Dans l’attente des élections nationales allemandes, il ne fallait pas parler des problèmes de la zone euro. Angela Merkel ne veut surtout pas perdre des voix en évoquant ce sujet. Son ministre des finances a avoué malencontreusement au cours de la campagne qu’il faudrait encore aider la Grèce, mais de seulement 10 milliards d’euros, pas de quoi s’inquiéter.
Mais dimanche cette comédie va prendre fin. Non, la Grèce n’aura pas besoin de seulement 10 milliards d’euro mais de beaucoup plus. Le pays s’enfonce dans la crise, il ne pourra pas rembourser sa dette et c’est vers un nouveau plan de restructuration qu’il va falloir s’acheminer. Et ce sera encore plus compliqué que la fois précédente car c’est désormais la Banque Centrale Européenne qui détient une grande partie de cette dette, il faudra donc aussi la renflouer pour éviter qu’elle ne brûle tous ses fonds propres. Le reste est détenu par les fonds d’aide (FESF, MES) garantis par les Etats européens, et il leur faudra également remettre de l’argent dans ces structures.
Il y a aussi le Portugal qui ne s’en sort pas non plus et ne pourra pas rembourser les 78 milliards d’aide apportés par l’Union européenne et le FMI en mai 2011. Le taux à dix ans dépasse les 7%, la situation n’est pas soutenable. La encore la restructuration va s’imposer, une partie de cette dette devra être effacée. Les fonds d’aide européens devront, après la Grèce, enregistrer de nouvelles décotes, et les Etats garants les renflouer… Il y a des élections municipales le 29 septembre, après il faudra rentrer dans le vif du sujet.
N’oublions pas deux petits pays, Chypre et la Slovénie. Chypre s’enfonce dans la récession, on prévoit au moins 8% de chute du PIB en 2013 ! Comment le pays pourra rembourser les 10 milliards d’euros de son plan de sauvetage ? La Slovénie souffre de son secteur bancaire dont les créances douteuses équivalent à 20% du PIB. Vite un plan de sauvetage !
Et ensuite ? L’Espagne et l’Italie vont revenir sur la table. Le secteur bancaire espagnol reste très malade, toutes les pertes liées à la bulle immobilière n’ont pas été prises en compte, loin de là. La situation politique chaotique de l’Italie rend l’avenir incertain. Et ces deux pays ne retrouvent pas le chemin de la croissance, tandis que leur dette publique ne cesse d’augmenter. L’Italie vient de connaître son huitième trimestre d’affilé de récession !
Et ensuite ? Pour la France, jusqu’ici tout va bien, les taux n’inspirent pas d’inquiétude. Mais quand les marchés vont vraiment se rendre compte que le déficit budgétaire de cette année va déraper par rapport aux prévisions, le climat risque de se tendre. Quand ils comprendront qu’absolument aucune réforme structurelle sérieuse n’est mise en place aussi. On verra.
La parenthèse se referme, les dossiers mis au placard vont devoir ressortir. La relative accalmie qu’a connu la zone euro ces derniers mois ne devait rien à une quelconque amélioration des fondamentaux économiques, mais seulement à la volonté de faire silence dans les rangs de la part du pays qui tient les cordons de la bourse. Lundi sera un autre jour.