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Le Japon a mené le monde vers la récession il y a
vingt ans. La politique des taux d’intérêt à
zéro pour cent du Japon a aussi commencé dix ans environ avant
les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Mais, encore une fois, c’était
« trop peu, trop tard » selon les observateurs occidentaux.
Même un déficit énorme du fait des dépenses et la
création d’argent venant de nulle part n’a pas su parer
à « la paralysie auto-induite »
du Japon observe Ben Bernanke, un ancien professeur de Princeton qui est
maintenant président de la Réserve fédérale
américaine et s’accusant lui-même d’avoir
échoué à imprimer assez de monnaie électronique
pour préserver l’Amérique des horreurs des prix à
la consommation non inflationnistes.
Il n’est pas étonnant que la Banque du Japon ne souhaite pas
devancer ses critiques. Surtout les académiques étrangers
(maintenant les dirigeants des banques centrales) qui ont construit leur
carrière en clamant qu’ils feront en sorte que « la déflation n’arriverait
pas ici », à leur économie intérieure.
Mais les ambitions du Japon demeurent très modestes. Pourquoi la
Banque du Japon ne se prend pas en main et n’anéantit pas la
devise ?
Ne nous soucions même pas de l’augmentation des prix de
l’or japonais, multiplié par quatre, depuis que l’assouplissement
quantitatif a démarré, début 2001. Ne nous soucions pas
non plus du fait que la Banque du Japon aujourd’hui appelle sa
politique un « assouplissement monétaire puissant ». Parce
que l’inflation sur les prix de la consommation japonais est aux environs
de 0% comme l’observait la Banque mardi. Donc pour un cadeau de Saint Valentin,
ses neuf décideurs ont voté la création d’un
assouplissement quantitatif équivalent à la moitié de ce
qu’ils avaient fait au total jusqu’alors – 22 milles
milliards de yens additionnels (soit 281 milliards de dollars ou 215
milliards d’euros) à la fin de l’année – faisant
un total pour le programme décennale de 832 milliards de dollars (soit
640 milliards d’euros) en monnaie qu’ils ont simplement
l’intention de créer.
Le but de toute cette monnaie ? La Banque du Japon dit que « la
stabilité des prix sur le moyen et le long terme » signifie un
taux d’inflation de consommation entre 0 et 2% par an.
L’assouplissement quantitatif de cette semaine « fixe plus
spécifiquement un objectif à 1% pour le moment ».
Comment le fait de produire plus de monnaie – quelque part entre le PIB
annuel de la Turquie et des Pays Bas – pourrait engendrer si peu
d’inflation ?
Bloomberg rapporte
que :
« les législateurs renouvellent leurs
critiques de la Banque du Japon après l’annonce. Avec Kozo
Yamamoto du parti libéral démocrate, disant que
l’objectif de 1% était « trop bas » et pas un
changement substantiel par rapport à la politique déjà
existante. Takeshi Miyazaki, un législateur du parti démocrate
du Japon(DPJ), a dit que l’approche de la banque centrale semblait sans
conviction… »
« Un groupe de législateurs du DPJ inciste pour un
objectif de 2 ou 3% d’inflation. »
Mais regardons sur quoi les mordus de la politique du Japon se
basent. En achetant des obligations du gouvernement avec ses assouplissements
quantitatifs, la Banque du Japon ne détient actuellement que 6% de la
dette nationale impayée. Bon, elle devrait augmenter au dessus des 9%
l’an prochain, et elle est aussi presque égale à la
prochaine dette due qui sera émise dans les 12 mois prochains.
Mais trois fois plus de dettes existantes devront aussi être
reconduites en mars 2013, et en tant que proportion de
l’approvisionnement large de monnaie de la M3 au Japon,
l’assouplissement quantitatif est à présent égal
à moins de 4% du total. C’est l’équivalent
d’un bonsaï dans une forêt, en somme.
Comparez et notez les différences avec la Banque d’Angleterre.
Cela a seulement commencé en mars 2009, mais ses derniers plans
d’assouplissement quantitatif signifieront que l’assouplissement
quantitatif représentera plus d’une livre sterling sur quatre de
la dette nationale record du Royaume-Uni. En ce qui concerne l’approvisionnement
large de monnaie de la M3, la Banque aura créé et
dépensé une somme égale à 14% de toutes les
liquidités et épargnes présents dans
l’économie britannique.
C’est ce qui s’appelle de l’assouplissement quantitatif ! A
côté, celui du Japon a l’air paralysé en effet,
surtout avec le Royaume-Uni qui bénéficie d’une inflation
annuelle des prix de 3,5% par an depuis que la Banque d’Angleterre a
démarré ses presses à billet. L’assouplissement
quantitatif timide du Japon a quant à lui produit depuis 2001 une
baisse annuelle du coût de la vie d’une moyenne de 0,15%.
Donc à quoi sert l’assouplissement quantitatif au Japon ?
« Le programme a aidé des banques japonaises plus faibles et a
en général encouragé une tolérance plus grande
aux risques dans le système fiscal japonais » conclut
l’étude par la Banque de la réserve
fédérale de San Francisco en 2006… Juste avant que
l’occident ne rattrape le Japon et ne s’embarque sur sa propre
crise du crédit et la récession.
« L’assouplissement quantitatif peut [par conséquent]
avoir eu l’impact indésiré de retarder la réforme
structurelle » affirme la Réserve fédérale. Une
réforme structurelle non encore permise par une impression de billets
et un taux d’intérêt à 0% au Royaume-Uni et aux
Etats-Unis. Nos banques zombies (et nosentreprises zombies)
continuent d’éviter l’effondrement, grâce à
la quantité considérable de monnaie injectée dans leurs
bilans.
Garder ces bilans sous respirateur artificiel, comme le montre
l’expérience japonaise, signifiera que l’extension et
l’expansion de l’assouplissement quantitatif devront être
indéfinies. Il y a des chances pour que l’inflation n’y
réponde pas… Qu’en pensez-vous ?
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