Argent facile, l’autre nom de la dévaluation de monétaire

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New World Economics
From the Archives : Originally published November 13th, 2012
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Le Keynésianisme est le terme que j’utiliserai ici pour décrire ce qui est en fait la représentation moderne du mercantilisme. Le mercantilisme a été la pensée économique conventionnelle en Grande-Bretagne entre les années 1600 et 1750, avant d’être rejetée par les économistes classiques. A l’heure d’aujourd’hui, une immense majorité des économistes du milieu universitaire sont des Keynésiens ou des néo-mercantilistes, bien qu’ils ne se décriraient eux-mêmes jamais comme tel. Leur principale stratégie de carrière consiste à faire passer pour des innovations des idées anciennes.


Dans les années 1930, l’échec des économistes à analyser et remédier à la Grande Dépression – dont ils sont en réalité pour beaucoup responsables, en particulier du fait de leur amour pour l’austérité et les augmentations de taxes – ont poussé l’opinion politique à se tourner à nouveau vers le courant mercantiliste et y demeurer fidèle jusqu’à aujourd’hui.


Les Keynésiens sont très attachés aux théories trop complexes, mais il se trouve que les applications de ces dernières se résument en réalité à des politiques de dépenses gouvernementales et d’argent facile – qui n’est rien d’autre qu’une politique de dévaluation monétaire.


Et saviez-vous que les Keynésiens eux-mêmes ne conseillent pas directement la dévaluation monétaire dans leur propre pays ? Ils ne s’en privent cependant pas lorsqu’il cherchent des solutions pour de petits pays – comme la Grèce aujourd’hui, qui selon beaucoup de Keynésiens aurait besoin de sa propre devise qui pourrait être dévaluée en fonction de ses besoins. Dans les années 1980 et 1990, le FMI n’a cessé de recommander aux petites nations du monde de dévaluer leur devise ce qui, bien sûr, débouchait sans faute sur des problèmes économiques similaires à ceux que nous rencontrons aujourd’hui.


La même chose s’est également produite dans les années 1930. Entre 1931 et 1933, les plus grosses puissances économiques du monde ont toutes dévalué leur devise (la France compta parmi les retardataires, n’ayant dévalué qu’à partir de 1936). Ces dévaluations de devise n’étaient pas conduites par les banques centrales dans le cadre de politiques d’argent facile et de fixation de taux d’intérêts, de quantitative easing, d’opérations de refinancement sur le long terme, de swaps, de prêts de dernier recours, d’objectif de PIB ou d’autre idiotie justifiant un surplus d’impression monétaire. Elles étaient menées (tout particulièrement aux Etats-Unis) par la branche exécutive.


La politique de dévaluation devint rapidement impopulaire. Avant 1934, les gouvernements commençaient déjà à être fatigués par la dévaluation constante de leur devise nationale et décidèrent d’y mettre fin. Ils mirent en place un nouvel étalon or qui fut formalisé en 1944 lors de la signature du traité de Bretton Woods.


Ainsi, lorsque le livre de Keynes ‘Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie’ fut publié en 1936, la sphère politique avait déjà laissé derrière elle toute politique explicite de dévaluation de devise. Je considère davantage son ouvrage comme un guide expliquant aux économistes comment gagner leur vie dans le nouvel environnement politique qu’un guide pratique visant à guider les décisions politiques – il est de toutes les manières bien trop incompréhensible pour cela. Rappelez-vous que les économistes étaient à l’époque très mal vus et aucun d’entre eux ne voulait perdre son travail en pleine dépression.


Ainsi, suivant l’exemple de Keynes, les économistes Keynésiens ont adopté des stratégies très complexes faites de calculs mathématiques abstrus et de logiques à en donner le tournis – sans jamais pour autant mentionner les termes tant haïs que sont ‘dévaluation de devise’ – afin d’offrir aux hommes politiques ce dont ils avaient besoin. Ce dont les hommes politiques avaient alors besoin avait déjà été établi depuis au moins cinq ans : une excuse qui puisse permettre aux gouvernements d’engendrer des dépenses déficitaires et un moyen très rapide de remettre l’économie sur pieds avant la période des élections, autrement dit, une politique d’argent facile.


