, je
trouve la partition que j’imprime, et je peux même trouver sur
Dailymotion ou Youtube des interprétations, des cours, des conseils.
Ce pouvoir d’accès à la connaissance, à la
culture, à l’art est désormais à la portée
de nos enfants. Il n’est plus un luxe.
Sauf que c’est sans doute un luxe de s’en apercevoir, de le
comprendre et de l’utiliser à bon escient. Cela la technologie
ne le changera jamais.
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Jean Louis Caccomo
Chroniques en
Liberté
Jean Louis Caccomo est Docteur en sciences économiques de
l'université d'Aix-Marseille II et maître de conférences
à l'université de Perpignan. Il intervient comme expert
international dans de nombreux programmes de coopération (Maroc,
Algérie, Ukraine, Thaïlande, Mexique, Syrie, Comores, Chine,
Canada, USA).
Les vues présentées par Jean Louis
Caccomo sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit
nécessaire de faire une mise à jour. Les articles présentés
ne constituent en rien une invitation à réaliser un quelconque
investissement. L’auteur, 24hGold ainsi que toutes parties qui leur
seraient directement ou indirectement liées peuvent, ou non, et
à tout instant, investir ou vendre dans tous les actifs présentés
dans ces colonnes. Tous droits réservés par 24hGold.
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