C’est un grand succès mes petits amis ! Des miyons de personnes se sont rassemblées dans un magnifique élan d’unification républicaine afin de dire non à la méchanceté. Et pour bien marquer l’événement, qui a amalgamé tous les gentils de France (ou presque), étaient venus les leaders des gentils du Monde Entier (ou presque).
Nous sommes lundi et la situation est maintenant parfaitement éclaircie : tout le peuple est derrière son chef, uni par ses décisions courageuses, détaillées avec ce courage et cette diction cristalline qui le caractérise, de lutter contre le racisme et la barbarie. Les analyses de la situation et des racines du mal qui ronge la société française ont été menées, et des solutions sont déjà à portée de main. Il va se passer des choses. Et vu l’urgence, ça va pulser.
Dans la presse, c’est l’extase collective et républicaine. Entre la mobilisation sans précédent, qui permet d’oublier les manifestations clivantes consécutives au Mariage Pour Tous, et la magnifique brochette de chefs d’État et de gouvernement que notre Président a réussi à rassembler sur la photo, difficile de ne pas dégainer les plus gros superlatifs pour en tartiner des articles dont le fond est, partout, sensiblement le même : la France s’est immédiatement dressée comme un seul homme pour dire non au terrorisme. Bref : toute la presse, baignée dans ses propres endorphines, est finalement heureuse de constater que le peuple, et mieux même, le monde entier, peut se rassembler derrière Hollande.
La réalité (celle sans le shoot de drogues naturelles pour atténuer la souffrance) est malheureusement un tantinet plus complexe.
D’une part, on ne pourra s’empêcher de tiquer (au moins) sur la récupération proprette de l’ensemble de l’opération par les éternelles associations anti-racistes, droit-de-l’hommistes, citoyennes, festives et subventionnées, et sur les politiciens en mal d’amour populaire. Difficile de ne pas voir les deux castes, d’un côté les politiciens et les gouvernants, de l’autre le peuple. Difficile de ne pas halluciner lorsqu’on voit la première caste, bras-dessus, bras-dessous, défiler pour un hommage à ceux qui firent de l’irrévérence, de l’anti-conformisme et de la liberté d’expression totale un combat actif, notamment contre ceux-là même qui défilent, chantent la Marseillaise, font sonner le glas de Notre-Dame ou créent des symboles républicains pour mieux aider leur carrière politique. Difficile d’oublier que dans ces chefs d’État ou de gouvernement se trouvent certains thuriféraires effervescents d’une parole largement policée, pour ne pas dire adeptes de la censure.
D’autre part, il y a quelque chose de gênant, ou de paradoxal, à prétendre que notre mode de vie ne sera pas modifié par les attaques ignobles des terroristes, tout en modifiant de façon assez sensible notre mode de vie dans la foulée. S’il est facile de comprendre et sympathiser avec l’élan humain qui tend les uns à se rapprocher des autres en période de crise, de gros problème voire de catastrophe, s’il est nécessaire de louer en conséquence cette capacité de tous à puiser dans la fraternité, ce que l’humanité a de plus beau, pour espérer progresser vers une société plus douce, il ne faut cependant pas oublier que ces réactions, à chaud, sont basées sur l’émotion, pure, vive … et irréfléchie.
Si l’on peut souhaiter que beaucoup se rassemblèrent pour rendre hommage à des gens qu’ils ne lisaient pas, si l’on peut ardemment espérer que ces manifestations furent gigantesques pour protéger la liberté d’expression, si l’on peut vraiment désirer que les motivations émotionnelles des uns et des autres ne puisaient ni dans la peur, ni dans la colère, force est malheureusement de constater que ce lundi, au lendemain de ces événements, des voix s’élèvent déjà pour qu’on modifie, encore un peu plus et un peu plus profondément, notre mode de vie et notre liberté d’expression.
Ici, il me suffira de rappeler le tweet glaçant de Pécresse, élue UMP, qui — n’en doutez pas — sera sans aucun doute rejointe par l’un ou l’autre tribun du PS ou d’un autre parti satellite de la grande coterie de l’étatisme décontracté, pour bien montrer où nous allons :
Ben oui, pourquoi laisser gâcher une bonne crise comme celle-là sans rapidement pousser de nouvelles fournées de surveillance à tous les étages ? Pourquoi ne pas profiter de cette belle émotion pour polariser un peu les Français vers des solutions qui, si elles ont largement prouvé leur inefficacité générale en matière de lutte contre le terrorisme, ont en revanche largement aidé l’Etat à poser de furieux jalons d’une société de surveillance totale et irrémédiable ? Ce serait vraiment dommage de s’arrêter en si bon chemin alors que les préludes ont été joués depuis quelques années, quelques mois ou quelques semaines et qu’ils n’ont déclenché aucune réaction du bon peuple, bien heureux de s’occuper d’autre chose.
Eh oui : on tient une occasion en or, parce que non seulement, les Français sont d’habitude assez facile à distraire avec des sujets tout faits, mais en plus, actuellement, ils ont été suffisamment pétris des bonnes émotions pour que la mise en place d’une série de lois d’exception ne poserait en réalité guère de problèmes.
Tout au plus suffira-t-il d’insister sur les dissensions actuelles de la société française (on pourra, par exemple, faire intervenir des profs et leur ressenti au niveau du vécu), de bien montrer que nous sommes en guerre (là encore, en faisant parler les bonnes personnes), et le reste du peuple suivra sans problème. Les Américains y sont parvenus, on ne voit pas trop bien pourquoi les Français ne pourraient pas faire pareil.
…
Il faut se résoudre à l’évidence : alors que la France croule sous un État déjà pléthorique, insinué partout, dont la taille est la raison principale pour laquelle le pays est, économiquement, au bord du chaos, alors que le pays souffre déjà d’une mise en coupe réglée de sa liberté d’expression, de ses autres libertés (propriété privé, celle de se défendre soi-même, d’entreprendre, de faire du profit, etc…), raisons pour lesquelles on a consciencieusement découragé toutes les bonnes volontés et fermé toutes les portes de sorties aux classes les plus industrieuses, créant ainsi un terreau ultra-favorable aux plaies qui nous agitent ces derniers jours, alors que le peuple supporte déjà tout cela, tout montre que, grossièrement manipulé par une caste dirigeante ne reculant devant aucune bassesse pour arriver à ses fins, il va choisir d’en rajouter encore une bonne couche.
Forcément, ça va bien se terminer.
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