La fondation
Apache n’est pas une entreprise mais une organisation à but non
lucratif dont le but est de développer des logiciels libres sous la
licence Apache dont son célèbre serveur Web Apache HTTP Server.
Il convient de préciser que ledit serveur a
précédé la création de la fondation Apache
puisqu’il date de 1995. Concrètement, c’était le
groupe Apache qui avait « accouché » de ce logiciel
de serveur HTTP.
De son
côté, la fondation Apache fut créée en juin 1999
dans le Delaware aux États-Unis à un moment où de
nombreuses entreprises se méfiaient encore de l’Open Source.
Elle apporte un soutien organisationnel, légal et financier à
tout projet de logiciel libre.
Historiquement,
le serveur Apache HTTP Server est un des plus anciens logiciels de serveurs, et,
au moment de son élaboration, il visait à faire contrepoids au
serveur HTTP de Netscape. La mission fut plutôt réussie puisque,
très rapidement, Apache HTTP Server s’imposa comme le serveur le
plus répandu sur Internet. S’ensuivit une évolution cyclique :
en mai 1999, il faisait tourner 57% des serveurs Web. Ce chiffre
s’éleva à 69% en mai 2004 avant de chuter à 50,61%
en janvier 2008 au point qu’en août 2007, certains médias
se demandèrent même si Microsoft n’allait pas doubler
Apache dans ce secteur. Mais, dès le mois d’octobre de la
même année, on apprit que la part de marché
d’Apache des serveurs web repassa à 72,98%...
avant de retomber à 65%
en novembre 2011.
Ce parcours
incertain est plutôt sain : en effet, cela prouve que,
malgré sa position clairement « dominante » sur le
marché des serveurs web, Apache HTTP Server n’est pas à
l’abri de la concurrence. Dernièrement, certains autres
intervenants sur ce marché lui ont grignoté quelques parts.
Évidemment on pourra toujours rétorquer que, malgré
l’évolution cyclique des parts de marché d’Apache
HTTP Server, ce logiciel de serveur conserverait néanmoins une
écrasante « domination ».
C’est
oublier les enseignements de la théorie des marchés
contestables et les critiques de l’École d’économie
dite autrichienne, selon laquelle l’atomicité n’est pas
une condition de l’existence d’une véritable concurrence
sur le marché. Plus
précisément, le fait qu’il n’y ait qu’une ou
peu d’entreprises sur un marché n’est pas incompatible
avec le maintien de pressions concurrentielles.
En effet,
l’entreprise « dominante » devra constamment se
défendre contre le risque d’apparition de nouveaux concurrents.
Si elle parvient à maintenir ces entrants potentiels hors du
marché, c’est parce qu’elle aura proposé des prix
attractifs aux consommateurs sur lesquels ces entrants potentiels
n’auront pas réussi à s’aligner. Ce fut le calcul
de l’Aluminium
Company of America et
de la Standard Oil qui ne cessèrent pas de baisser leurs prix.
En revanche,
si l’entreprise dominante fait l’erreur de croire que sa position
préférentielle est éternelle et qu’elle peut donc
se permettre le luxe de pratiquer des prix élevés pour ses
produits et services, il y a fort à parier que ces nouveaux entrants
auront des arguments à faire valoir et grignoteront des parts de
marché.
L’histoire
des grandes entreprises est, de toute façon, marquée par des
phases d’expansion et de déclin qui rendent totalement incertaine
leur évolution. Microsoft, souvent présentée comme une
société écrasant à jamais tous ses concurrents
potentiels, perd du
terrain aujourd’hui face à Linux et MacOS.
Certes, la cabale
juridique dont a été victime la firme de Redmond peut, en
partie, expliquer cette perte de vitesse mais sa stratégie
n’a pas été dénuée d’erreurs, loin
s’en faut.
Il est, par
ailleurs, cocasse de lire que Microsoft attaque
désormais Google pour… « abus de position dominante »
sur le marché des moteurs de recherche !
Pour en
revenir à Apache HTTP Server, rien ne permet donc d’affirmer que
ce logiciel de serveur conservera éternellement sa confortable « position
dominante », notamment s’il arrête de satisfaire les
consommateurs. La fondation Apache, qui produit ledit logiciel de serveur,
subit d’ailleurs déjà d’importantes difficultés
qui font dire à certains qu’elle est devenue le
« cimetière » des projets Open Source.
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