La dévaluation monétaire est un principe très simple à comprendre et les hommes politiques se sont sentis capables de la mettre en place sans l’assistance des économistes académiques. Le caractère complexe des théories Keynésiennes permit aux économistes de garder leur poste, ce qui ne posait pas de problème aux yeux des hommes politiques tant qu’ils parvenaient à obtenir ce qu’ils voulaient.


Les arguments néo-mercantilistes en faveur de politiques d’argent facile tournent généralement autour de l’utilisation de ‘faibles taux d’intérêts’ comme moyen de résoudre le problème du chômage, comme l’explique le titre du livre de Keynes. Ce qu’il y a de drôle dans tout cela, c’est que l’étalon or a toujours permis la mise en place de taux d’intérêts extrêmement faibles. Entre 1825 et 1914, sur une période de 90 ans, le rendement moyen d’une obligation Britannique était de 3,14% ! L’échéance de ces obligations était infinie, et non de 30 ans comme celle des obligations Américaines d’aujourd’hui.


Un tel rendement était-il assez bas ? Bien sûr que oui.


Le rendement moyen à long terme (20 – 30 ans) sur obligations Américaines était de 3,46% en septembre 1929 et de 2,01% en décembre 1940. Mis à part pour l’épisode de dévaluation de 1933, ces taux ont uniquement été le fruit de l’étalon or et non de politiques d’argent facile.


Entre 1934 et 1940, le rendement moyen sur obligations Américaines était de 0,15%.


Nous ne pouvons donc déceler sous un système d’étalon or aucun problème relatif à des taux d’intérêts trop élevés.


Aujourd’hui encore, alors que la Réserve Fédérale prend de nouvelles mesures de ‘réduction des taux d’intérêt’ à la manière Keynésienne, le rendement sur obligations Américaines sur trente ans est de 3,19%. Ne peut-elle pas mieux faire ? En termes d’étalon or, on peut dire que c’est complètement nul. Même les Britanniques ont fait mieux que ça, et durant 90 ans, jusqu’à ce que la première guerre mondiale ne vienne les distraire. Et tout cela avec des obligations à maturité illimitée, et non de 30 ans ! Je me demande combien de temps Ben Bernanke pourra surnager.


Tout investisseur obligataire vous dira que, pour ce qui concerne une devise stable soutenue par un étalon or, les intérêts sur obligation ont tendance à chuter en temps de récession. Ainsi, le déclin des taux d’intérêts fait partie de la nature d’une économie capitaliste basée sur un étalon or, et n’a pas besoin d’être recherchée par l’établissement de multiples politiques artificielles d’argent facile. Le seul objectif de ces politiques est de dévaluer la valeur de la devise.


Aucune des formules magiques monétaires des Keynésiens – tout particulièrement le déclin artificiel du taux de chômage imaginé par Keynes – n’est capable de fonctionner. Et comment le pourraient-elles ? L’étalon or est capable à lui seul d’apporter de faibles taux d’intérêts.


En revanche, plutôt que d’employer des politiques officielles permettant de déterminer qui est responsable de quoi, il est possible de faire porter le blâme de la dévaluation de devise aux ‘spéculateurs’ et au ‘marché libre’.


Une fois que vous aurez traversé la purée de pois qu’est celle des mathématiques insensées et des arguments trop complexes des Keynésiens, vous réaliserez que leurs politiques d’argent facile ne sont autre que des moyens de dévaluation monétaire.




Nathan Lewis

 

 

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Nathan Lewis est l'auteur de Gold: the Once and Future Money, publié par Agora Publishing et J Wiley. Il est le directeur de Kiku Capital Management.
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